La couleur de la peau est un roman de Ramón Díaz-Eterovic paru aux éditions Métailié Noir en mai 2008 (230 pages, 18 €, ISBN 978-2-86424-655-8). El color de la piel (2003) est traduit de l'espagnol (Chili) par Bertille Hausberg.
Ramón Díaz-Eterovic est né le 15 juillet 1956 à Punta Arenas dans le sud du Chili (détroit de Magellan). Il est diplômé de l'université de Santiago en Sciences politiques et administratives. Il est écrivain et poète.
Du même auteur aux éditions Métailié : Les sept fils de Simenon (2001), La mort se lève tôt (2004), Les yeux du cœur (2007) et L'obscure mémoire des armes (2011) pour lequel il a reçu le « Premio Altazor de Narrativ » en 2009.
Lorsque j'ai vu que ce roman mettait en scène un détective privé qui vit avec un chat, j'ai tout de suite voulu le lire et tant pis si je n'avais pas lu les précédents tomes !
Le détective privé, c'est Heredia. Il a un bureau « Heredia, enquêtes légales » attenant à son appartement au dernier étage d'un immeuble dans un quartier populaire de Santiago.
Le chat, tout blanc, c'est Simenon, philosophe, gourmand et impertinent ; il connaît Shakespeare.
Au bistrot du coin, Heredia prend la défense d'un jeune Péruvien solitaire, Aparicio Méndez.
« Une partie du quartier s'appelle 'la petite Lima'. Les Péruviens viennent au Chili en croyant que c'est le paradis, mais c'est une erreur. Il y a beaucoup de monde autour de la table et, aujourd'hui, plus personne ne multiplie les pains. » (page 28).
Peu de temps après, Aparicio Méndez se présente au bureau du détective avec un ami, Roberto Coiro, 40 ans. Le frère cadet de Roberto, Alberto Coiro, 25 ans, a disparu depuis deux semaines. Heredia est-il d'accord pour enquêter ?
« La vie est plus facile si on ne parle pas de religion, de politique ou de foot, disait un de mes professeurs à l'orphelinat […]. » (page 32).
Heredia va se démener pour savoir ce qui est arrivé au jeune Alberto. Il va enquêter parmi les émigrés péruviens qui subissent le racisme et vivent dans la pauvreté même s'ils ont un travail.
« Chiliens, Péruviens, Argentins, Boliviens, on est tous dans la même galère. La misère a partout le même visage. » (Aparicio Méndez, page 175).
Un de mes passages préférés
« Simenon est venu s'installer près de moi. Son oisiveté et sa beauté étaient intactes malgré l'âge et les coups de griffe récoltés dans ses bagarres avec les autres chats du quartier. Nous avions tous deux grossi depuis l'après-midi où il était arrivé dans mon bureau maigre et affamé, avec juste assez de forces pour s'allonger sur les quatre tomes des romans de Simenon. Depuis lors, il avait un nom, un foyer et toujours quelques gouttes de lait et de quoi manger. Depuis lors, le volume de mes livres entassés au hasard avait lui aussi augmenté. » (page 59).
Voilà un privé tout ce qu'il y a de plus attachant : il a bientôt 50 ans, il est célibataire mais a quelques liaisons, il est souvent à court d'argent et joue aux courses (parfois il gagne), il picole juste un peu histoire de fréquenter les bars du quartier (on y append beaucoup de choses), il écoute du jazz et du classique (surtout Mahler) et c'est un gros lecteur (Léo Malet, Simenon, Shakespeare, Boulgakov, Conrad...). Il a des relations intéressantes avec quelques amis, en particulier le vieil Anselmo, kiosquier en bas de l'immeuble, Cardoza l'inspecteur de police, Campbell le journaliste, Franklin Serón le flic retraité, et un mystérieux écrivain en panne d'idées à qui il balance ses histoires.
Et puis aussi, il y a un véritable dialogue entre Heredia et Simenon, bon pas devant témoin, seulement lorsqu'ils sont les deux, mais j'adore !
Un autre de mes passages préférés
« La sirène d'une ambulance m'a fait penser qu'une tragédie avait dû avoir lieu à l'autre bout de la ville. Allons, me suis-je dit, la vie continue. Je me suis éloigné de la salle de billard, en pensant au compagnon de mes nuits d'insomnie : Le livre des samouraïs du maître Yamamoto Tsunetomo. Pour vivre, disait le texte, il faut se nourrir d'intelligence, d'humanité et de courage. L'intelligence consiste à savoir apprendre des autres, l'humanité, à œuvrer pour les autres, et le courage à 'serrer les dents et à avancer en toutes circonstances'. » (page 88).
Je veux lire les autres tomes !!!
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