Oscar Wilde et le jeu de la mort est un roman policier de Giles Brandreth paru dans la collection Grands détectives de 10/18 en février 2009 (461 pages, 13,50 €, ISBN 978-2-264-04650-5). Contrairement aux autres parutions poche de cet éditeur, celui-ci est broché et de plus grande taille (12,7 x 19,8 cm).
Oscar Wilde and the ring of death (2008) est traduit de l'anglais par Jean-Baptiste Dupin.
Du même auteur chez le même éditeur : Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, premier tome de la série Oscar Wilde murder mysteries (www.oscarwildemurdermysteries.com) et donc que j'aurais dû lire avant...
Plus d'informations sur l'auteur sur son site officiel (en anglais).
Extrait de la préface de Robert Sherard, écrivain et ami d'Oscar Wilde rédigée en 1939 : « [...] Notre première rencontre eut lieu à Paris en 1883. Il avait alors vingt-huit ans [...] je n'avais que vint-et-un ans [...]. Nous nous vîmes pour la dernière fois en 1900, de nouveau à Paris [...]. Les dix-sept ans que dura notre amitié, j'ai tenu le journal des moments que nous avons partagés. [...] En 1902, je devins son premier biographe. [...] Ce que j'écrivis était la vérité, rien que la vérité, mais pas toute la vérité. [...] Révéler tout ce que je sais à propos d'Oscar Wilde, poète, dramaturge, ami et détective […]. » (pages 11 et 12).
Le 1er mai 1892, au « 16 Tite Streat à Chelsea, demeure d'Oscar et Constance Wilde » et de leurs deux fils, Cyril (7 ans) et Vyvyan (5 ans et demi). Constance a organisé un apéritif afin de récolter des fonds auprès des amis du couple pour la Rational Dress Society.
Le soir, Oscar Wilde et ses amis se retrouvent pour le Club Socrate, créé en début d'année car « Socrate nous a enseigné que le savoir était le seul bien et l'ignorance le seul mal. » (page 45). « Le club ne se réunissait que pour le dîner. Il était dépourvu de local et n'avait qu'un seul but : distraire son fondateur le premier dimanche du mois. Nous n'étions que six membres : Oscar, Conan Doyle, Lord Alfred Douglas, Bram Stoker, Walter Stickert et moi-même. » (page 38). « Le Club Socrate se réunissait dans une salle à manger privée au rez-de-chaussée du Cadogan Hotel [...]. » (page 39). « Le « secrétaire » du club était Alphonse Byrd, le directeur de nuit du Cadogan. » (page 40). « Les membres du club avaient le droit d'amener un invité par dîner. » (page 41).
Ce soir-là, Oscar Wilde est accompagné d'Edward Heron-Allen, un jeune avoué, parrain de Vyvyan. Arthur Conan Doyle, célèbre pour ses aventures de Sherlock Holmes, est venu avec Willie Hornung, un jeune journaliste, qui revient d'Australie. Lord Alfred Douglas, surnommé Bosie, ami de longue date d'Oscar, est venu avec son frère aîné Lord Francis Drumlanrig. Bram Stoker, originaire de Dublin comme Oscar, impresario, secrétaire et ami de John Irving, est venu avec Charles Brookfield, un acteur vedette, récompensé et ambitieux. Walter Sickert, peintre, ami d'enfance d'Oscar, est venu avec Bradford Pearse, un comédien de la vieille école, endetté. Robert Sherard, écrivain, ami et biographe d'Oscar, est venu avec George Daubeney, révérend et fils de comte. Alphonse Byrd a invité David McMuirtee, boxeur qui se produit sur les champs de foire, fils d'une dame de qualité et d'un valet.
