28 août 2009
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Né en 1961 à Monterrey, au Mexique, David Toscana est l'auteur de cinq romans et d'un recueil de nouvelles, déjà traduits en plusieurs langues. El último lector a reçu les prix Colima, Fuentes Mares, Antonin Artaud France-Mexique.
Alors que l'invité du Salon de Livre de Paris était le Mexique cette année, je ne me suis pas bousculée pour lire des auteurs mexicains... Mais le résumé sur la jaquette de couverture de ce roman m'a attirée : « Au nord du Mexique, la sécheresse frappe le village d'Icamole. C'est là que Lucio, devenu bibliothécaire par la grâce d'un projet gouvernemental, nage dans un océan de fiction. Il lit chaque titre avec fureur ou délectation, laissant à tout moment les récits empiéter sur la réalité. Quand son fils lui révèle qu'il a découvert le cadavre d'une fillette dans son puits, c'est dans la littérature qu'il cherche une explication. [...] L'enquête policière tourne autour des révélations du bibliothécaire et éveille la curiosité de la mère de l'enfant, grande lectrice elle aussi... ».
Effectivement, Lucio, veuf de Herlinda depuis des années, passe tellement de temps dans les livres, tamponnant fébrilement « Censuré » sur ceux qui ne lui plaisent pas et les envoyant nourrir les cafards dans le local voisin, qu'il en oublie de manger. En plus, personne ne vient jamais lire ou emprunter des livres dans sa bibliothèque ! Son fils Remigio habite la maison à côté. Icamole souffrant de la sécheresse, le père Pascual et plusieurs habitants partent. En puisant le peu d'eau qu'il reste au fond du puits, Remigio y découvre le cadavre d'une enfant qui n'est pas du village. Or Anamari, la fille d'une veuve de Monterrey est portée disparue. Que faire ? Suivant les conseils de son père qui a lu Le pommier d'Alberto Santín, Remigio l'enterre dans les racines de son avocatier. Lucio quant à lui identifie la fillette à Babette de La mort de Babette de Pierre Laffitte. Le lieutenant Aguilar et les gendarmes enquêtent : « Ce qui les intéresse surtout, c'est de voir l'expression de la personne interrogée quand on lui montre une photographie de la petite et de lui demander si elle la connaît. » (page 59). Mais la mère d'Anamari qui connaît le roman de Laffitte et le destin de Babette, rend visite à Lucio.
Curieux texte, dans lequel roman et vie réelle se côtoient et se superposent, comme si fiction et réalité ne faisaient qu'une.
Quelques phrases
« Lucio pense que rien ne vaut lire et se faire une opinion. Après, le livre finit soit sur une étagère, soit en enfer. » (page 170).
« [...] il n'y a rien de cela dans les romans qui racontent des meurtres, seulement de la violence, du sang et surtout de l'horreur, avec tous ses synonymes, qui sont nombreux, parfois il y a de la rage, des jurons ou des larmes, mais jamais de la honte. » (page 180).
Et pour les blogueuses bibliothécaires

« Des années plus tôt, Lucio avait assisté à Monterrey à une réunion de directeurs de bibliothèques de l'État, c'est là qu'il avait appris tout ce qu'on pouvait trouver entre les pages des livres : des fleurs, des papillons, des ongles rognés, des notes, des mots d'amour, des adresses et, surtout, de la nourriture, boissons renversées, taches de graisse, sucre collé, miettes, mayonnaise et sauces, ainsi que ce qui, dans le compte-rendu de cette réunion, avait été consigné sous le terme de résidu nasal, pour lequel on avait recommandé à chaque bibliothèque l'acquisition d'une petite spatule. » (pages 64-65).
Publié par Catherine
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dans
littérature mexicaine
littérature XXIe siècle
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