Holp up est un roman-témoignage de Jean-Claude Kella à paraître aux éditions Don Quichotte le 22 septembre 2011 (236 pages, 16,90 €, ISBN 978-2-35949-045-9).
Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce livre, incroyable récit de deux hommes chacun d'un côté de la barrière : le citoyen honnête et le truand, écrit par un ancien de la French Connection, Jean-Claude Kella.
Jean-Claude Kella est né le 13 août 1945 à Toulon. Surnommé « Le Diable » ou « Yeux bleus » (voir sa photo ci-dessous), il était une figure de la French connection ! Il a passé dans les 25 ans en prison (aux États-Unis et en France) et en 2009 est paru aux éditions du Toucan L'affranchi, le livre de ses souvenirs.
Parmi les protagonistes de ce récit véritable, il y a deux hommes, Manu et Marc, et ce qui est intéressant c'est qu'ils racontent chacun à leur tour l'histoire.
Manu, c'est Emmanuel Demaimay. Il est marié à Valérie et a un jeune fils, Mathieu. C'est un gars discret et joyeux apprécié par ses collègues. Bref il a une vie tranquille.
« Je tirais un salaire moyen d'une tâche longue et fatigante, mais cela me convenait. » (pages 7-8).
Ah, au fait, Manu est vigile à la Banque de France à Toulon.
Marc est un gars de la Provence qui a « basculé dans le métier » et est devenu un petit gangster. Mais depuis sa sortie de prison, il est rangé et tient un restaurant à La Ciotat. Bon, parfois, il joue au poker et c'est à une table de jeu qu'il rencontre Nestor, licencié du chantier naval. Celui-ci propose un coup avec deux inconnus : Hélène et son nouveau compagnon Gino.
« Ça te dirait de toucher un gros paquet de monnaie qui te mettrait à l'abri du besoin pour le restant de tes jours ? » (page 19) : comment résister même si on est rangé ?
Hélène est une belle femme d'environ 35 ans, divorcée, deux enfants. Elle est secrétaire comptable à la Banque de France de Toulon depuis 14 ans. Elle a tout repéré, tout noté et elle sait qu'il y a 2 milliards 900 millions de francs à voler dans les coffres. Elle a tout prévu, même d'utiliser son charmant collègue, Manu (et sa famille...) ; il manque juste l'équipe de pros et le matériel.
Marc se laisse tenter, réunit sa bande d'amis (Fred, Didier, Patrick, Philippe, Hervé) : ils sont tous d'accord alors il prévient aussi les Italiens (Alberto et Luciano). La bande est au complet.
« Puisque tout le monde est d'accord, on enclenche la machine à fond. » (page 44).
« Le secret d'un braquage réussi, c'est l'organisation. Et pour bien s'organiser, il faut savoir déléguer à autrui ce que l'on ne peut accomplir soi-même. » (page 74).
Et la machine va effectivement s'enclencher en ce mois de décembre 1992. Enlèvement par des hommes méconnaissables et armés de Valérie et Mathieu à leur domicile. Ceinture d'explosifs autour de Manu.
« Je n'avais pas de sympathie pour mes agresseurs, mais pas de haine non plus : leur intrusion chez moi et leur projet désastreux, leurs perruques ridicules, c'étaient des détails comparés à l'enfer dans lequel la banque nous avait plongé ma famille et moi. Tout ça pour de l'argent ! Cela valait-il la peine qu'on nous sacrifie ? […] J'étais terrorisé, complètement voué à leur cause pourvu qu'ils ne mettent pas leur menace à exécution. » (page 105).
Ce qui m'a le plus marquée
« Ma femme, mon fils, où sont-ils ? me suis-je contenté de lui demander.
– Pour l'instant, on s'en fout !
Cette réponse cinglante, provenant d'un gars censé protéger le citoyen, m'a fait plus de mal que toutes les baffes du matin. Je n'en revenais pas. » (page 160).
Eh oui, la police est persuadée que Manu est complice ! Alors que tout ça a foutu sa vie et son couple en l'air...
Juste un problème
Hélène gagne décemment sa vie avec « seize mille francs par an, quatorzième mois payé » (page 32). Il y a sûrement une erreur parce 16 000 FF, ça fait dans les 1 143 FF par mois, euh... en 1992 ! Je pense qu'il y a eu un problème de conversion entre Franc et Euro : 16 000 € correspondant à peu près à 105 000 FF par an et donc à 7 500 FF par mois (à titre indicatif, en 1992, le SMIC était proche de 5 760 FF).
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