« Nous allons ce soir jouer au jeu de la mort. C'est Socrate qui, le premier, a suggéré que la mort puisse être la plus grande des bénédictions faites à l'homme, et ce soir, mes amis, nous allons accorder cette faveur aux victimes de notre choix. » (page 50). « Mr. Byrd va faire le tour de la table et distribuer à chacun d'entre vous du papier [...]. Sur cette feuille blanche, à l'abri du regard de vos voisins, vous êtes invités à écrire le nom de la personne, ou des personnes, que vous souhaiteriez le plus tuer. [...] Une fois que vous aurez noté le nom de vos victimes, reprit Oscar, Byrd repassera autour de la table, ramassera les feuilles et les mettra dans ce sac. [...] Sur mon ordre, il en tirera ensuite chaque papier un à un, au hasard, et nous lira à haute voix le nom qui y sera inscrit. Notre tâche, messieurs, sera alors de deviner qui veut tuer qui. [...] Rien ne vaut une mort imprévue pour égayer les esprits. » (page 51).
Ce qui ne devait être qu'un jeu amusant aux yeux d'Oscar Wilde va se transformer en course contre la montre car les victimes meurent vraiment, dans l'ordre où elles ont été tirées : Miss Elizabeth Scott-Rivers, Lord Abergordon, Captain Flint le perroquet de Byrd, Mr. Sherlock Holmes (Conan Doyle avouera plus tard qu'excédé, il prévoit de faire mourir son héros en Suisse d'ici peu), Mr. Bradford Pearse, David McMuirtee (cité quatre fois !)... Oscar et ses amis vont enquêter, et vite, car c'est bientôt le tour du couple Wilde qui était sur une liste ! L'inspecteur Archy Gilmour de la MET (police métropolitaine), grand fan de Conan Doyle, mène aussi l'enquête avec ses hommes.
Ce n'est pas un roman d'Oscar Wilde, ce n'est pas non plus un roman d'Arthur Conan Doyle, c'est peut-être bien finalement les souvenirs que Robert Sherard a rédigés dans son journal... En tout cas, la plume de Gyles Brandreth est souple, fluide, respectueuse d'Oscar Wilde, de ses idées, de son humour et de son œuvre. L'auteur connaît bien aussi l'œuvre d'Arthur Conan Doyle et la fin de ce XIXème siècle qu'il retranscrit de façon admirable. Un peu d'action, beaucoup d'humour, et surtout de l'observation et de la déduction ! J'ai beaucoup aimé ce roman et je regrette deux choses : ne pas l'avoir choisi pour le défi Littérature policière sur les 5 continents (je vais peut-être modifier mon choix) et ne pas avoir lu le premier tome de ces Oscar Wilde murder mysteries, Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles avant ce jeu de la mort...
Propos intéressants d'Oscar Wilde
Durant le petit-déjeuner : « Les journaux d'aujourd'hui étalent avec une avidité dégradante les péchés d'individus médiocres, et avec le zèle des ignorants ils nous rapportent les détails précis et prosaïques des faits et gestes de gens qui ne présentent aucune sorte d'intérêt. » (page 71). Plus d'un siècle après, cela n'a pas du tout changé !
« Comme vous le savez, messieurs, j'ai travaillé toute ma vie à distraire le peuple, à irriter la classe moyenne et à fasciner l'aristocratie. » (page 157). J'adore !
« [...] L'artiste ne saurait s'abaisser au rang de serviteur du public. Bien que j'aie toujours fait cas de l'opinion des acteurs et des spectateurs sur mon œuvre, j'ai tout autant défendu l'idée que l'humilité est réservé aux hypocrites et la modestie aux incompétents. S'affirmer est à la fois le devoir et le privilège de l'artiste. » (page 265). Bien sûr, Wilde parle des artistes, pas du commun des mortels, donc ne vous inquiétez pas si vous êtes humble ou modeste, c'est normal, sauf si vous êtes un artiste !
Et j'ai appris que « le seul mot de la langue anglaise dans lequel se succèdent six consonnes » est Knightsbridge ! (page 69).
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