Cinq Cubains à Miami est un roman de Maurice Lemoine paru aux éditions Don Quichotte le 7 octobre 2010 (1051 pages, 24 €, ISBN 978-2-35949-020-6).
Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce document et d'avoir patienté pour ma note de lecture parce qu'à vrai dire, je l'ai reçu depuis quelque temps et j'ai du mal à le lire, non pas parce qu'il n'est pas intéressant, mais parce qu'il est... très lourd !
Maurice Lemoine est un journaliste et écrivain spécialiste de l'Amérique latine. Il travaille au Monde diplomatique et a déjà publié Cuba, 30 ans de révolution (1989) ainsi que d'autres récits sur les Antilles et l'Amérique latine.
C'est l'histoire de Cuba, de 1961, date à laquelle Luis Posaril « s'est tiré aux États-Unis, en jurant de se venger » parce que « les barbudos ont saccagé son paradis […]. » (page 13) jusqu'à nos jours.
« À La Havane, les gens vont pieds nus dans les rues. Ils demandent l'aumône et cherchent quelque chose à manger. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'il n'y a plus rien. » (page 31).
Alors, est-ce que Cuba, c'est vraiment comme ça ? Ou bien est-ce – comme certains le croient – le paradis sur terre ?
En fait, chacun a sa propre vision (qui n'est parfois qu'un souvenir...), il y a celle des Cubains exilés aux États-Unis (en particulier à Miami) ou dans d'autres pays d'Amérique du Sud, celle des Cubains restés à Cuba, celle des (12 500) Cubains envoyés faire la guerre en Angola (Afrique), celle des Cubains partis étudier à Moscou et se sentant trahis par le frère soviétique depuis la Pérestroïka, celle des États-Uniens (grosse implication de la CIA depuis plus de 50 ans) et aussi celle des cartels de la drogue (colombiens entre autres).
À noter que ce livre est dédicacé à Gerardo Hernández Nordelo, Ramón Labañino Salazar, René González Sehweret, Fernando González Lort et Antonio Guerrero Rodríguez, cinq Cubains emprisonnés aux États-Unis depuis 1998. Plus d'infos sur eux sur http://www.thecuban5.org/. Leur photo prise sur http://www.antiterroristas.cu/.
J'ai été surprise, à propos de Radio Martí, qui émet depuis les États-Unis en direction de Cuba : « Le Cubain est curieux. Par nature. Ce que tu lui caches, il veut absolument le savoir » (page 111) parce qu'Emmanuel Razavi dans Les exilés disait la même chose des Iraniens !
Sous-titré « le roman de la guerre secrète entre Cuba et les États-Unis », cet ouvrage est – à mon avis – un « docu-fiction ». On sait bien qu'à travers la fiction, c'est l'histoire de Cuba durant le XXe siècle qui défile au fur et à mesure des chapitres, et je peux vous dire que c'est passionnant.
Quelques phrases que j'ai aimées
Posaril : « Ceux qui prétendent imposer le paradis à leurs semblables leur pourrissent la vie. » (page 21).
Dr Orlando : « L'objectif de la révolution était de faire un homme nouveau. Un homme scientifique comme ils disent. Résultat ? Un goulag tropical. Face à cette catastrophe, que faisons-nous ? » (page 94).
Orula : « Ici, quand tu travailles, tu es récompensé. Là-bas, tu peux te crever à la tâche, tu n'auras rien de plus ou presque rien. Dans le communisme, ce qui m'ennuie, outre la dictature, c'est qu'on ne peut plus rêver. Tu ne seras jamais riche. […] Alors, pourquoi travailler ? » (page 104).
Pepper Nández : « Tu veux que je te dise ce qu'est le concept philosophique du socialisme ? C'est une perte de temps entre le capitalisme et... le capitalisme. » (page 171).
René : « Un transfuge, c'est un type qui quitte son pays, son service, sa société, pour servir ceux d'en face. Il peut en apparence fournir des informations de valeur, mais pose de sérieux problèmes de sécurité. […] Ce genre de mec apporte souvent plus de problèmes que de solutions. » (page 232).
J'espère que (malgré le fait que je ne l'ai pas encore terminé) je vous ai donné envie de lire ce gros livre et de découvrir Cuba !
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