L'oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête : carnets d'un paysan Soussou est un livre de N'Fassory Bangoura avec Philippe Geslin paru aux éditions Ginkgo dans la collection Mémoire d'homme en novembre 2011 (144 pages, 15 €, ISBN 978-2-84679-098-7). Il est possible de voir les 24 premières pages (texte et photos) sur le site de l'éditeur.
Je remercie Marine et les éditions Ginkgo de m'avoir envoyé ce beau livre en même temps que Léodine l'Africaine, d'Albert Russo.
Philippe Geslin est un ethnologue suisse. Il a étudié les Soussous « vivant dans les mangroves, au sud de Conakry » en Guinée. Il signe l'avant-propos de ce livre.
N'Fassory Bangoura est un paysan Soussou de 37 ans. Il vit dans le village de Wonkifong, et plus précisément dans le hameau de Wondewola, dans la province de Soumbouya. Il a été le guide et l'informateur de Philippe Geslin. Il a décidé que lui aussi allait écrire et prendre des photos !
Je trouve géniale la démarche de N'Fassory Bangoura ! Puisque des Blancs viennent étudier, écrire, prendre des photos, lui aussi va écrire (un mélange de français et de soussou), observer « ses Blancs » et noter leurs comportements, prendre des photos et parler de son village, sa famille, sa vie, ses états d'âme. Ce sont ses cahiers et ses photos envoyés à Philippe Geslin qui sont ici publiés. Et c'est un brillant témoignage de la vie dans un village de Guinée.
Le titre est inspiré d'un conte Soussou sur Mamadouba Kindounyi, le premier oiseau (animal ?) de la Terre.
Des textes, des poèmes, des bons mots, des anecdotes, des photos en noir et blanc de sa famille, des gens de son village et des environs, au repos ou au travail, des paysages (rizières, bananiers, palmiers, mangrove).
C'est vraiment très beau et très intéressant. Et c'est une Afrique qui vit bien, loin des conflits.
Voici quelques extraits.
« Chaque soir il faut que j'écrive ce que je vois. » (page 45).
« Ils m'ont donné un appareil photographique. Moi N'Fassory, j'ai un appareil […]. (page 54).
« Il est venu vers nous, c'est notre étranger. » (page 62).
« C'est moi qui ai écrit ce papier. Qu'il soit mes yeux. L'écrit est bien. L'instruction est bonne, mais elle n'est pas également répartie dans le monde. » (page 69).
« Je veux l'instruction. Je veux lire. Je veux être instruit. Qui peut recevoir l'instruction ? La ponctualité peut instruire l'homme. La relation peut instruire l'homme. Le premier gain c'est l'esprit. Mais avoir le bon esprit est difficile. » (page 71).
« Pendant 25 ans il n'y a pas eu de travail à Wondewolia. Tous ses habitants vivaient sur d'autres terres, en dehors du hameau. Après 25 années, les palétuviers, ont envahi nos anciennes rizières. Nous les avons défrichées. Nous sommes retournés chez nous. Nous avons construit des digues pour retenir l'eau de mer et récolter du riz. » (page 81).
« J'étais content aujourd'hui. Pourquoi ? Mon Blanc m'a écrit. Je suis content. J'ai su qu'il pensait à moi. Moi aussi je nourris quelque chose pour lui, je prie Dieu pour lui. » (page 114).
Et mes photos préférées (cliquez sur les vignettes).
Pirogues page 32 |
N'Fassory page 91 |
Grande case page 113 |
3e ouvrage pour le challenge Beaux livres d'Eiluned
qui me permet d'honorer la catégorie « Amateur de jolies choses »
et de continuer en « Amoureux de la beauté ».
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