La trace du papillon : pages d'un journal (été 2006 – été 2007) est un recueil de textes courts écrits par Mahmoud
Darwich à la fin de sa vie et publiés en avril 2009 aux éditions Actes Sud dans la collection Mondes arabes (186 pages, 20 €, ISBN
978-2-7427-8264-2).
Textes très courts (une ou deux pages, quatre pour les deux derniers textes) et poèmes (en vers ou en prose) dans lesquels l'auteur parle de ce qu'il voit, de ce dont il se souvient, de ce dont il a peur : la guerre, la mort, l'obscurité, la nostalgie, l'image de soi, le bonheur d'être en vie, la musique, les saisons, l'amour... De ce qu'il observe : enfants, animaux (surtout les oiseaux), arbres, couleurs, la beauté...
Rencontre avec Naguib Mahfouz sur le Nil, concert d'Oum Kalsoum, souvenirs de Beyrouth, Cordoue, Madrid, Rabat, Skogäs (banlieue de Stockholm), Paris...
Ainsi violence et folie des hommes (guerre, destruction) côtoient douceur de vivre et poésie, humour aussi (le moustique pages 21-22, l'arbre page 30, 'Un deux trois' page 57, le mot page 126).
Un beau recueil à lire d'une traite pour s'imprégner de la pensée de Mahmoud Darwich ou texte après texte pour réfléchir un peu chaque jour. Pour vous en convaincre, voici quelques extraits.
« Les morts des deux bords, quant à eux, comprennent tardivement qu'ils ont un ennemi commun : la mort. Cela a-t-il un sens ? Quel sens ? » (page 26).
« Si l'on me dit : Tu mourras ce soir, que feras-tu du temps qu'il te reste ? […] puis j'irai à pied au cimetière ! » (pages 27-28).
« Les critiques m'assassinent parfois […]. Les critiques m'assassinent parfois mais je ne meurs pas [...]. » (page 63).
« La trace du papillon est invisible. La trace du papillon ne s'efface pas. » (page 78, poème qui donne son titre eu recueil).
« Mais il y a une philosophie dans l'insouciance. Elle est l'un des attributs de l'espoir ! » (page 87).
« Le vin me porte à un rang plus élevé, ni céleste ni terrestre. Il me donne la conviction que je peux être poète, ne serait-ce qu'une fois ! » (page 103).
« Le patrimoine est se qui s'écrit aujourd'hui... et demain. » (page 143).
Mon extrait préféré : « La différence entre le narcisse et le tournesol est celle qui distingue deux façons de voir. Le premier regarde son image dans l'ondée et dit : Il n'y a que moi. Le second regarde le soleil et dit : Je ne suis que ce que je vénère. » ('Point de vue' page 105).
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