Le lion est un roman de Joseph Kessel paru aux éditions NRF/Gallimard en avril 1958 (318 pages). Il a depuis été réédité, en particulier en poche chez Folio, Folio junior, Folio classiques, ou dans les œuvres complètes de Joseph Kessel comme Reportages, romans chez Quarto Gallimard en avril 2010.
Joseph Kessel est un aventurier et un écrivain français né en Argentine le 10 février 1898. Enfant, il vit quelques années dans l'Oural avant que ses parents s'installent en France. Il étudie à Nice puis à Paris, participe aux deux guerres mondiales. Grand voyageur, il devient ensuite reporter et romancier. Il entre à l'Académie française en 1962. Il meurt en France le 23 juillet 1979 laissant derrière lui une œuvre conséquente : des reportages, le Chant des partisans, et une centaine de livres – de La steppe rouge (1922) à Les temps sauvages (1975) – dont certains adaptés au cinéma (Belle de jour, La passante du Sans-Souci, L'armée des ombres...).
Le Prix Joseph Kessel est décerné chaque année depuis 1991 à une œuvre littéraire de voyage, biographie, récit, essai rédigée dans la même veine que les récits de Joseph Kessel.
Après un voyage en Afrique Orientale (Kivou, Tanganyika, Ouganda et Kénya) et avant de se rendre à Zanzibar, l'auteur s'arrête pour deux jours dans le Parc Royal au pied du Kilimandjaro. Il était « arrivé la veille, épuisé, à la nuit tombante » (page 12). Au réveil, il a devant lui un petit singe et, au milieu du brouillard, le Kilimandjaro : « Les neiges du Kilimandjaro traversées de flèches vermeilles. » (page 14).
C'est en s'approchant d'un point d'eau pour observer les animaux s'abreuver ensemble qu'il rencontre Patricia. La fillette de 10 ans est la fille du responsable du parc et elle communique avec les animaux. « Et les fauves ? demandai-je à Patricia. » (page 35).
Plus tard dans la matinée, l'auteur fait la connaissance des parents de Patricia : Sybil Bullit, une Anglaise plutôt citadine, et son époux, John Bullit. Ancien chasseur et même braconnier – connu sous le surnom de Bull Bullit – repenti depuis une dizaine d'années, Bullit est l'administrateur de la réserve. « On aime les bêtes pour les voir vivre et non plus pour les faire mourir. » (page 94).
Sybil Bullit : « J'essaie de faire oublier qu'il n'y a pas une ville à trois cents kilomètres d'ici et qu'on trouve à la porte de cette maison les bêtes les plus dangereuses. » (page 51).
John Bullit : « Pour une fois que j'avais un visiteur convenable. […] Les touristes... Vous ne connaissez pas cette espèce. » (page 87).
Dans la journée, l'auteur découvre la réserve avec un ranger : « La Réserve était immense » (page 99) et « Les bêtes étaient partout. » (page 100) mais il est déçu car la voiture ne sort pas de la piste et il ne peut approcher les animaux : « J'avais le sentiment d'être puni, privé, frustré, volé. » (page 101).
Au retour de cette excursion, il croise deux Masaï, un vieux (Ol'Kalou) et un jeune (Oriounga), un morane c'est-à-dire un Masaï qui deviendra adulte dès qu'il aura tué un lion (même si c'est maintenant interdit par le gouvernement).
Le soir, l'auteur va boire le thé chez les Bullit mais Sybil devient hystérique : « Savez-vous qui est ce King que ma fille attend jusqu'au soir et par qui elle se fait reconduire, et de qui son père reconnaît la voix ? Le savez-vous ? […] Un lion ! Oui, un lion ! Un fauve ! Un monstre ! » (pages 128 et 129). Patricia est donc l'enfant du lion dont il a entendu parler...
L'auteur aurait pu se contenter de ce court safari et partir à Zanzibar comme prévu, mais il décide de rester jusqu'au dénouement, car il sait qu'il va se passer quelque chose.
Le lendemain, Patricia vient le chercher pour partir en voiture avec Bogo, le chauffeur Kikouyou, et Kihoro, le Wakamba borgne et balafré qui prend soin d'elle. Et l'auteur découvre King !
Les Masaï selon John Bullit
« Les Masaï ne vendent et n'achètent rien. Ils ont beau être noirs, il y a du seigneur en eux. » (page 58).
« Personne au monde n'était aussi riche qu'eux, justement parce qu'ils ne possédaient rien et ne désiraient pas davantage. » (page 169).
L'auteur se rend compte que les membres de cette famille s'aiment mais qu'il y a un problème entre eux. Sybil reste seule toute la journée et souffre de solitude, John est tout à son travail et à ses bêtes, Patricia n'en fait qu'à sa tête, mène les adultes par le bout du nez et considère son lion comme un jouet sous prétexte qu'il a été recueilli tout bébé et qu'elle s'est occupée de lui. Mais jusqu'où peut aller le jeu avant qu'il n'arrive un drame ?
Le récit de Joseph Kessel est vraiment beau, avec une description admirable de la nature et des animaux, du moins de ce qu'il en voit. Mais l'auteur pointe aussi le caractère des humains et, en fin observateur, tente de comprendre et de deviner ce qu'il va bien pouvoir se passer. Une fillette de 10 ans qui joue avec les adultes et les animaux, qui va éprouver de la jalousie lorsqu'elle verra que King a deux lionnes et des lionceaux, et de l'orgueil lorsqu'Oriounga la demandera en mariage. Elle n'a que 10 ans...
En fait, j'ai trouvé Patricia détestable, égoïste, prétentieuse et je ne crois pas que l'Afrique avait besoin de personnes comme cela.
Mais Le lion est un roman magnifique que j'ai été contente de relire (je l'avais lu enfant et, même si j'avais été émerveillée par le lion et par l'Afrique, je n'avais sûrement pas compris tous les ressorts de ce drame...), une belle aventure, un safari inoubliable !
J'ai choisi de lire Le lion pour Les coups de cœur de la blogosphère et j'en profite pour le présenter aussi dans J'aime les classiques puisque sont autorisés les classiques parus jusqu'en 1960.
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