Le paradis des hommes est une bande dessinée de Nicolaï Maslov parue aux éditions Actes Sud BD en février 2010 (108 pages, 20 €, ISBN 978-2-7427-8818-7). Traduit du russe par Joëlle Roche-Parfenov.
Nicolaï Maslov est né à Novossibirsk (Sibérie) en 1953 mais il vit maintenant à Moscou. Du même auteur : Une jeunesse soviétique (2004) et Les fils d'octobre (2005) aux éditions Denoël Graphic.
J'ai eu le bonheur de rencontrer Nicolaï Maslov, oh ! rapidement, quelques mots, une dédicace, c'est un homme très gentil à l'air un peu triste mais qui porte en lui l'âme de la Russie et de sa Sibérie natale.
Sa bande dessinée faite de dessins en noir et blanc, au crayon, porte elle aussi l'âme de la Sibérie et les contrastes de cette terre : européenne mais éloignée de tout, à la fois dure et tendre, froide et chaleureuse, et qui a vécu un XXe siècle douloureux. Mais Le paradis des hommes est le premier tome de la trilogie Il était une fois en Sibérie et c'est l'Antiquité et le Moyen-Âge qui sont racontés ici. « La Sibérie était une terre vierge, riche d'une flore et d'une faune abondante. ».
Le paradis des hommes est une bande dessinée d'une grande richesse qui raconte tout simplement la Sibérie, ses fleuves (Tchoukhotka, Amour, Léna, Yana, Kolyma, Ob...), ses animaux (cervidés, ours, loups, chevaux...), ses populations nomades (Tatars, Altaïens, Bouriates, Yakoutes, Tchouktches...), ses monts Oural, ses chamans et ses idoles, sa steppe et ses hivers rigoureux.
Peu de textes, juste pour des choses importantes. « Les peuples de Sibérie avaient le souci de la Nature. Beaucoup d'entre eux n'en tiraient que le strict nécessaire pour se nourrir et se soigner. ». Pêche, chasse à l'arc, le paradis des hommes en fait.
Avec l'arrivée des Russes, des Cosaques, c'est le début d'une civilisation différente, basée sur les constructions : « Ils commencèrent à s'installer et, tout d'abord, ils se construisirent des huttes en terre et en bois. » et donc des villes qui vont grandir petit à petit. Basée aussi sur l'église orthodoxe avec ses patriarches et ses croyants : « Et plus la vie leur était dure, plus s'affirmait leur amour de Dieu, de la vérité et de la justice. »
Et puis l'auteur emmène le lecteur pour une incursion au XXe siècle, son enfance (années 50), son adolescence (années 60), à Novossibirsk où son père était responsable d'un relais de radio. Des années rudes mais emplies de souvenirs et des proches qu'il chérit en son cœur.
Si vous connaissez un peu la Russie, vous ne serez pas perdus avec des mots comme tsar, voïvode, rouble, oukase, boyard, moujik, isba, kolkhoze, taïga..., sinon le glossaire en fin de volume vous sera très utile !
Je ne peux vous dire que ceci : lisez cette bande dessinée et laissez-vous imprégner de la Sibérie ! Parce qu'elle est magnifique, somptueuse, touchante, émouvante, vraie. Et puis aussi parce que la bande dessinée russe, c'est vachement rare, à tel point que Nicolaï Maslov est considéré comme un pionnier !
Je présente cette bande dessinée dans le cadre de Une année en Russie (qui se termine demain mais Pimpi le fait continuer en 2011, lire ici et ici) et pour deux défis de bandes dessinées, le challenge BD de Mr Zombi et le challenge PAL sèches de Mo'.