Apocalypsis 4 – Cavalier Pâle : Elias, d'Eli Esseriam
Matagot – Nouvel Angle, mai 2012, 262 pages, 14,90 €, ISBN 978-2-354502119
Je remercie Mathilde et les éditions Matagot de m'avoir envoyé les deux premiers tomes de la série Apocalypsis puis les deux tomes suivants.
Plus d'infos sur Eli Essamiam, l'auteur, et sur Aurélien Police, l'illustrateur, sur ma note de lecture d'Apocalypsis 1 – Cavalier Blanc : Alice. Vous pouvez aussi consulter mes notes de lecture d'Apocalypsis 2 – Cavalier Rouge : Edo et d'Apocalypse 3 – Cavalier Noir : Maximilian.
Le récit écrit sous forme de journal (ce qui est nouveau par rapport aux précédents tomes), ou plutôt de souvenirs mais de façon très précise et documentée, est celui d'Elias. Il l'écrit pour Elias, un autre Elias, celui du futur, d'un autre futur, celui qui pourra faire correctement ce qu'Elias a raté. « Ce sont des souvenirs du passé et du présent, mais aussi du futur. […] N'en néglige aucun […] Tout à une raison d'être. […] toi seul peut changer le cours des choses. Le cours du Temps. » (page 12). Elias a voulu faire le Bien, il a voulu modifier des choses du passé, de la vie des gens, mais ce n'était pas son destin, ce n'était pas ce qu'il devait faire... Elias est « l'exécuteur testamentaire du Monde » (page 15) et son destin, son rôle « n'est pas de le changer. Mais de l'achever. » (page 147).
Elias est un enfant bègue, détesté par son père, Daniel Land, et adulé par sa mère, Iris qui est pourtant malade « à cause » de lui car tout ce qu'il touche meurt... Elias est rejeté par tous, sauf par Clotaire et Marjane, ses deux seuls amis, des laissés pour compte eux aussi, et par ses grands-parents paternels qu'il n'a connus qu'à l'âge de dix ans et qui ont vécu en camp de concentration lorsqu'ils étaient enfants. L'épisode du chocolat à Bergen-Belsen en 1944 est d'ailleurs très beau. « C'est amusant comme on peut subir soi-même des vexations sans réagir et ne tolérer aucun irrespect lorsqu'il atteint autrui. » (page 55).
Ces extraits sont peut-être un peu longs mais je voulais les relever car ils sont une intéressante explication au Mal, aux comportements humains injustifiables, qu'on ne peut pas dire inhumains, puisqu'ils sont humains. « Le mal de notre siècle n'est pas l'obésité, le diabète ou le sida. C'est la dépression. Demande à n'importe quel médecin, il te confirmera qu'elle résulte de quasiment tout ce que notre société nous fait endurer et qu'elle est la cause de tout ce que nous faisons endurer à la société. C'est un cercle sans fin, un problème insoluble. On dit qu'elle naît de la maltraitance, du chômage, de la pauvreté, de l'isolement social, des troubles familiaux. On lui met sur le dos les suicides, les accidents de la vie courante, le stress, l'asociabilité et la violence urbaine. À mon humble avis, dont tout le monde se fiche probablement, la dépression naît surtout de la nostalgie. » (page 61). « Si tu regardes un peu autour de toi, tu remarqueras rapidement que le temps règne en maître sur la psyché de l'Homme. L'avenir lui fait tellement peur qu'il préfère lui tourner le dos et fixer son regard sur le passé. Il regrette la belle époque, les valeurs éculées qui régnaient quand les gens étaient différents. Par différents, entendre ici « meilleurs ». […] il souhaiterait revenir en arrière et réécrire son histoire toute entière. […] L'être humain n'est qu'un nostalgique en puissance qui a juste oublié qu'il n'était pas plus heureux avant. » (page 62). […] « La nostalgie touche les gens de plus en plus tôt. Si quelqu'un te déclare un jour n'avoir jamais rêvé de remonter le temps pour corriger, rectifier, modifier quelque chose, tu auras devant toi un menteur. Tout être souhaite pouvoir avoir le choix. À nouveau. » (page 63).
Après la petite déception au début du tome 3, j'avais quelques craintes au sujet de ce tome 4. Mais aucun problème, je l'ai beaucoup apprécié et je trouve que cette série est vraiment bien faite.
Ce récit mène le lecteur à se questionner sur le Bien et le Mal, et place Elias par rapport aux trois autres Cavaliers (interactions entre eux ou entre Elias et leurs proches, par exemple avec Silke, la sœur jumelle de Max le jour où elle devient aveugle). « Le Monde aux mains de nos ennemis, c'est juste l'enfer sur Terre. L'enfer pour tous. » (page 69). Et la Confrérie des Apôtres de l'infini est l'ennemie des Cavaliers de l'Apocalypse, « l'ennemi du Monde entier, du principe même de vie » (page 96).
Alors Elias va-t-il réussir là où Elias a échoué ? « Ta grande force, c'est ton humanité. Ta grande faiblesse, c'est ton humanité. » (page 178). Va-t-il retrouver Alice, Edo et Max ? Et pourront-il accomplir leur véritable mission ? De plus, je me suis demandé qui est Anel Leidecker (dont on parle page 129) ? Tout ça, je le saurai en lisant le cinquième et dernier tome : Omega et j'ai hâte ! Mais attention, c'est le tome de l'Apocalypse ! La fin du monde ?
Un petit détail : il y a deux couvertures, celle de prévue d'origine et la nouvelle avec le signe Oméga. Je préfère la couverture prévu d'origine.
Vous savez quoi ? Un seul challenge ! Jeunesse & young adults # 2.
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