« On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues »
Sei Shônagon in « Notes de Chevet ».
Lues, mais aussi aimées, vues, entendues, etc.
À l'occasion du Nouvel An chinois, je souhaite vous parler de ces 13 récits chinois de 9 maîtres de la littérature, parus aux éditions Philippe Picquier en 1991 dans une traduction de Martine Vallette-Hémery (194 pages, ISBN 2-87730-065-X) et réédités en poche en 2000 (n° 133, 296 pages, 2-87730-481-7).
Les dates de 1918 et 1949 n'ont pas été choisies au hasard : alors que 1949 marque une rupture avec l'arrivée de Mao Zedong au pouvoir, le monde littéraire chinois est en effervescence dès 1918.
1918 représente en effet une révolution littéraire en Chine et marque l'ouverture de la Chine au monde moderne. La première œuvre représentative de cet événement est Le journal d'un fou, pas celui de Gogol, mais celui de Lu Xun. En 1918, les auteurs chinois découvrent les littératures occidentales et introduisent des courants de pensée étrangers comme la démocratie, l'humanisme, l'engagement révolutionnaire, pour dénoncer l'oppression de la société chinoise traditionnelle ou décrire la misère et l'obscurantisme avec des œuvres ironiques ou satiriques. Des revues littéraires voient le jour comme Nouvelle Jeunesse (Xin Qingnian) ou Appel à la Jeunesse. La langue parlée (baihua) remplace la langue écrite des Lettrés mais quelques écrivains l'utilisant pour la nouvelle composent toujours la poésie en langue classique.
En 1922, paraît Cris (Nahan), le premier recueil de nouvelles de Lu Xun. La nouvelle est alors le mode d'expression le plus utilisé et c'est seulement après que la nouvelle se soit imposée dans la littérature chinoise que les grands romans y ont retrouvé une place.
Cette révolution littéraire ne s'arrête pas à la Chine puisqu'en 1927, des étudiants chinois au Japon créent la Société de la Création et que des auteurs européens et américains sont également influencés par les auteurs chinois.
À partir de 1949, la politique et la vie changent : surveillés et dénigrés, les auteurs chinois n'écrivent plus ou ne font plus paraître leurs écrits, comme Lao She. Ils sont cependant maintenant réédités et ont retrouvés le respect qui leur est dû.