Le moindre des mondes est un court roman de Sjón paru aux éditions Rivages en janvier 2007 (123 pages, 11 €, ISBN 2-7436-1609-1, édition poche en octobre 2008).
Skugga-Baldur (2003-2005) est traduit de l'islandais par Éric Boury.
Sjón – de son vrai nom Sigurjón Birgir Sigurðsson – est né en 1962 à Reykjavik (Islande), il est romancier, poète et parolier de la chanteuse Björk (Isobel, Bachelorette...). En 2005, il a reçu le Prix littéraire du Conseil Nordique pour Le moindre des mondes.
Du même auteur : Sur la paupière de mon père (roman, Rivages, octobre 2008) et Figures obscures (poésie, Cahiers de nuit, 2000).
Janvier 1883, le massif d'Ásheimar sous la neige. Le révérend Baldur Skuggason chasse une renarde rousse. « Elle va, court, vole sur l'étendue neigeuse telle une flèche ailée. » (page 12). « Quelle bête magnifique. Terre de Sienne, le pelage fourni et une imposante queue, elle ne pouvait pas être plus sauvage. » (page 14).
Dans la vallée de Dalur, à la ferme de Brekka. Hálfdán Atlason, « l'idiot du révérend Baldur » (son garçon de ferme) rend visite à Friðrik B. Friðjónsson, le botaniste. Hálfdán voudrait épouser la petite Abba (surnom de Hafdís Jónsdóttir) mais le botaniste est en train de clouer son cercueil. « La nouvelle a brisé le cœur de Hálfdán en tant de morceaux qu'il a éclaté en longs sanglots muets et que les larmes ont coulé de ses yeux et de son nez [...]. » (page 50).
Avril 1868, un vaisseau de commerce chargé de centaines de tonneaux d'huile de foie de morue s'était échoué... À son bord, une survivante attachée, une jeune fille qui a prononcé le mot Abba. C'était une attardée. Au même moment Friðrik est arrivé sur l'île. « Il était venu régler la succession de ses parents, tous deux emportés par la pneumonie [...]. » (page 67).
Après l'enterrement d'Abba, Friðrik ouvre le paquet qu'elle possédait et découvre des plaquettes de bois avec des inscriptions en latin : « Omnia mutantur – nihil interit », « Tout se transforme – rien ne se perd » Ovide (page 68) puis « léger est le fardeau qui est bien porté » (page 74).
Pendant ce temps-là, le coup de feu qui a tué la renarde a déclenché une avalanche et le révérend est prisonnier dans une cavité du glacier obstruée par la neige. Là une jeune femme fantôme apparaît puis la renarde reprend vie. Baldur Skuggason sombre-t-il dans la folie ? Y a-t-il un destin qui lie les êtres ?
Les descriptions de la nature et de l'animal sauvage sont tout simplement magnifiques.
Les chapitres sont très courts, une page, deux pages, et on est totalement happé par la lecture (la montagne ?).
Un roman magique, marqué par une grande poésie mais aussi par une réelle brutalité, celle des humains, celle de la nature hostile.
Ah, l'Islande... J'ai vraiment envie d'en savoir plus sur ce pays (histoire, traditions, littérature...) et je remercie Anne de m'avoir conseillé ce roman !
Un clin d'œil aux chats
« Quelque chose vient lui caresser la jambe. C'est le plus vieux matou des terres boréales : « Le petit Frikki ». Il a froid après son excursion hivernale, après son « Winterreise » de chat et il veut qu'on le fasse entrer à l'intérieur de la maison. » (page 84).
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