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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 23:21

Narcisse ou l'amant de lui-même est une pièce de Jean-Jacques Rousseau écrite en 1733 et jouée en décembre 1752 par les comédiens du Roi, puis publiée en février 1753.

 

Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève (Suisse). Écrivain, philosophe et musicien, il était francophone. Il est mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville (France). Tout Rousseau sur http://www.rousseauonline.ch/ (17 volumes) : Narcisse ou l'amant de lui-même est dans le volume 8, Théâtre, poésie et musique (l'illustration ci-contre provient de ce site).

 

Dans la préface, l'auteur explique qu'il a écrit cette pièce jeune (à 18 ans) mais qu'il se gardait de la montrer et de la faire publier pour ne pas ternir sa réputation d'autant plus que ses détracteurs l'accusaient de ne pas croire aux vérités qu'il défendait.

 

C'est sûr qu'en écrivant ceci : « Le goût des lettres, de la philosophie et des beaux-arts anéantit l'amour de nos premiers devoirs et de la véritable gloire. Quand une fois les talents ont envahi les honneurs dus à la vertu, chacun veut être un homme agréable, et nul ne se soucie d'être homme de bien. De là naît encore cette autre conséquence, qu'on ne récompense dans les hommes que les qualités qui ne dépendent pas d'eux : car nos talents naissent avec nous, nos vertus seules nous appartiennent. » (page 13) et « Le goût des lettres, de la philosophie et des beaux-arts, amollit les corps et les âmes. Le travail du cabinet rend les hommes délicats, affaiblit leur tempérament ; et l'âme garde difficilement sa vigueur quand le corps a perdu la sienne. » (page 14), il ne va pas plaire à tout le monde, aussi bien au XVIIIe siècle que maintenant !

 

Les personnages de la pièce

Lisimon : le père

Valère et Lucinde : enfants de Lisimon.

Angélique et Léandre : frère et sœur, pupilles de Lisimon.

Marton : servante de Lucinde.

Frontin : valet de Valère.

 

Valère est si beau et si délicat que sa sœur (Lucinde) et la servante (Marton) voient en lui une femme cachée. Pour lui faire une surprise, Lucinde veut accrocher un portrait de lui, travesti comme si une femme était cachée sous des vêtements masculins.

Mais où est le mal ? Les femmes (du XVIIIe siècle) se rapprochant des hommes, n'est-il pas normal que les hommes fassent de même ? Ou du moins « la moitié du chemin » ? En tout cas, la mode peut faire évoluer les choses !

Or Valère, fils légitime de Lisimon, va épouser Angélique, pupille de Lisimon et sa bien-aimée. Et Lucinde, fille légitime de Lisimon, doit épouser Léandre, frère d'Angélique et également pupille de Lisimon. Mais Lucinde ne veut pas épouser Léandre car son cœur est pris par Cléonthe.

« Marton.

(À part.) Si elle savait que Léandre et Cléonte ne sont que la même personne, un tel refus changerait bien d'épithète. ».

Valère, de retour avec Frontin, son valet, est bien aise en découvrant un si beau portrait. Et, tout amoureux qu'il est d'Angélique, il s'éprend de suite de la belle inconnue.

« Valère.

Quoi ! Je ne pourrai découvrir d'où vient ce portrait ? Le mystère et la difficulté irritent mon empressement. Car, je te l'avoue, j'en suis très réellement épris.

Frontin, à part.

La chose est impayable ! Le voilà amoureux de lui-même. ».

Arrive Lisimon qui propose de reculer le mariage le temps que Léandre arrive pour qu'il puisse assister au mariage de sa sœur, Angélique. Valère est aux anges : il va pouvoir courir tout Paris pour retrouver la demoiselle du portrait !

« Lisimon.

Un sot peut réfléchir quelquefois ; mais ce n'est jamais qu'après la sottise. Je reconnais là mon fils. ».

 

La pièce – inspirée du mythe grec de Narcisse – est en un acte, en prose, et contient 19 scènes qui se déroulent dans l'appartement de Valère. Elle se lit avec grand plaisir (je devrais lire plus de théâtre) même si elle est rédigée en vieux français.

Quiproquos et drôlerie sont au rendez-vous de cette charmante comédie méconnue dans laquelle Lisimon croit avoir le dernier mot ! Laissons-le à son idée, il est le père, il ordonne et les enfants obéissent, n'est-ce pas ? Chacun y aura, en tout cas, appris quelque chose, sur lui-même (vanité, coquetterie), sur les autres et sur les sentiments. Tout cela sur un ton léger mais intelligent : Rousseau quoi !

 

J'ai lu cette pièce pour la Journée mondiale du théâtre le 27 mars car Sophie – du blog Les bavardages de Sophie – avait organisé l'événement Blogs en scène : le billet de présentation et le récapitulatif des articles.

J'en profite pour mettre cette lecture dans les challenges Littérature francophone, Le mélange des genres (théâtre), Petit Bac 2014 (catégorie Prénom), Un classique par mois et Voisins voisines (Suisse).

 

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commentaires

E
Je ne savais pas que Rousseau avait écrit une pièce de théâtre. Merci pour cette découverte
Répondre
C
Eh oui, il en a écrit quelques-unes !
A
Tiens, je ne me rappelais pas qu'il avait aussi écrit des pièces.
Répondre
C
Ses pièces sont peu connues, c'est pourquoi j'ai choisi d'en présenter une !

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