L'étoile (Звезда) est un conte de Vikenti Veressaïev paru en Russie en 1903.
Vikenti Veressaïev (Вике́нтий Вике́нтьевич Вереса́ев) de son vrai nom Vikenti Vikentievitch Smidovitch (Викéнтий Викéнтьевич Смидо́вич) est né le 4 janvier 1867 à Toula en Russie (à moins de 200 km au sud de Moscou). Fils de médecin, il a étudié la philologie et la médecine. Il exerça la médecine et vécut en parallèle une carrière de romancier, nouvelliste, poète, critique (une étude sur Tolstoï et Dostoïevski) et traducteur (après un voyage en Grèce, en 1910, il traduisit L'Iliade et L'Odyssée en russe). Vikenti Veressaïev est un auteur réaliste, il reçut le Prix Staline littéraire en 1945 et décéda la même année, le 3 juin à Moscou.
Quelques-unes de ses œuvres : Sans route (1895), Notes d'un médecin (1901), Récits de guerre (1906), Dans l'impasse (1923), Les sœurs (1933)... et des récits biographiques sur Gogol et Pouchkine.
L'étoile ne commence pas par « Il était une fois... » mais par « C'était dans les temps anciens, dans une contrée lointaine et inconnue. »
Dans ce monde, il faisait tout le temps nuit, « une nuit noire éternelle » avec des « brouillards méphitiques ». Malgré l'inhospitalité de ce monde, des humains y vivaient et lorsque, parfois, le vent se montrait, les humains pouvaient voir le ciel étoilé et c'était la fête ! Ainsi les étoiles recevaient prières, chansons et étaient étudiées par les savants qui, les voyant se rapprocher de la terre, annoncèrent qu'un jour (mais dans très longtemps), leurs descendants ne vivraient plus dans cette nuit noire.
Espoir et patience font vivre...
Mais un jour, la voix d'Adéïle, « jeune homme indocile et déraisonnable » se fit entendre : pourquoi espérer pour des descendants très lointains alors qu'eux avaient besoin de la lumière des étoiles, ici et maintenant ? Quelques jeunes hommes et jeunes filles le suivirent au grand désarroi de leurs parents.
Lorsque, par miracle, Adéïle revint – seul – avec une étoile, ce fut l'euphorie malgré la perte des autres jeunes gens, mais ce bonheur ne dura pas. En effet, comment vivre en voyant toutes « les difformités de la vie » ?
Ce conte oriental (*) fut publié en France dans la Revue bleue (année 49, n° 2) en 1911 dans une traduction de Jacques Povolozky. Il est disponible sur la Bibliothèque russe et slave dans la section Littérature russe et sur Wikisource.
(*) L'auteur parle du « grand Brahma », il se réfère donc à l'Hindouisme, Brahmâ étant le dieu-créateur de l'Hindouisme, le premier de la Trimûrti (Trinité) composée également de Shiva et Vichnou.
Sous le couvert d'une histoire fantastique : un jeune homme risque sa vie (et celles de ses compagnons de route) pour décrocher une étoile et apporter la lumière, Vikenti Veressaïev montre la noirceur non seulement de la vie humaine mais aussi de l'âme humaine.
Un conte qui fait réfléchir, comme tous les contes, n'est-ce pas ?
L'humain souffre de vivre dans le noir et rêve de clarté, mais ensuite il souffre aussi de vivre dans la lumière et aspire à plus d'ombre. Cruel dilemme, impossible à régler, mais il y aura toujours des voix qui se feront entendre, des voix d'humains qui voudront aller plus loin, savoir, connaître, comprendre, bousculer la sagesse établie, et si ces voix n'existent pas, la Nature le fera, ça prendra beaucoup plus de temps mais ce qui doit arriver arrivera quand même. Il y a une notion d'inéluctable et les humains ne sont pas maîtres de leur destin quels que soient leurs pensées, leurs actes et leur sagesse.
C'est la première fois que je lis cet auteur et j'aimerais beaucoup lire d'autres de ses textes car cette Étoile est une belle découverte.
Une lecture pour les challenges ABC 2012-2013 (lettre V), Des contes à rendre, Je lis des nouvelles et des novellas, Un classique par mois, Voisins Voisines 2013 et bien sûr Un hiver en Russie.
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