Kosaburo, 1945 est un roman de Nicole Roland paru aux éditions Actes Sud dans la collection Un endroit où aller en février 2011 (138 pages, 16,30 €, ISBN 978-2742794829).
Nicole Roland est professeur de lettres dans un lycée à Namur (Belgique). Kosaburo, 1945 est son premier roman.
Le narrateur est Kosaburo. Il aurait voulu être peintre, ou poète, ou calligraphe, mais c'est la guerre. Il a donc quitté l'université et se prépare à se battre, pour l'empereur, pour sa famille, pour son pays.
Mitsuko est son amie d'enfance, c'est aussi la femme qu'il aime en secret.
« Et la guerre venait de déchirer sans bruit la page qu'ils auraient pu écrire. » (page 4).
Il prépare un cadeau, un « livre de l'oreiller » : un petit coffret en bois laqué contenant des poèmes, des dessins que les amoureux s'offrent traditionnellement.
« Mais ils en étaient là : la guerre fracassait tous les rêves. » (page 6).
Mitsuko a un jeune frère, Akira qui étudie la littérature française. L'adolescent ayant fuit dans un monastère, c'est le déshonneur pour sa famille.
À partir de ce moment, Mitsuko devient la narratrice : elle prend la place de son frère. Elle apprend les préceptes des samouraïs, s'entraîne avec Kosaburo et va devenir pilote d'élite.
Car, tels les typhons qui s'étaient déchaînés en 1281, empêchant par deux fois l'invasion du Japon par les Mongols, les jeunes pilotes devaient être les « vents divins » (kamikaze) et repousser l'ennemi.
« Des noms sur une liste, voilà ce que nous étions. Et c'était mieux ainsi. » (page 92).
En plus de l'entraînement très difficile, Mitsuko a bien sûr peur d'être découverte mais elle est prête à aller jusqu'au bout et à se sacrifier même si tout cela lui semble vain.
« Nous étions tombés bien bas, si les meilleurs pilotes étaient sacrifiés. Il n'y avait plus d'espoir. » (pages 112-113).
C'est après avoir vu la photo – datant de 1945 – du visage d'un pilote japonais dans un journal que Nicole Roland a voulu écrire ce roman. « […] des traits fins, un regard fixe et la désinvolture des lunettes relevées sur le bonnet d'aviateur. Autour de son cou, une écharpe de soie blanche se déployait dans le vent. » (page 2).
Endoctrinement, exaltation, loyauté, bravoure, honneur, soumission patriotique sont des notions très présentes dans ce récit. Mais ce qui est vrai pour la nation japonaise – les « valeureux guerriers » qui se sacrifient sont les « boucliers » de la nation – est vrai pour toutes les nations qui durant les guerres envoient leurs soldats combattre pour « protéger » le pays, les civils et les dirigeants.
La tension est grandissante avec l'entraînement, les premiers combats, les premiers avions ennemis abattus, et enfin les sacrifices, mais il y a une telle tranquillité, presque de la douceur dans les phrases de Nicole Roland.
Le récit est agréable, bien documenté, et entrecoupé de beaux poèmes, d'extraits du Dit du Genji ou du Bushido. Et un point important : l'auteur ne porte pas de jugement, j'ai l'impression qu'elle aime ses personnages, en particulier Kosaburo et Mitsuko.
Ils avaient vingt ans et ils sont morts... Pour qui, pour quoi... « Nous avions vingt ans, nous avions mille ans et sur notre cœur palpitait l'éclat d'une armure invisible. » (page 35).
J'ai été surprise par la fin, ainsi ce roman est un roman-tombeau...
Nicole Roland, une romancière à suivre.
Une lecture pour les challenges Dragon 2012 et Sur les pages du Japon (thème libre en août), pour les défis Premier roman et Cent pages et, comme l'auteur est Belge, pour le challenge Voisins Voisines aussi. |
J'en profite pour remercier Alphalire car j'ai lu ce roman en ligne (vous pouvez faire de même en vous inscrivant, c'est gratuit et il y a 12 premiers romans à lire). | ||
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