La voie du chat est un film de 90 minutes réalisé par Myriam Tonelotto en 2009. Je remercie F. de nous avoir fortement conseillé ce film dont nous n'avions jamais entendu parler.
Une jeune femme rentre chez elle. Elle est inquiète car son chat noir a disparu depuis dix jours. Tout à coup, le chat noir apparaît dans la psyché et l'autre chat de la maison traverse le miroir ! La jeune femme est surprise, d'autant plus que son double apparaît de l'autre côté du miroir : c'est son salon mais pas à la même époque ! Elle traverse à la suite du chat.
Dans « son » salon, intellectuels et artistes de la fin du XIXe siècle boivent le thé et chacun donnent son avis sur le chat et sa relation avec les humains : Chateaubriand, Théophile Gautier, Victor Hugo, le peintre Steinlen (affiche du chat noir)...
Philippe Kaenel va nous apprendre que le chat est « un animal post-révolutionnaire » qui représente la liberté et c'est pourquoi les contemporains de la Belle Époque ont encensé ce félin. Il va apparaître dans l'Art, avec des peintres influencés par le japonisme. Nombreux écrivains vivent alors avec un chat, symbole d'indépendance.
Un extrait
« Veuillez m'excuser, auriez-vous aperçu mon stylo ?
– Mais vous êtes Natsume Soseki ? J'ai adoré votre roman, Je suis un chat ! Le point de vue de votre chaton noir sur la société japonaise de l'ère Meiji est d'une ironie féroce.
– Ah ?... Non, je n'ai rien écrit de tel ! Mais c'est une bonne idée, je vais y réfléchir. »
Puis la jeune femme, poursuivant ses deux chats, se retrouve en kimono, sur une plage du sud du Japon. On est au XXe siècle. Ikoma Hideo explique que les chats et les humains sont victimes de la maladie de Minamata apparue en 1953, à cause du mercure rejeté par l'usine Chisso depuis les années 20. Les images de chats bavant et devenus fous sont... insupportables !
Ensuite, on va à Kishigawa, dans l'ouest du Japon, où Tama officie comme chef de gare : Tama est une chatte de 9 ans !
Vous l'aurez compris, le Japon tient une grande place dans ce film. Mais nous suivons aussi la jeune femme et ses deux chats en Angleterre, au poste d'aiguillage de Hebden Bridge où il y a des chats « cheminots contre les souris et les rats » ; puis aux États-Unis où Jürgen, un ingénieur allemand a inventé une Catcam qui permet aux gens de savoir ce que leur chat fait la journée.
Un bref passage dans le salon, au XIXe siècle. Dans la rue, des suffragettes défilent. Malheureusement, les intellectuels prêts à défendre la liberté et l'indépendance du chat, pensent différemment pour la femme...
De retour aux États-Unis : à Wabasha, dans le Minnesota, un hôtel centenaire, l'Hotel Anderson Historic House, est devenu un « cathouse » et propose aux clients de louer un chat pour la nuit !
Et de nouveau au Japon, où le chat est devenu un des symboles de la consommation, une évolution due au fait que les amoureux des chats (on dit ailurophile, j'ai appris un mot !) ont transformé la notion de liberté en affirmation de soi et le chat en quelque chose de kawaii (mignon). À Tokyo, des boutiques spécialisées félines, des chats déguisés et customisés (sans commentaire...), de l'acupuncture pour les chats avec le célèbre docteur Ishino (pourquoi pas si ça soigne les chats qui ont des problèmes de transit intestinal ou urinaires), le « meowlingual » (un gadget), un cat-café... Dans les rues, des maneki-neko faisant signe aux passants, des chats errants... Dans le parc d'Ueno, des chats et des chatons qui tiennent compagnie aux sans-abri (et je peux vous dire que ces sans-abri qui prennent soin des chats sont très émouvants, je les ai vus, en vrai).
Encore un passage aux États-Unis, à Providence, à la clinique Steer House qui accueillent les malades d'Alzeimher, et où le chat Oscar fait partie de l'équipe de soins ! Ainsi ce documentaire montre que les chats accompagnent les humains à tous les moments de leur vie et jusqu'à la fin de leur vie...
Une partie animation (pour la fiction) et une partie filmée (pour le documentaire).
Au début, j'ai été surprise par les dessins : ils bougent tout le temps, comme s'ils clignotaient. Mais le film est tellement intéressant que je me suis vite habituée ! Je l'ai même regardé une deuxième fois.
Myriam Tonelotto, la réalisatrice, a travaillé en collaboration avec Jérôme Jouvray (directeur de l'animation), Marc Hansmann (musique et son, montage), Sandra Denis (voix) et Lionel Dersot (coordination avec le Japon) entre autres.
Ce film met à l'honneur les chats, les relations qu'ils entretiennent avec les humains, leur liberté, leur place au XIXe et XXe siècles et dans la société moderne.
Il met très en avant la Belle Époque (alors challenge Belle Époque) et le Japon (alors challenge Dragon 2012 et les 10 jours japonais de Choco).
Le site officiel du film (cliquez sur la bannière ci-dessous).
La bande annonce sur YouTube.
Plus de vidéos sur la chaîne de La voie du Chat
http://www.youtube.com/user/laVoieDuChat
PS du 7 avril 2012
Je vous invite à consulter les commentaires car Myriam Tonelotto, la réalisatrice, a laissé un commentaire long et intéressant avec des infos inédites et deux liens.