J'ai pris un peu de retard dans la publication des articles sur La grande librairie... Jeudi 13 novembre, François Busnel recevait dans La grande librairie sur France 5 : Denis Podalydès, Michel Onfray, Jean-Marie Blas de Roblès et Marie Nimier.
Jean-Marie Blas de Roblès a reçu le Prix Fnac pour Là où les tigres sont chez eux que j'ai furieusement envie de lire car j'ai l'impression que c'est un des grands romans de ce début de XXIè siècle. Portrait de cet auteur né en Algérie, arrivé en France à l'âge de 6 ans, qui a enseigné au Brésil (comme Claude Lévi-Strauss) dans les années 80 et qui a vécu en Chine. Dix ans de travail (plus 10 en quête d'un éditeur, finalement Zulma) pour ce livre archéologique dans lequel il a entrelacé 5 histoires sur la base de celle d'Athanase Kircher, un Jésuite du XVIIè siècle (1602-1680), un des plus grands savants de son époque, contemporain de Newton et Leibniz, mais qui « rate tout » car il a « choisi de sauver l'ancien monde ». L'auteur fait un parallèle entre le XVIIè et le XXè siècle : la guerre de 30 ans et la guerre du Kosovo, les problèmes avec les Ottomans et les problèmes avec les musulmans, etc. C'est un roman à la fois érudit et à la fois populaire car il a voulu se confronter à tous les genres littéraires. Il aime les auteurs sud-américains, les gros livres et « se perdre dans la littérature sans que l'érudition ne fasse interférence ». Le titre est la fois inspiré d'une citation de Goethe (Les affinités sélectives, référence à l'expatriement, métaphore de l'exil) et à la fois au fauve de Borgès. Busnel dit que c'est un « livre formidable » et « un des très grands romans de 2008 ». Ouh la la, que j'ai envie de le lire !
Le palmarès des ventes n'a pas encore été bousculé par le Goncourt décerné à Atiq Rahimi pour Syngué sabour, pierre de patience (que je n'ai pas encore lu mais qui m'intéresse).
En première place Ritournelle de la faim de Le Clézio, en deuxième place Révélation Stephanie Meyer et Un monde sans fin de Ken Follett, en troisième place entrée de Le voyage dans le passé, un roman inédit de Stefan Zweig (j'aime cet auteur).
Denis Podalydès a reçu le Prix Fémina Essai pour Voix off (livre vendu avec un CD audio car il a contribué au développement des livres lus). Portrait du frère cadet de Bruno, qui a grandi avec une grand-mère librairie et une mère professeur, qui a fait Normale Sup, le Conservatoire des Arts Dramatiques et la Comédie Française, qui aime le théâtre, le cinéma (une quarantaine de films à son actif), la littérature (son écrivain préféré est Proust) et l'écriture (il aurait voulu être Paul Claudel ou rien). En 2006, il réalise Scènes de la vie d'acteur (travail minutieux, doutes, incertitudes). Dans Voix off, livre autoportrait, il a voulu montrer l'importance de la voix : « je ne suis qu'une voix » dit-il. Il parle de ses préjugés sur Cyrano de Bergerac qu'il pensait nationaliste et bourgeois puis il a vu le film avec Depardieu et il a compris son ouverture. À la demande de Busnel, il lit un passage de Voix off en imitant sa grand-mère d'Alger (assez drôle).
Michel Onfray, avec l'essai érotique Le souci des plaisirs, reprend et prolonge son Traité d'athéologie. Portrait de cet auteur philosophe de 49 ans, né à Argenton en Normandie, qui a créé l'Université Populaire pour apporter la philosophie au public en agissant hors institution et l'Université Populaire du Goût pour montrer qu'on peut se nourrir bien, pas cher et original. Michel Onfray est en France le philosophe le plus lu. Il extrapole sur l'apôtre Paul (impuissant, névrosé, il cherche à imposer la chasteté au mariage et une sexualité limitée à la procréation) et veut créer une « érotique post-chrétienne » car il faut dépasser l'érotisme moderne et vivre un érotisme solaire comme ce qui existe au Japon, en Chine et en Inde où il n'y a pas de trace de haine de soi, du corps, du sexe et où les femmes sont vénérées. Le Kamasutra est pourtant un ouvrage contemporain de Saint-Augustin. Tantrisme ? « Le corps est un ami, utilisez-le pour jouir », physiologie et libido = différences, connaissance de soi puis quête d'autrui. Je ne suis pas convaincue... Et vous ?
Le libraire du Livre Phare à Concarneau en Bretagne propose Là où vous ne serez pas, un roman de Horacio Castellanos Moya qui raconte l'exil (né au Honduras, a grandi au Salvador et a vécu dans nombre d'autres pays). Ce livre m'intéresse car je connais peu la littérature d'Amérique du Sud mais j'avais déjà beaucoup aimé Dans la ville des veuves intrépides, de James Cañon.
Marie Nimier est la fille de l'écrivain Robert Nimier, mort au volant de son Aston Martin alors qu'elle avait 5 ans. Elle écrit (chansons, romans, théâtre, livres pour enfants), fait du théâtre et sort son premier roman à 28 ans. Il y a la figure du père en filigrane dans son nouveau roman Les inséparables, une continuation de La reine du silence, où l'auteur parle à travers Léa, l'amie qu'elle a rencontrée enfant. Éloge de la lecture, comprendre ce qui arrive, etc. À 13 ans, Léa plonge (drogue, prostitution) et l'auteur fait un travail sur les manques et le silence sur les explications. Pour elle, amitié égale pérennité (mot dans lequel il y a père). À la question « est-ce que c'est le personnage qui décide la fin du roman ou l'auteur », Marie Nimier répond que « ce sont les mots » (ce genre de littérature me gonfle prodigieusement mais cette réponse est jolie) et que « L'amitié continue mais le roman est fini ».
François Busnel annonce que le Prix France Télévisions a été décerné à Yasmina Khadra. Eh bien, voilà, il s'était plaint durant La grande librairie du 18 septembre parce qu'il ne recevait jamais aucun prix littéraire en France, en voilà un ! Bravo France Télévisions ! Euh... Oups ! Bravo Yasmina Khadra ! Trève de plaisanterie, c'est un grand écrivain et il est même l'auteur d'une série policière avec le commissaire Llob qui pourra vous être utile pour participer au défi littéraire Littérature policière sur les 5 continents !