Le libraire est un roman de Regis de Sá Moreira paru Au Diable Vauvert en septembre 2004 (190 pages, 15 €, ISBN 978-2-84626-071-8). Le prologue et le premier chapitre (22 pages) sont disponibles sur le site de l'éditeur (au format pdf).
Regis de Sá Moreira est né au Brésil en 1973 mais il vit actuellement à New York. Il n'y a pas de trace de traducteur alors j'ai l'impression qu'il écrit en français. Ces deux précédents romans (Pas de temps à perdre, Zéro tués) sont également parus Au Diable Vauvert, ainsi que son dernier roman (Mari et femme).
Plutôt qu'un roman, je dirais que Le libraire est un recueil d'anecdotes : dans chaque chapitre (court, 3 à 7 pages), le libraire raconte une anecdote différente, sur un client ou une cliente, un livre, un souvenir de lecture, ou sur lui et une de ses tisanes, son aversion pour les couples et pour la troisième heure de l'après-midi... Évidemment certaines historiettes sont plus intéressantes que d'autres mais le tout reste vraiment bon, agréable à lire et parfois surprenant.
Mon histoire préférée est celle de la grande dame en noir qui dépose sa faux et veut lire de la poésie ! (page 107). Ah, j'ai bien aimé aussi celle où il faut choisir trois livres à emporter sur une île déserte (page 85) : quel choix difficile !
Dans le prologue, il y a trois femmes, seules, sur un paquebot, à trois endroits différents et elles ne se connaissent pas mais pensent toutes les trois la même chose.
Plus tard, on apprend que le libraire a aimé trois femmes dans sa vie. Y a-t-il un lien avec les femmes sur le paquebot ? En tout cas, l'univers du libraire, ce n'est pas le grand large, c'est la libraire, les livres, les clients, les lettres qu'il envoie à ses frères et sœurs éparpillés dans le monde, les tisanes qu'il boit après le passage de chaque client. Mais « seul au milieu d'un océan, d'une marée plus exactement, de livres, le libraire referma son propre livre pour s'adresser à Dieu. » (page 181).
« Les clients préférés du libraire étaient ceux qui n'avaient jamais lu de livres.
Ou bien très peu. » (page 70) ce qui n'est pas mon cas !
Le libraire est ressorti en poche avec en couverture la tasse de tisane ; j'ai eu l'iceberg qui est tout aussi important.
« Ces armes étaient des phrases [...].
Ces phrases sans qu'il sache pourquoi touchaient un point sensible chez le libraire et résonnaient en lui comme peu d'autres. Chacune lui paraissait être une histoire à elle seule.
[...] (page 93).
Et sa préférée parmi toutes : « Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur les icebergs. »
Il y avait quelque chose dans cette phrase. Un pouvoir magique qui marchait à tous les coups. » (page 94).
Voilà, c'est ça, il y a un pouvoir magique dans les phrases, dans les mots, et Regis de Sá Moreira est un magicien qui m'a enchantée !
3ème livre lu dans le cadre du Blog-o-trésors après Le treizième conte, de Diane Setterfield et 1984, de George Orwell.
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