La Marseillaise est un roman
social de Hervé Mestron publié aux éditions Chants d'orties dans la collection Graines d'orties en
septembre 2011 (47 pages, 8 €, ISBN 978-2-918746-06-5). Il y a 10 illustrations en noir et blanc de Christine Dècle.
Hervé Mestron est né en 1963 à Valence (Drôme) mais il vit à Auvervilliers (Seine-Saint-Denis). Il a étudié la musique puis s'est lancé dans l'écriture pour la jeunesse. Il est aussi scénariste. Plus d'infos sur son site.
Je remercie Valérie de m'avoir contactée et de m'avoir envoyé ce roman jeunesse.
Yasmina, lycéenne en classe de seconde, est la sœur cadette de Mohamed (Momo). C'est elle la narratrice.
Momo qui a sifflé La Marseillaise pendant un match de foot médiatisé « à côté des caméras et du service d'ordre » (page 11).
Momo qui va être jugé et reste maintenant enfermé dans sa chambre.
Pendant que son copain Moncef prépare en douce une fuite.
« Le pays nous regarde. » (page 7).
« Aujourd'hui la décoration c'est nous. » (page 9).
Pourquoi Momo a-t-il agi comme ça ? Il a pourtant fait des études, il a un travail et il est beau gosse ! Donc l'avenir devant lui !
Lorsque Momo fuit, la police lance un avis de recherche national et il est considéré comme un criminel (un terroriste ?).
« La terre entière est au courant maintenant. » (page 22).
Graines d'orties est la collection de romans jeunesse des éditions Chants d'orties. Elle permet aux jeunes et même aux adultes de se poser des questions sur la société. Dans ce roman, l'auteur questionne sur la société, les symboles d'une nation et le pouvoir (médias, gouvernement, groupes).
Yasmina raconte non sans humour, son incompréhension devant le geste de son frère et les suites disproportionnées. Un geste en fait anodin (siffler) mais pourtant là un acte répréhensible.
À travers ce fait divers, La Marseillaise est un peu sortie de l'oubli ! Qu'est-ce que La Marseillaise ? Que représente-t-elle ? Pourquoi ses paroles guerrières n'ont-elles pas été changées (comme l'ont fait d'autres pays pour leurs hymnes) ? A-t-elle encore un sens aujourd'hui ?
Mon humble avis : je suis pour que les paroles soient modifiées (ou alors qu'un autre hymne soit choisi). Après tout, Rouget de Lisle a écrit les paroles de La Marseillaise dans un contexte patriotique et révolutionnaire et ce texte doit être préservé au niveau historique (poétique ?) mais il n'a plus sa place de nos jours (et même depuis bien 70 ans). Qui a envie de hurler « Aux armes, citoyens... ! » ? Le jour où les gens descendront dans la rue en criant ça, et en plus s'ils sont armés, je vous explique pas !
Yasmina passe en revue la banlieue où
les gens sont parqués (*), les contrôles, les blagues pas drôles des policiers, les familles qui vivent en France depuis 3, 4 ou 5 générations et les jeunes
qui sont Français mais qui se sentent rejetés. Elle va aussi s'investir, avec son lycée, avec les profs, les copines et interviewer des gens pour connaître leur avis.
J'aime bien cette démarche, communiquer, aller vers l'autre, lui demander son avis, le comparer avec sa propre opinion, c'est constructif.
(*) Pour moi, les gens sont « parqués » partout, dans les immeubles de banlieue comme dans les immeubles de centre-ville ou proches du centre-ville, et également dans les lotissements de pavillons identiques (même si c'est pour beaucoup plus agréable de vivre dans une maison que dans un immeuble).
Leur mère est désemparée, elle a honte, elle n'ose plus sortir de chez elle, elle a peur des reproches que les autres pourraient lui faire sur la mauvaise éducation de son fils.
On voit l'importance de la mère même si elle se sent impuissante. Elle est pourtant le chef de famille puisque son mari est décédé. Mais elle est trop tributaire du regard des autres, de leur opinion sur des choses privées, du qu'en dira-t-on ; il faudrait s'affranchir de ça. Yasmina est plus pragmatique, elle fréquente le lycée, elle a des contacts réguliers avec des jeunes de son âge et des adultes avec qui elle peut confronter ses opinions.
Après la fuite de Momo, ça dégénère, c'est l'escalade de la violence et les médias jubilent. Des jeunes d'ailleurs, surnommés la racaille (page 36), viennent casser et brûler ; les CRS sont envoyés ; les politiques de tout bord en profitent pour faire leur beurre et des militants viennent mettre leur grain de sel voire de l'huile sur le feu.
Rien de bien nouveau sous le soleil, on voit ça à chaque fois (malheureusement)...
Comme vous pouvez le voir, voici un petit livre qui en dit beaucoup et qui porte à réflexion !
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Le petit point faible Je pense que l'auteur n'a pas vraiment utilisé les mots et le style qu'auraient utilisés une adolescente de 16 ou 17 ans, qu'elle habite en banlieue ou pas.
Mon passage préféré Le coup du couscoussier ! (pages 29-30).
26e roman pour le 1 % de la rentrée littéraire et 6e roman pour le challenge Littérature jeunesse & young adults. |
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