Kolka est un roman de Bengt Ohlsson paru aux éditions Phébus en septembre 2012 (221 pages, 21 €, ISBN 978-2-7529-0608-3). Kolka (2010) est traduit du suédois par Anne Karila.
Bengt Ohlsson (son nom complet est Bengt Gunnar Henrik Ohlsson) naît le 6 septembre 1963 à Östersund dans le comté de Jämtland. Il vit à Stockholm où il est chroniqueur pour le journal Dagens Nyheter et romancier. Du même auteur : Syster (avril 2011 aux éditions Phébus).
Angleterre. Automne.
La narratrice, une adolescente, a du quitter son pays natal, la Lettonie : son père, Jaan, se remarie avec Katrina, une aristocrate anglaise qui a elle aussi une fille, Sarah.
« Je n'ai pas envie d'être au premier rang. J'ai l'impression que tout le monde me regarde. » (page 8). « Je suis coincée entre la famille proche de Katrina et ses cousins éloignés. […] Et tous ces gens derrière. » (page 9).
Durant le mariage, l'adolescente et son père sont seuls au milieu de tous les proches de Katrina, personne de chez eux, pas de famille, pas d'amis, et l'adolescente ne connaît personne à part Katrina et Sarah.
« Ces gens-là ont leur univers à eux. Leurs propres lois. » (page 10) et les écoles ont des « traditions tordues » (page 22).
Un peu de timidité, d'incompréhension, d'étonnement face à des traditions et un quotidien différents mais assez de bon sens.
« Plus on est esclave, plus il est important de paraître libre. C'est la grande consolation. Il faut que les gens vous regardent et se disent : Oh ! Un esprit libre. S'ils sont assez nombreux à se dire cela, on peut peut-être commencer à se sentir libre. Mais sans doute pas espérer plus. » (page 12).
L'adolescente a quand même du mal à faire face à tout ça, un nouveau pays, une nouvelle maison, un château même !, une « sœur » d'une dizaine d'années, un chien, Platon, une école (chère) à prévoir...
« Papa me regarde et dit quelque chose dans une langue que je ne comprends plus. » (page 14).
« Je suis deux personnes, une qui veut se souvenir et une qui ne veut pas. Elles mènent une lutte acharnée, chacune tire de son côté sur une corde. Je ne sais pas laquelle je dois encourager par mes acclamations, et tant que je ne parviens pas à me décider, je suis la corde sur laquelle elles tirent. » (page 25).
Mais l'adolescente ne souhaite pas spécialement se souvenir de son ancienne vie et ne se rappelle rien de sa mère car elle n'avait qu'un an et demi lorsqu'elle a disparu, chez les fous disaient ses copines de classe, à l'étranger avide de liberté disait son père.
« Katrina ne va pas tarder à parler de ma mère. Je le sais. Devenir familier avec les gens, c'est comme habiter dans une maison pleine de rats. Tôt ou tard, ils cessent d'avoir peur de vous, et sortent sans faire de bruit de leurs recoins, ils remontent de la cave par les fentes dans les murs et vous observent avec leurs yeux rouges. Ensuite viennent les questions. » (pages 50-51).
Pour passer le temps, l'adolescente chatte sur un forum avec un inconnu...
« Je repense à Loup Solitaire, il s'est métamorphosé, il est devenu quelqu'un d'autre. C'est toujours un loup avec des griffes et des crocs, des yeux jaunes et un pelage gris. Mais c'est mon loup […]. » (page 65).
Mes phrases préférées
« Plus les gens sont nombreux à croire à un mensonge, plus il prend de l'ampleur et de poids. C'est pourquoi il est important de le dévoiler le plus tôt possible. Sinon il peut tout envahir. Dans le pire des cas, il s'empare de villes et de pays entiers. De millions de gens. » (page 31).
« Très tard le soir, il peut vous venir certaines pensées qui vous accaparent. Vous possèdent presque. » (page 89).
« On ne peut pas prendre la parole, comme ça, sans avoir écouté les gens. Sinon on finit dans la case Imbéciles. » (page 120).
Dans ce roman (à la jolie couverture), une adolescente raconte sa nouvelle vie sans miévrerie.
« À partir de maintenant, ce sera l'anglais. C'est ça ma nouvelle vie. Mon nouveau pays. Ça va aller. On me fait sans arrêt des compliments sur mon anglais. » (premières phrases du roman, page 7).
Elle est optimiste mais mal à l'aise, parfois lucide, parfois confuse et assez crue.
On ne connaît pas son prénom ; au début, j'ai cru que le titre, Kolka, était son prénom, c'est joli, mais ce n'est pas un prénom, c'est un lieu, un village à la pointe nord-ouest de la Lettonie (le site officiel, http://www.kolka.lv/, si vous comprenez le letton !).
De même, on ne connaît pas son âge, mais elle est lycéenne alors elle doit avoir entre 15 et 17 ans.
Elle est énigmatique, en fait, cette adolescente qui choisit d'emblée d'oublier sa langue natale !
Et il lui est déjà arrivé tant de choses qu'elle a bon gré mal gré acceptées... Mais il y a en elle comme un constant décalage.
En fait, il est dérangeant, ce roman, simplement je ne peux rien dévoiler !
Mais il est intense et se lit agréablement d'une traite.
Je remercie A. de me l'avoir conseillé pour le marathon suédois. Par contre, l'histoire n'a rien de suédois ! Le style peut-être.
Une lecture pour les challenges Petit Bac 2014 (catégorie Lieu) et pour la Suède : Tour du monde en 8 ans, Un hiver en Suède et Voisins voisines.