Laisser les cendres s'envoler est un roman de Nathalie Rheims paru aux éditions Léo Scheer le 22 août 2012 (255 pages, 19 €, ISBN 978-2-756103921).
Nathalie Rheims est née le 25 avril 1959 à Neuilly sur Seine. Elle est comédienne, productrice et auteur. Plus d'infos sur http://www.nathalierheims.net/.
« J'ai perdu ma mère. Elle a disparu il y a plus de dix ans. » (page 5), voici comment commence ce roman.
Une femme raconte la souffrance qu'elle a dû taire, la solitude, les secrets de famille, les non-dits... Son enfance, son adolescence, sa famille riche (l'auteur est apparentée aux Rothschild), son père toujours absent, sa mère belle et aimée de tous, le départ de celle-ci avec un autre homme, un artiste peintre, alors que la narratrice est enfant...
Ce qui l'empêche de perdre pied, malgré son agoraphobie, malgré l'anorexie, c'est le théâtre et son esprit d'indépendance.
Alors je vous le dis tout de suite, j'ai arrêté ma lecture vers la page 130... Ce n'est pas de la littérature qui me plaît et je ne dirais pas que c'est un roman. Il n'y a pas de chapitres et j'ai eu l'impression de ne pas savoir où m'arrêter. Les phrases s'enchaînent sans discontinuité, parfois ça saute du coq à l'âne, je me suis sentie étouffée par ce livre. Pas parce que je n'aime pas les familles riches, ou les familles à problème, ou les relations mère-fille (ici plutôt le manque de relations en l'occurrence) mais je me dis que le lecteur n'est pas un psy (j'ai eu cette impression d'être prise en otage).
L'auteur critique les personnes qui vont raconter leur vie et se disputer sur les plateaux télé (pages 96 à 99), mais pour moi un auteur qui raconte sa vie de cette façon (surtout les pertes, perte d'un parent, perte d'un enfant), c'est la même chose ! Ça donne un « faux roman ».
Et puis il y a un passage qui m'a fortement dérangée, je vous laisse le lire : « Je venais d'atteindre la majorité, j'étais libre et pourtant je continuais à me sentir prisonnière, comme si j'avais été victime d'un rapt et que je croupissais depuis des années dans une cave, sans savoir qui était mon geôlier. » (page 105). La narratrice a atteint sa majorité à la fin des années 60, elle est riche, libre, belle sûrement et courtisée, alors comment peut-elle se comparer à des jeunes femmes qui ont vécu des choses horribles fin des années 90 et années 2000 ? Je trouve ça malsain, ou dans le meilleur des cas très maladroit... Et cependant, à la même page, il y a des réflexions intéressantes sur les Illuminati, l'antisémitisme, les banquiers et la création du capitalisme moderne au début du XIXe siècle (je vous l'ai dit que ça sautait parfois du coq à l'âne).
Je n'ai donc pas réussi à m'intéresser à ce récit et au bout d'un moment l'expression qui m'est venue à l'esprit est « pauvre petite fille riche ». Pourtant je ne remets pas en cause la souffrance et la solitude de la narratrice (mais comme je l'ai déjà dit, le lecteur n'est pas un psy) et je sais qu'il y a des lecteurs pour ce genre de littérature féminine. J'avoue que je me suis un peu forcée pour continuer la lecture car il y a quand même des choses qui me touchent (je ne suis pas insensible) et de jolies phrases. En voici quelques-unes.
« J'aurais tant aimé en parler avec elle. Mais toutes ces questions restaient cadenassées dans ma gorge. Le jour où je parviendrais à les libérer, à oser me confier à elle, il serait trop tard. » (page 36).
« Je découvrais que l'amour inconditionnel n'existe pas. Il y a toujours des conditions, des négociations, des affrontements, des ruptures. » (page 108).
Je remercie Nathalie Rheims qui m'a dédicacé ce livre et Gilles Paris qui me l'a envoyé : il faut bien tenter ce genre de lecture ! Mais ce « roman » est le quatorzième livre de l'auteur et je n'ai pas envie d'en lire d'autres...
En plus c'est mon premier roman de la rentrée littéraire [challenge 1 % de la rentrée littéraire 2012] et je suis déçue que ce soit une grosse déception... Déjà que je la sens moins bien cette rentrée littéraire... J'espère pourtant dégoter quelques belles pépites, mais je pense que ce sera plutôt dans la littérature étrangère !