Si loin de vous est un roman de Nina Revoyr paru aux éditions Phébus en mai 2009 (376 pages, 23 €, ISBN 978-2-7529-0366-2). Il existerait une autre couverture (image ci-dessous à droite) ? The age of dreaming (2008) est traduit de l'américain par Bruno Boudard.
Née au Japon, d'une mère japonaise et d'un père américain, Nina Revoyr connaît les deux cultures japonaise et américaine puisqu'elle a grandi à Tokyo et dans le Wisconsin. Elle vit actuellement à Los Angeles et a déjà écrit 3 romans dont le roman policier, Southland paru aux éditions Phébus en 2007.
Septembre 1964, Jun Nakayama est contacté par Nick Bellinger, un jeune journaliste qui écrit sur les stars du cinéma muet. Après avoir refusé deux fois de lui parler, Jun accepte de le rencontrer. Il va alors livrer ses souvenirs, et quels souvenirs !
Junichiro Nakabayashi a quitté sa ville natale de Nagano pour étudier l'anglais et la littérature (anglaise, française et russe) en Amérique, dans le Wisconsin. Durant les 4 ans qu'il a passé aux États-Unis, sa famille au Japon a changé : son père est mort, son frère aîné s'est marié et est devenu père, sa sœur a terminé ses études et il est temps qu'elle se marie, son jeune frère est un adolescent rebelle et sa mère attend avec impatience son retour pour gérer tout ça. Mais au printemps 1911, avant son retour au pays, Jun passe quelques jours à Los Angeles avec son ami John Yamada : c'est là que son destin bascule et sa vie en est transformée comme il ne l'aurait jamais imaginé. Jun devient metteur en scène et acteur pour le Théâtre de Little Tokyo : L'indifférence de la mer, L'impasse, Les hirondelles, Futilité, L'ombre de la montagne. Il est remarqué par l'actrice japonaise Hanako Minatoya et le producteur William Moran. C'est comme cela que Junichiro Nakabayashi, à peine 21 ans, va devenir Jun Nakayama, une grande vedette du cinéma muet dans les années 10 et 20 : Le dernier combat, Jamestown junction, Tour de passe-passe, Dernier combat, Noble serviteur, L'archiviste... Il a arrêté volontairement sa carrière en 1922.
À travers ses souvenirs, c'est aussi l'histoire de Hollywood, sa transformation « de terre agricole, [...] en une métropole grouillante d'activité », les débuts du cinéma, les acteurs, les réalisateurs, les films, les restaurants, les soirées...
Il y a tellement de choses intéressantes et de belles phrases dans cet ouvrage que je ne sais lesquelles choisir !
« Lorsque j'eus vent de l'ouverture prochaine du Temple du cinéma muet, j'aurais dû me douter que quelqu'un se lancerait à ma recherche, mais je fus néanmoins surpris par le coup de téléphone du jeune homme hier matin. » (page 11, première phrase du roman).
« La grande ironie de ma réussite dans l'univers du cinéma, c'est que je n'ai jamais cherché à devenir comédien. » (page 30).
« Nous étions tous ravis d'être là. Nous vivions les balbutiements de quelque chose de totalement neuf, quelque chose d'extraordinaire, et en avions tous conscience. » (page 52).
Autant dire que j'ai adoré ! C'est pourquoi je remercie Suzanne de Chez les Filles et les éditions Phébus de m'avoir envoyé cet ouvrage. Si, comme moi, vous aimez le cinéma, les Japonais et les destins extraordinaires, jetez-vous sur ces souvenirs hors du commun délivrés avec une délicatesse et une retenue toutes japonaises !
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