Ça ne coûte rien est une bande dessinée de Saulne parue aux éditions Casterman dans la collection KSTR en mai 2011 (190 pages, 16 €, ISBN 978-2-203-03057-2).
Saulne (de son vrai nom Sylvain Limousi) est né en 1977 et il vit en Chine depuis plus d'un an. Plus d'infos sur le site de Saulne.
Du même auteur : Effleurés (2006, Dargaud), Mes affinités sélectives (2008, KSTR), Chine : regards croisés (2009, Casterman) et Le prétexte (2010, Dargaud).
2008. Pierre a une amie (Caroline) qui vit à Shanghai et il la rejoint en Chine avec un visa touristique de 3 mois. Il est en colocation dans un joli appartement avec Marianne, une Française, et Emmanuelle, une Chinoise (il y a aussi un chat roux). Du coup, ça ne lui coûte pas trop cher. De toute façon, il a un peu d'argent et il attend un gros héritage.
Caroline étant absente pour son travail pendant deux semaines, Pierre fait la connaissance de Daniel. « Shanghai est surtout une ville pour faire la fête et du commerce. Tu ne peux pas t'ennuyer ici, ce n'est pas possible. » (page 22).
À la fin de son visa, Pierre décide de rester mais l'argent de l'héritage n'est toujours pas arrivé et il se retrouve vite à court d'argent...
« Ça ne coûte rien » semble être le mot d'ordre des expatriés français qui sous prétexte qu'ils viennent d'un pays plus riche et qu'ils gagnent bien plus que les Chinois sur place peuvent dépenser sans compter voire gaspiller !
Un Français qui va dans un pays étranger – ici la Chine – pour le découvrir a-t-il envie de jeter son argent par les fenêtres avec des compatriotes qui méprisent les autochtones – ici les Chinois – et dilapident leur argent en soirées et sorties futiles (nourriture abondante, alcools, drogues) ?
Pierre se rend compte un peu tard que ce n'est pas ces excès qu'il voulait vivre pendant son séjour ! Et c'est quand il n'a pratiquement plus d'argent qu'il découvre les petites ruelles et les Chinois plus pauvres qui vivent en périphérie des beaux quartiers de Shanghai (l'envers du décor).
D'ailleurs, si vous remarquez bien, il y a deux parties dans la bande dessinée : une première avec les pages blanches et une deuxième avec les pages grises qui symbolisent les deux façons de voir les choses. Dans la première partie, tout est en couleur (c'est facile, ça ne coûte rien, on s'éclate) et dans la deuxième partie, tout est en noir et blanc et la couleur met du temps à revenir (Pierre souffre, il meurt presque de faim, il n'a même plus d'argent pour rentrer en France).
Je pense que Pierre s'est senti pousser des ailes : il est jeune, c'est sûrement son premier voyage, il est rassuré de retrouver des compatriotes et de copier leur style de vie, il ne commence à réfléchir que lorsqu'il y a un problème.
Je ne m'attendais pas à ce genre d'histoire (d'expérience) mais cette bande dessinée (autobiographique) n'est pas un carnet de voyage, c'est une intéressante réflexion de l'auteur sur la vie du touriste à l'étranger (des expatriés aussi) et ses pièges.
J'ai lu cette bande dessinée en album mais vous pouvez la lire (gratuitement et légalement) sur Délitoon !
Et une 34e bande dessinée pour le challenge PAL sèches de Mo' (à finir avant la fin du mois).