Le bibliothécaire est un thriller politique de Larry Beinhart paru dans la collection Série noire de Gallimard en novembre 2005 (450 pages, 24 €, ISBN 2-07-077327-2 ; réédition en Folio, mai 2007, 545 pages, 8,60 €, ISBN 2-07-034238-7). The Librarian (2004) est traduit de l'américain par Patrice Carrer. Grand prix de littérature policière 2006.
Né en 1947, Larry Beinhart vit à Woodstock (État de New York) avec sa femme (le couple a deux enfants). Auteur de romans, nouvelles, scénarios et articles, il a reçu plusieurs prix (Edgar Award, Gold Dagger, Prix Raymond Chandler...). Il a exercé différents métiers en particulier dans le cinéma ou comme conseiller politique ou animateur de télévision (il sait donc de quoi il parle dans son roman).
Son précédent thriller, American hero (en français : Reality show, Folio policier 313) a été adapté au cinéma sous le titre Wag the dog (en français : Des hommes d'influence) avec Dustin Hoffman et Robert de Niro.
« Elaina Whisthoven aimait les livres. Croyant que cet amour lui serait payé de retour, et désireuse de servir l'humanité, elle était devenue bibliothécaire. » (page 12). Elaina travaille donc à la bibliothèque de l'université de Washington mais, à cause de réductions budgétaires, elle perd son poste. Six mois après, elle y retourne pour annoncer à David Goldberg, le directeur du service informatique qu'elle a un nouvel emploi dans une bibliothèque privée mais qu'elle a besoin qu'il la remplace deux jours chez Alan Carston Stowe car elle doit s'absenter. « À force de remplacer Elaina qui continuait à ne pas venir, jour après jour, j'ai fini par devenir le bibliothécaire de M. Stowe » (page 23).
David Goldberg devient alors le bibliothécaire privé de Stowe.
« Un bibliothécaire n'a pas un statut social très élevé, et nous ne gagnons pas non plus beaucoup d'argent ; plus qu'un poète, d'accord, mais pas autant qu'un type qui sait bien faire la manche. Alors, nos idéaux comptent beaucoup pour nous, et aussi l'amour des livres, l'amour du savoir, l'amour de la vérité et de la liberté d'information, le désir que les gens puissent découvrir les choses par eux-mêmes. Qu'ils puissent lire, oh, des histoires d'amour ou des romans policiers, ce qu'ils veulent. Et que les pauvres puissent avoir accès à Internet. » (page 79), déclare-t-il à Niobé qu'il a rencontrée chez le vieux milliardaire et dont il est tombé amoureux malgré le fait qu'elle soit mariée au colonel Jack Morgan.
Mais David ne sait pas où il a mis les pieds... Il est surveillé et certains veulent même le tuer.
« Spinnelli avait posé des micros dans les trois pièces de ce qui était, à ses yeux, un misérable petit appart, avec une télévision de trente-trois centimètres et des piles et des piles et des piles de bouquins. Des étagères pleines de bouquins. Des bouquins ouverts sur la table, et des bouquins près du lit. [...] Spinnelli s'était dit que ce gars ne devait pas avoir de vraie vie, pour être ainsi constamment plongé dans les livres. » (page 124).
Pendant ce temps, la campagne présidentielle bat son plein. Du côté républicain, Augustus Winthrop Scott, le président sortant, partisan de la guerre. Du côté démocrate, Anne Lynn Murphy, engagée comme infirmière au Viêtnam et animatrice d'une émission médicale avant qu'elle ne se lance en politique.
Poursuivis par les barbouzes de la sécurité du territoire, David, Susie (chez qui il a trouvé refuge), Inga (une collègue) et Niobé vont devoir trouver des preuves et les faire parvenir à Anne Lynn Murphy avant que le pays ne soit la proie de terroristes mécontents qu'une femme puisse être à la présidence des États-Unis.
« Ces flics qui débarquent dans les bibliothèques la rendaient furieuse. Les bibliothèques, c'était la liberté. Des torches dans l'obscurité, des bastions dressés contre la fascination fascisante du pouvoir qui guettait n'importe quel gouvernement. » (page 229).
Un thriller politique haletant, sans temps mort mais avec quelques moments de tendresse, et pas mal de références littéraires ce que j'ai trouvé vraiment original et passionnant. Je le conseille donc. Sauf si la politique et les magouilles politiciennes ne vous captivent pas du tout.
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