La tête de l'emploi est un roman de David Foenkinos paru aux éditions J'ai Lu dans la collection Grand format le 8 janvier 2014 (286 pages, 13,50 €, ISBN 978-2-290-07744-3).
Je remercie Mathilde et les éditions J'ai Lu de m'avoir envoyé ce roman de la rentrée littéraire d'hiver.
David Foenkinos... Dois-je encore le présenter ? Il est né en 1974 à Paris, a étudié à la Sorbonne et il est un des grands écrivains français de ce début de XXIe siècle. Coup de cœur pour Lennon en 2010. Coup de cœur pour Les souvenirs en 2011. J'ai prévu de lire ses autres titres et j'en attends sûrement beaucoup !
« Un jour, mes parents ont eu l'étrange idée de faire un enfant : moi. » (première phrase du roman, page 9).
Bernard est un enfant unique. Ses parents, Raymond et Martine, se sont rencontrés en 1953 et ils ont maintenant 80 ans. Bernard a toujours ressenti de l'incompréhension vis-à-vis d'eux et de leur façon de vivre.
« Ils vivent leur vie le plus discrètement possible, comme pour se faire oublier de la mort. Le secret de la longévité, c'est sûrement ça : ne pas faire de bruit. » (page 16).
Maintenant Bernard a 50 ans et il a réussi sa vie, normal, il avait la tête de l'emploi ! Il a gravi les échelons dans la banque (la BNP) où il a commencé comme stagiaire pour devenir conseiller financier. Son épouse, Nathalie, une belle femme, est psychologue. Leur fille, Alice, part à São Paulo pour un stage d'un an (voire deux).
Bien sûr, Bernard est fier de la réussite de sa fille mais il est aussi triste de son départ, et c'est à partir de ce jour-là que sa vie va s'écrouler, parce que justement, il a la tête de l'emploi !
Alice partie, Nathalie annonce à Bernard qu'elle a besoin d'être seule, de prendre du recul... (On sait que, souvent, c'est le début de la fin !).
« Je ne peux pas m'imaginer sans Nathalie. » (page 34). « Je quittais notre appartement comme un homme, alors que je voulais pleurer comme un enfant. » (page 60).
Pour couronner le tout, à cause de la crise (qui a bon dos), Bernard se retrouve au guichet à la banque comme un simple employé.
« […] on venait de me voler ma vie. Je n'avais plus rien. Et ce n'était que le début. » (page 81).
Bernard est sous le choc, humilié, seul...
« Je dus admettre que je n'avais plus le choix, il ne me restait qu'une seule solution. Une destination qui serait parfaite pour parachever le désastre : mes parents. » (page 93).
Ainsi, pratiquement 30 ans après son départ, Bernard retrouve sa chambre d'ado qui n'a pas bougé !
Bernard n'aime pas son prénom mais, rappelons-le, il a la tête de l'emploi : tout lui a souri dans les années 80 et 90, les études, un bon travail, une vie sociale enviable, une épouse belle et intelligente, une fille belle et intelligente, mais, à 50 ans, il se retrouve tout à coup seul, confronté au désintérêt de tous (qui prend de ses nouvelles ?) et démuni (plus de toit, plus de travail, plus de salaire) avec ce qui en découle : une totale perte de confiance et le retour inévitable chez ses parents.
L'auteur en profite pour traiter le monde du travail, sa difficulté, la mauvaise gestion des « ressources » humaines en plus des relations dans le couple et entre parents et enfants. La crise, elle n'est pas seulement dans le travail, elle est partout, chez des adultes qui n'ont pas vraiment grandi, dans les couples et elle détruit des vies.
Ce roman m'a fait rire, m'a émue, m'a enchantée, et même si d'aucuns diront qu'il est léger et pas inoubliable, je reste dans le coup de cœur pour David Foenkinos et pour ce que j'apprécie : sa délicate écriture, sa façon touchante et sincère de parler de l'amour, de la vie et sa tendresse pleine d'humour pour ses personnages.
Mes passages préférés
« On pleurait, on riait. On s'aimait, on se quittait. La vie était tragique et pleine de promesses. Mais je savais que mon avenir sans Nathalie serait terrible. » (page 134).
« On espère toujours quelque chose qui ne peut pas exister. » (page 173).
Une lecture pour les challenges Lire sous la contrainte (nom + nom) et Rentrée littéraire d'hiver 2014.
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