Le baisespoir du jeune Arnold est un roman de Vladan Matijević paru aux éditions Les Allusifs en octobre 2009 (131 pages, 14 €, ISBN 978-2-922868-87-6). Van kontrole (2005) est traduit du serbe par Gojko Lubić.
Je tiens à remercier la Ulike Team qui m'a envoyé ce roman (il y avait aussi un marque-page) dans le cadre de La Serbie à l'honneur, challenge organisé par Le Globe Lecteur, un nouveau blog que je ne connaissais pas.
Vladan Matijević est né à Čačak (capitale du district de Moravica en Serbie, au sud de Belgrade) le 16 novembre 1962. Il a une formation d'ingénieur mais travaille en fait dans un musée et a commencé à écrire de la poésie dès les années 80. Le baisespoir du jeune Arnold est son premier roman mais Les aventures de Minette Accentiévich, un roman érotique a déjà été publié par Les Allusifs en juin 2006. Sont également parus dans son pays des recueils de poésie et de nouvelles.
Le narrateur est Arnold Krüger, un étudiant un peu porté sur la chose qui traîne son baisespoir car il n'a plus ni logement, ni travail, ni fac, ni copine. Il va expliquer pourquoi mais annonce dès le début qu'il commence par la fin, « des effets aux causes », alors il va falloir s'accrocher pour suivre et reconstituer l'histoire : « Ce qui s'est passé ensuite, je l'ai écrit plus tôt, et ce qui s'est passé avant, je vous le dirai plus tard. » (page 29).
En résumé...
Comment Arnold a raté son enfance : sa mère était alcoolique, son père s'est suicidé, son premier beau-père avec qui il s'entendait bien a fait de même et son deuxième beau-père étant alcoolique, sa mère l'a placé dans un orphelinat.
Comment il a raté ses examens, a mis sa copine Gertrude enceinte, l'a épousée, et comment elle l'a quitté, le chat Rudolph y étant pour beaucoup : « Rudolph, le chat de Gertrude, me regardait avec une haine non dissimulée. » (page 84).
Depuis, il vit dans l'ancien appartement d'Adolf, un copain décédé (sa grand mère l'a découpé à la hache parce qu'il avait mis du sucre dans le réservoir de sa moto...).
Comment il retrouve sa bande de copains au Cheval ivre où les joyeux lurons boivent et s'amusent.
Comment il a été injustement accusé de viol par Eva, la footballeuse, alors qu'ils faisaient simplement l'amour en public (chose tout à fait normale). C'est pourquoi il passe en ce moment au tribunal pour être condamné.
Le pays n'est pas nommé mais allons-y pour la Serbie. Un pays complètement désorienté où il y aurait des poissons-oiseaux, une guerre entre les « fossiles » (les retraités) et les « marteaux » (les collégiens) mais il ne faudrait pas que les honnêtes gens soient touchés par ce conflit donc il a été décrété que les combats se dérouleraient la nuit (et le matin les employés des camions-poubelles ramassent les cadavres... sauf en cas de grève !).
Les noms des personnages étant plutôt allemands, j'y ai vu un clin d'œil à Kafka (écrivain tchèque mais de langue allemande).
J'y ai vu aussi surréalisme, absurde, incompréhension : « Je ne le comprenais pas. Je comprenais ses paroles, mais pas le sens de ses phrases. » (page 39), jeunesse désœuvrée : « Nous nous sommes signés et avons prié pour le salut de nos corps. […] Nous prenions du bon temps. Nous ne désirions rien changer. Nous jouissions de notre oisiveté, de l'alcool et de la paix. » (page 71), brutalité des policiers et « premières élections libres ».
Quelques extraits
« Rien n'est le fruit du hasard. Remarque de l'auteur à l'intention du typographe : composer la dernière phrase en capitales, ça fait plus profond. » (page 12).
« Selon diverses enquêtes, c'est un titre attrayant ou une belle couverture qui motive l'acheteur de livres moyen. » (page 14).
L'auteur s'adressant aux lecteurs : « Si vous décidez de plonger avec moi dans ce roman, bien que je ne vous le conseille pas, sachez que nous referons surface au début de cette histoire. » (page 10), « Les dialogues sont vieux, il va falloir que je les graisse pour que dans la suite du roman leur grincement ne vous tape pas sur les nerfs. » (pages 12-13), « Cette place a été laissée vierge pour que vous puissiez y noter, si vous les connaissez, les événements qui ont eu lieu entre mon réveil […]. (page 89).
Je pense que je n'ai pas tout compris de ce roman déroutant mais cependant agréable à lire et d'une grande originalité. Vladan Matijević est à coup sûr un auteur extravagant à l'imagination débordante, un auteur à découvrir et à suivre en tout cas !
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