Le roman de l'Inde insolite est un essai de Catherine Golliau paru aux éditions du Rocher dans la collection Le roman des lieux et destins magiques le 28 janvier 2010 (202 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-268-06889-3).
Je remercie Céline des éditions du Rocher de m'avoir proposé et envoyé ce livre car cet immense pays qu'est l'Inde m'intéresse tout particulièrement.
Dans l'introduction, Catherine Golliau, qui a voyagé plusieurs fois en Inde, explique qu'il y a de multiples visions de l'Inde et qu'elles sont en fait différentes pour chaque personne.
Vous voulez en connaître plus sur l'Inde et les Indiens, Brahma, Vishnou, Shiva et les Veda, les castes, les traditions et l'Inde moderne, ce roman insolite est fait pour vous !
Dans des chapitres courts mais indubitablement intéressants, l'auteur raconte son Inde, ce qu'elle sait, ce qu'elle a vu et ressenti, par des anecdotes originales et il est vrai souvent insolites.
Purusha (le premier homme, démembré pour créer le monde), le Rigveda (le premier des quatre textes transmis par les divinités du panthéon Hindou) et sa rencontre avec un Brahmane au temple de Kailasanatha.
Le petit poisson rouge qui sauve Manu et son épouse d'un déluge similaire à celui de Noé.
Le mystère des ruines de Mohenjo-Daro, d'une civilisation d'une centaine de cités géométriques qui se serait développée vers 2500 ans avant JC et que les archéologues ont appelé la civilisation de l'Indus puis civilisation d'Harappa, et dont l'écriture n'est pas encore déchiffrée. « Ainsi meurent les civilisations : la terre s'appauvrit, l'économie s'étiole, la population rétrécit, les lettrés disparaissent et, avec eux, l'écriture [...]. » (page 33).
Le mythe des Aryens – « arya n'est qu'un adjectif qui signifie « noble », « moral » et « pur ». » (page 36) et nos ancêtres indo-européens.
Les batailles d'Alexandre Le Grand en Inde, son rêve de conquête avorté par son armée fatiguée, puis le conquérant Chandragupta et sa capitale Pataliputra, que le Grec Mégasthène émerveillé a décrite dans son Indica et qui est devenue Patna « la capitale de l'un des États les plus pauvres de l'Inde, le Bihar. » (page 55)...
Gautama Shakyamuni, l'ascète qui cherchant l'Illumination devint l'Éveillé.
Le roi Ashoka le Cruel, surnommé aussi le roi aux lions, animal que Nehru a choisi pour emblème au lieu du tigre. Ashoka, converti au bouddhisme est devenu Piyadasi, un roi vertueux et tolérant : démocratie, écologie, respect des sujets et des animaux, des besoins et du bien-être de son peuple ceci deux millénaires avant notre ère ! « L'État, a fait graver le roi « aimé des dieux », a le devoir de protéger toutes les religions, d'assurer leur développement et de favoriser entre elles les relations harmonieuses. » (page 73).
Akbar, le plus grand empereur Moghol, sacré roi à l'âge de 14 ans (1556), « un anticonformiste [...] torturé par les problèmes métaphysiques » (page 88) qui dialogue avec les musulmans, les hindous, les chrétiens, et finit par créer sa propre religion ! Qui ne lui survivra pas... (ça fait un peu secte en fait).
Le petit-fils d'Akbar, Shah Jahan connu pour le Taj Mahal qu'il fit construire en hommage à Mumtaz Mahal, son épouse (morte en juin 1631).
L'État de Bhopal qui fut gouverné par quatre générations de Bégums de 1819 à 1926 dans une région musulmane : Qudsia, Sikandar, Shah Jehan, Sultan Jahan.
La réussite de la famille Tata depuis plus de 150 ans, famille soucieuse des valeurs sociales. « Utiliser le mieux possible les savoir-faire de l'Occident pour se donner les moyens de le dépasser, telle est sa réponse au mépris. » (page 123) et « Ce qui fait avancer une nation ou une communauté, ce n'est pas de mettre en avant ses faiblesses et les plus démunis, mais de hisser les meilleurs et les plus doués, afin qu'ils rendent les plus grands services à leur pays. » (page 125). L'auteur connaît d'ailleurs Ratan Tata, qu'elle a rencontré en 1995 lors de son premier voyage en Inde.
« Je viens en Inde pour la première fois. Je n'en connais que les films du vieux Satyajit Ray, le Calcutta de La cité de la joie de Dominique Lapierre et les positions du Kama-sutra. » (page 127). J'en connais un peu plus (cinéastes, Bollywood, musique, auteurs, gastronomie, un peu d'histoire, j'ai lu La cité de la joie en 1985 puis j'ai vu le film en 1992, mais je n'ai jamais été en Inde, un rêve...).
Les universités indiennes, en particulier le très coté Institut de management d'Ahmedabad (dans le Gujerat) : « Ici, le temps ne compte pas, [...] les étudiants travaillent jusqu'à point d'heure [...] les professeurs [...] triés sur le volet [...] ont l'obligation d'être disponibles [...]. En échange, quel respect de l'autorité ! Ici, on discute, on argumente, mais on ne conteste pas. [...] culte de l'excellence intellectuelle. » (page 141) et l'université Visva-Bharah (Voix universelle) fondée au Bengale par Rabîndranâth Tagore en 1901 (Satyajit Ray et Indira Gandhi y ont étudié).
Les veuves sati (qui s'immolent sur le bûcher de leur mari), les hijras (descendants des eunuques) et tant d'autres choses...
Un livre exceptionnel, à lire, à garder, à consulter à nouveau, deux encarts de 8 pages chacun avec de belles photographies en couleur, et en fin de volume : chronologie, glossaire et bibliographie. Un livre à avoir dans sa bibliothèque et à offrir à ceux qui aiment déjà l'Inde ou qui sont curieux d'en connaître plus.
Ça me fait penser que j'ai depuis longtemps dans ma PAL Fous de l'Inde de Régis Airault (Petite bibliothèque Payot), Petite histoire de l'Inde d'Alexandre Astier (Eyrolles pratique) et le Mahâbhârata conté selon la tradition orale (Albin Michel, Spiritualités vivantes).
C'est dingue, je n'avais pas parlé de l'Inde depuis 2007 dans mon blog ! J'avais chroniqué Amal et la lettre du roi et Chitra, de Rabîndranâth Tagore en mars et Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, de Vikas Swarup en août et puis plus rien... Ce Roman de l'Inde insolite était le bienvenu donc !