La coupure est un roman d'Erica Wagner paru aux éditions Au-delà du raisonnable en octobre 2010 (265 pages, 17,50 €, ISBN 978-2-91917-401-0). Seizure (2007) est traduit de l'anglais par Judith Strauser.
Je remercie Blog-o-Book de m'avoir envoyé ce roman, me faisant découvrir cette maison d'éditions et cet auteur. Au-delà du raisonnable est en effet un tout jeune éditeur qui possède pour l'instant quatre romans à son catalogue.
Erica Wagner est née à New York en septembre 1967 mais vit en Angleterre depuis les années 80 et a étudié à Londres. Elle travaille dans le monde littéraire (Times, New York Times, jury de prix littéraires) et son mari, Francis Gilbert, est professeur et écrivain. La coupure est son premier roman. Ses autres titres sont un recueil de nouvelles Gravity (1997) et de poèmes Ariel's Gift : Ted Hughes, Sylvia Plath and the Story of Birthday Letters (2000). Plus d'infos sur son site : http://www.ericawagner.co.uk/.
« […] je ne me souviens pas du bruit des perles près de mon oreille quand elle m'embrassait pour la nuit. Je n'ai aucun souvenir. » (pages 9-10). Janet Ward a perdu sa mère dans un accident de voiture lorsqu'elle avait 3 ans. Depuis elle a des crises d'épilepsie.
Janet et son compagnon Stephen, violoniste dans un quartet, sont au mariage d'Adam et Alex. Janet s'est occupée d'Adam quand il était enfant et elle est amie avec sa mère, Shelley. Mais pendant le mariage, elle sent une crise venir. Le couple préfère prendre l'air et rentrer.
De retour à la maison, Janet écoute un message au répondeur. C'est Ernest Jackson, de chez Jackson, Thomas et Strang qui lui demande de rappeler.
La nuit, elle rêve de sa mère et de la tombe où elle est ensevelit.
Mais le lendemain matin, en appelant Ernest Jackson, Janet apprend que sa mère, Margaret Justice Ward, était en vie, qu'elle vient de mourir et qu'elle lui lègue une petite propriété sur une falaise à 500 kilomètres au nord de Londres !
« – Votre mère est décédée il y a trois semaines, mademoiselle Ward. Sa voix était tellement plate, tellement pragmatique. Si vous aviez une autre version des faits, j'en suis désolé. – C'est le cas, dit-elle, j'avais une autre version des faits. » (page 23).
Pourquoi sa mère l'a-t-elle abandonnée ? Pourquoi son père lui a-t-il toujours menti ? « Au-delà d'un océan, mon enfance : les lumières sont éteintes. » (page 52).
Janet n'attend pas que Stephen puisse prendre des vacances et l'accompagner, elle décide de partir. Tout de suite. Seule. Et découvre la maison, sa maison. « Grise sur un ciel gris, et une mer grise, la maison. Le Shieling. » (page 64).
Mais elle se retrouve face à un homme qui dit vivre là car c'est sa maison. Il s'appelle Tom.
C'est à ce moment-là qu'elle se coupe, à cause d'un verre de whisky qui « s'écrasa sur les dalles de pierre ». Mais la coupure n'est-elle pas plus grave et plus profonde que cette petite blessure que Tom soigne rapidement ? « […] elle lui tendit sa main, et il souleva la serviette et inspecta la coupure, qui était bien nette et longue de deux centimètres à peine. » (page 92).
Janet se sent irrésistiblement attirée par Tom mais qui est-il et que veut-il vraiment ? « […] j'attendais quelque chose. Je vous attendais vous. » (page 124).
Attention, ce livre ne parle pas que d'épilepsie et de mensonges. Mais je ne peux en dire plus...
Il est à la fois très bien écrit, très poétique, à la limite gothique, et... dérangeant.
Je suis ressortie de cette lecture sous le choc, mais voici des phrases qui m'ont plu et que je veux partager avec vous.
« Les choses changeaient. On ne les voyait pas changer, mais elles changeaient. » (page 24).
« Il y a toujours quelque chose qui nous manque. Même les choses qu'on déteste. Même les choses qu'on craint. Elles sont à l'intérieur de nous, c'est tout, tout près des choses qu'on aime, emmêlées avec les choses qu'on aime.