J'ai hésité avant de voir La Môme, un film de 2 h 10, réalisé par Olivier Dahan et sorti dans les salles en février 2007. D'abord parce que je n'aime pas les chansons d'Édith Piaf, eh oui, c'est mon droit. Ensuite parce que ce que je connais du personnage me déplaît, ses caprices, ses comportements excessifs voire méprisants à l'égard des autres. Mais je comprends qu'à son époque, cette gamine, chanteuse de rue, ait pu devenir une artiste : elle avait du coffre et une présence, elle permettait aux plus pauvres de rêver en pensant que tout était possible et qu'ils pouvaient eux aussi réussir, elle faisait s'encanailler les bourgeois et le monde du spectacle, elle a même fasciné l'Amérique !
L'avis général étant que le film est réussi, que l'actrice principale y est excellente et que le film méritait d'être récompensé (Golden Globe, Bafta, César, Oscar), je me suis résolue à le regarder.
Évidemment j'ai souffert de la bande son parce que la façon de chanter d'Édith Piaf, sa voix criarde qui fait d'elle la grand-mère de toutes les braillardes actuelles, sa gouaille à la limite de la vulgarité me déplaisent.
Le choix du réalisateur a été de montrer les différents épisodes de la vie d'Édith Giovanna Gassion, son enfance, sa réussite, sa fin, avec des allers-retours, des flashbacks et pas dans un ordre chronologique simple, ce qui rend le film moins linéaire, mais qui peut dérouter. C'est vrai que la gamine n'a pas eu une enfance rêvée, que son organisme a été fragilisé par les privations (c'est qu'après la Première Guerre Mondiale, beaucoup de gens se trouvaient démunis), qu'elle avait la rage de vivre et de réussir, qu'elle a été repérée par hasard dans la rue par Louis Leplée, un directeur de cabaret, etc.
Je confirme que le film est bien mené et intéressant à voir pour la reconstitution d'époque.
Mais Marion Cotillard, transformée en monstre Piaf, est moyenne (j'ai eu l'impression qu'elle jouait le rôle comme ça, sans plus de conviction, contrairement à ce que beaucoup ont écrit), cela ne méritait en tout cas pas un Oscar et je crois que les Américains regrettent de le lui avoir donné vu les propos douteux qu'elle a tenus !
Par contre, j'ai été surprise par la prestation de Sandrine Testud, actrice que je trouve généralement plutôt transparente, et qui a réussi une composition de demi-soeur, copine d'alcool et confidente, souffrant d'être continuellement reléguée au second plan, rabaissée et délaissée.
Quant à Gérard Depardieu, en tant que monstre sacré du cinéma français, il lui suffit certainement maintenant de faire une courte apparition pour gagner assez d'argent et c'est tant mieux !
Un dernier point, le film est assez égocentrique : Piaf a rencontré les grands artistes de l'époque (Montand, Mouloudji, Aznavour, etc.), elle en a même lancé quelques-uns alors où sont-ils ? On voit juste la brève rencontre avec Marlène Dietrich, dans un restaurant aux États-Unis. Son élégance et sa classe ne font pas photo à côté de la petite Française !
Bon, eh bien, voilà, je l'ai vu, je pourrai en parler en connaissance de cause, et je vous conseille de le voir si vous pouvez supporter d'entendre les chansons archi-connues de la Môme Piaf, devenue Édith Piaf. Pour ses fans, cela ne posera aucun problème, ils seront sûrement comblés, à moins qu'eux aussi ne soient déçus par Marion Cotillard.
Tout sur le film sur http://www.tfmdistribution.com/lamome/lamome.htm et sur http://www.piaf-lamome.com/.