Chambre 2007 est le premier roman de Kgebetli Moele. Il est paru aux éditions Yago dans la collection Ciel ouvert (Roman étranger) en janvier 2010 (270 pages, 18 €, ISBN 978-2-916209-68-5). Room 207 est traduit de l'anglais (sud-africain) par David König.
Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce roman qui m'a énormément plu.
Kgebetli Moele est né le 31 mars 1978 à Polokwane (dans le Limposo) et a grandi dans une ferme. Il fait partie de la nouvelle génération d'écrivains sud-africains, qui se nomme la Kwaito generation dans une Afrique du Sud post-apartheid, avec Niq Mhlongo et Kabello Sello Duiker (les générations précédentes étant des écrivains blancs comme Nadine Mordimer, Breyten Breytenbach, John Maxwell Coetzee ou Andre Brink). Il a commencé à écrire en 1991, et rédigé des scripts pour des émissions radio, pour le cinéma, et une pièce de théâtre. Chambre 207 a reçu le prix H.C. Bosman de la meilleure œuvre de fiction. Son deuxième roman Book of the dead est paru chez Kwela Books en août 2009.
Pendant plus de dix ans, six jeunes hommes partagent une chambre à Hillbrow, le quartier le plus dangereux de Johannesburg, elle-même la ville la plus dangereuse... D'Afrique du Sud ? Du continent africain ? Non, du monde ! Pourtant, ils n'ont rien de dangereux tous les six... Entrez dans leur univers, à la fois étroit (la chambre 207) et à la fois très ouvert (famille, études, filles, musique, écriture, rêves).
Leur refuge à tous, c'est la chambre 207 : « C'était un hôtel, à une autre époque... Tu sais, cette époque que les dirigeants du pays ne veulent pas qu'on oublie. » (première phrase, page 15). Le narrateur tutoie le lecteur et le fait véritablement entrer dans leur monde : « Ouvre la porte. Tu es accueilli par un petit couloir […]. » (page 15), « Entre, entre. […] Tu es ici chez toi, mon frère. » (page 17).
Matome, c'est le lève-tôt, il inspire la confiance mais a parfois des idées et des plans bizarres ! Il aime d'une façon christique, sans sexualité.
D'nice était un excellent élève, optimiste et rêveur, il est venu étudier à Wits, mais le manque d'argent et les sollicitations de la ville...
Molamo, ancien chauffeur de poids-lourds, a étudié pendant quatre ans à l'université de Cape Town et rêve de devenir « écrivain/réalisateur/acteur/poète/producteur ».
Modishi, surnommé Jean Le-Baptiste par Zulu-Boy, avait hérité de terres à la mort de son père mais ne voulait pas repartir à la campagne. Il est amoureux de Lerato, mais elle n'a que dix-sept ans et a déjà dû avorter deux fois.
Zulu-Boy est un voleur, comme tous les Zoulous, c'est parce qu'il aime les objets, frimer, attirer l'attention, et il a déjà été « arrêté plusieurs fois pour des délits stupides » alors qu'il vient d'une famille estimée.
Et puis il y a le narrateur, un Sotho surnommé Baba, qui après des études de cinéma écrit des scripts mais pour l'instant ils ont tous été refusés...
Lorsqu'ils n'ont plus d'argent pour payer le loyer mensuel, parce qu'ils aiment s'amuser, faire la fête, boire de la bière, sortir avec des filles, ils sont expulsés de leur petite chambre et vont se réfugier chez Wada. Il est producteur indépendant et Matome travaille alors un peu avec lui.
Treize ans de vie commune et d'amitié, mais aussi de pauvreté, de violence parfois, treize ans avant que chacun leur tour, ils partent pour une autre vie, pas toujours celle qu'ils ont rêvée...
Un très beau roman, d'une grande puissance narrative, sans faux-semblants et fort en émotion. Je vous le conseille absolument, il faut le lire, vraiment.
Roman africain pour le Safari littéraire créé par Tiphanya.
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