Lorsque j'ai appris la mort de Carlos Trillo, j'ai voulu relire sa bande dessinée pour la présenter dans le challenge PAL sèches de Mo'.
L'héritage du colonel est une bande dessinée de Carlos Trillo et Lucas Varela parue aux éditions Delcourt dans la collection Mirages en septembre 2008 (100 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-7560-1382-4).
Carlos Trillo est né le 1er mai 1943 à Buenos Aires (Argentine). Il est le scénariste de la bande dessinée. Il est mort le 8 mai 2011 (il était à Londres avec son épouse).
Lucas Varela est né en 1971 à Buenos Aires. Il est le dessinateur de la bande dessinée. Plus d'infos sur son blog.
Des mêmes auteurs : La corne écarlate, juin 2005, Erko.
L'intéressante préface de Carlos Trillo permet de comprendre l'intimité du gouvernement et de l'église catholique argentine, et l'histoire de l'Argentine avec la dictature de Jorge Rafael Videla et sa junte militaire : ça, c'est la « grande histoire ».
La petite histoire, c'est celle d'Elvio Guastavino, fils unique du colonel Aaron Guastavino. Petit fonctionnaire insignifiant dans un ministère, il est célibataire et vit avec sa vieille mère, Georgina Iturbide de Guastavino, veuve.
Chaque jour, il se rend devant la vitrine du Aaron Magic Box, une boutique tenue par un Juif qu'il considère comme un voleur, pour admirer Luisita, une poupée autrichienne du XIXe siècle qu'il espère pouvoir acheter un jour. La nuit, il drogue même sa mère au Valium pour ressortir et rejoindre sa Luisita en cachette. Il faut dire qu'il fantasme carrément sur elle. Mais lorsqu'il dort, il est pris de violents cauchemars montrant les tortures qu'infligeait son père à d'innocentes jeunes filles.
D'ailleurs, une de ses jeunes filles, Analia Silveyra, revient d'exil et la mère d'Elvio ne le supporte pas. Après l'enterrement, Elvio devenu orphelin touche la police d'assurance-vie de l'armée et ne pense qu'à une chose : acheter enfin Luisita ! Mais la poupée vient d'être vendue et Elvio plonge dans la folie...
Comment un enfant peut-il grandir normalement et se construire de façon équilibrée après avoir vu les agissements violents et dépravés de son père, et surtout après y avoir participé et pris un certain plaisir, sans que la mère puisse dire quoi que ce soit ? C'est un lourd héritage qu'a laissé le colonel à son fils unique...
Le traumatisme d'Elvio Guastavino, c'est en fait le traumatisme de tout un pays, l'Argentine.
Bien sûr cette bande dessinée est dérangeante, mais c'est parce qu'elle dénonce la torture, les viols, la dictature et l'horreur qu'on laisse aux générations futures.
C'est donc la 21e bande dessinée que je lis pour le challenge PAL sèches de Mo' et j'ajoute l'Argentine à mon voyage.