L'abandon est un roman de Peter Rock paru aux éditions Rue Fromentin en
janvier 2012 (239 pages, 16 €, ISBN 978-2-9195470-6-7). My Abandonment (2008-2009) est traduit de l'américain par Philippe Aranson et Jean-Charles Ladurelle.
(Cliquez sur l'image).
Je remercie chaleureusement Lystig qui a fait de ce roman un livre voyageur. Je l'ai reçu après Véronique la Pyrénéenne et je vais l'envoyer à... la prochaine blogueuse sur la liste de Lystig !
Peter Rock est né en 1967 à Salt Lake City (Utah). Il est diplômé en anglais de l'Université de Yale (Connecticut). Il est professeur d'écriture créative au Reed College à Portland (Oregon) où il vit avec son épouse et leurs deux filles.
Du même auteur : This is the place (1997), Carnival wolves (1998), The Ambidextrist (2004), The Bewildered (2005) et The Unsettling (recueil de nouvelles parus dans des magazines, 2006).
Plus d'infos sur http://www.peterrockproject.com/.
Caroline, 13 ans, vit avec son père dans la réserve naturelle de Forest Park dans l'Oregon.
Elle ne se sépare jamais de Randy, un petit cheval en plastique offert par son père.
Une fois par mois, ils se rendent en ville : le père, un ancien combattant, touche sa pension à la poste, puis ils font quelques achats et retournent dans la nature sans se faire remarquer.
Depuis 4 ans, ils se cachent, effacent leurs traces, possèdent très peu de choses et dorment dans un abri sous terre.
Le père enseigne tout ce que Caroline doit savoir.
« Il faut qu'on soit vigilant. » (page 13).
Mais ils sont découverts et arrêtés. Les services sociaux posent toutes sortes de questions à Caroline et lui font subir des tests mais ils découvrent qu'elle est très intelligente et en avance sur le programme scolaire officiel qu'elle ne suit pas. Le plus difficile pour elle est d'être enfermée...
Caroline et son père sont alors placés dans une ferme : école pour elle et travail pour lui.
Mais ils vont fuir et leur trace se perd...
« – Ce qui se passe, dit Père, c'est qu'on veut juste être tranquilles, vous voyez, qu'on nous laisse vivre comme on veut.
– Oui, dit-elle. C'est pas si facile. Je vois ce que vous voulez dire. Il y a toujours quelqu'un pour se mêler de vos affaires. » (page 183).
Peter Rock raconte l'histoire de cet étrange duo et imagine ce qui leur est arrivé après cette fuite. Il donne la parole à Caroline qui tient un journal et c'est vraiment réussi.
L'adolescente ne sait pas pourquoi elle et son père doivent se cacher et fuir, mais elle ne le demande jamais car cette vie lui plaît et elle ne veut pas en changer. De plus, bien qu'ayant une relation fusionnelle, il ne se passe (apparemment) rien de répréhensible entre eux. Évidemment la police et les services sociaux ne sont pas de cet avis : il faut respecter la loi et ne pas déranger l'ordre établi.
J'observe que, même en vivant cachés, loin de la ville, sans beaucoup de contacts avec leurs semblables, en se nourrissant de ce que la nature leur offre (cueillette, chasse, d'ailleurs en toute illégalité dans une réserve nationale), Caroline et son père ont besoin d'argent (pension que le père va toucher tous les mois en ville), d'acheter des produits qu'ils ne trouvent pas dans la nature (nourriture, vêtements, ustensiles), et Caroline aime lire et voudrait aller au cinéma.
Je pense donc qu'ils auraient pu continuer de vivre dans cette ferme et avoir une vie à peu près normale, mais le père devient de plus en plus inquiet et paranoïaque. Alors a-t-il quelque chose à cacher ? Dit-il la vérité ? Si la mère de Caroline est morte en la mettant au monde comme il le lui a dit, comment est-il possible que Caroline ait une petite sœur qui vit quelque part chez un couple ? Caroline n'aurait-elle pas été enlevée chez ce couple il y a des années par un homme inconnu qui prétend être son père ? Ce sont des questions que je me pose (que tout lecteur se pose) mais que Caroline dans sa naïveté et l'amour qu'elle porte à son père ne se pose pas ! Elle a confiance en lui, elle l'aime et elle veut vivre avec lui loin de tout, parce que c'est ce qu'il lui a enseigné.
« Je rêve que je cours pieds nus dans la forêt, je sens les feuilles me fouetter sur mon passage, personne ne peut me suivre ni me rattraper, je me débats dans les enchevêtrements de lierre et donne un coup de pied à Père sous les draps. » (page 108).
Nombre d'adjectifs ont déjà été utilisés pour
définir ce récit... Je ne l'ai pas trouvé émouvant, tendre ou déchirant... Par contre, étrange, dérangeant et ambigu sont appropriés. Et l'abandon n'est pas celui que l'on
croit !
« Seul Randy connaît la vérité. Il a tout vu. » (page 237).
Un roman que je présente dans le challenge 50 États..., 50 billets... de Sofynet pour l'Orégon.
Bien que la 4e de couverture et les éditeurs (américains et français) parlent d'histoire vraie inspirée d'un fait réel, L'abandon est bien un roman et il a reçu en 2009, un Utah Book Award et en 2010, un Alex Award en catégorie fiction. Il est toutefois possible de lire (en anglais) les deux articles de The Oregonian (format pdf) parus en mai et juin 2004 qui ont inspiré l'auteur. Peter Rock en parle d'ailleurs ici :
Vidéo présentée par l'éditeur américain
Vidéo présentée par l'éditeur français (la même mais avec un sous-titrage en français)