Le roman de Tolstoï est un essai de Vladimir Fédorovski paru aux éditions du Rocher dans la collection Le roman des lieux et destins magiques en avril 2010 (235 pages + 16 pages de photos en couleur, 19,90 €, ISBN 978-2-268-06914-2). Deux annexes (doctrine de Tolstoï et quelques pensées de Tolstoï) et une bibliographie multilingue (pages 218 à 234).
Je remercie Céline et les éditions du Rocher de m'avoir envoyé ce livre car j'avais très envie de le lire pour l'année de la Russie en France. D'ailleurs j'en profite pour présenter cet ouvrage dans le cadre du challenge Une année en Russie.
Évidemment je ne vais pas réécrire ici la biographie de Léon Tolstoï : Comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï (Лев Николаевич Толстой) né le 28 août / 9 septembre 1828 et mort le 7 novembre / 20 novembre 1910.
Il faut que vous lisiez ce livre idéal pour appréhender la vie et l'œuvre de cet auteur grandiose !
De son enfance à Iasnaïa Poliana où il est né à sa mort à la gare d'Astapovo. De son domaine et de sa vie de famille. De Moscou et de Saint-Pétersbourg. De sa vie militaire avec son frère Nicolas à Kazan, dans le Caucase, puis à Sébastopol. De la guerre contre les Turcs en 1853-54 avec le Prince Michel sur le Danube (lire Le roman de Belgrade, de Jean-Christophe Buisson). De son premier voyage via Varsovie et Berlin en France, Suisse, Italie, et son deuxième voyage en France, Angleterre, Belgique. De son amour du jeu et des femmes. De sa vie de célibataire coureur de jupons, puis de son mariage avec une jeune femme beaucoup plus jeune que lui, Sophia Andreïevna, et de leurs enfants, tout ce qui a influencé ses romans : « Là, il y a la mémoire de la famille exprimée par mes ancêtres, exprimée en moi par mon caractère. Il y a la mémoire universelle, divine, spirituelle. C'est celle que je connais depuis le début du commencement, et d'où je proviens. » (page 183).
De ses premiers récits publiés dans Le Contemporain (Sovremennik, Современник), une revue littéraire créée en 1836 par Pouchkine. De son grand ami Tourgueniev. De son immense œuvre dans laquelle le lecteur croise des aristocrates, des paysans, des militaires, des Cosaques, des femmes, des tziganes, etc.
De ses idées humanistes, de sa volonté de libérer les serfs qui eux ne veulent pas de cette liberté, de sa morale et de sa spiritualité : « En Russie, les monarques peuvent devenir ermites, les fols en Christ gravir les marches les conduisant au trône et les écrivains, comme Tolstoï, prétendre au rôle de prophète. » (page 95) et « Il adorait parler de la nature, de la Russie, de Dieu, de la mort... » (page 182).
Quelques extraits pour vous donner encore plus envie de lire ce roman de Tolstoï impeccablement écrit par Vladimir Fédorovski !
« L'essentiel pour lui était de ne pas paraître ordinaire, de ne pas passer inaperçu, afin d'étonner. » (page 23).
« […] un sentiment qui dominera l'esprit de Tolstoï toute sa vie durant : l'indignation face à l'injustice. » (page 24).
Un précepteur français : « Ce petit a une tête, c'est un petit Molière ! » (page 35).
Un autre professeur : « Serge peut et veut ; Dimitri veut mais ne peut ; Léon peut mais ne veut. » (page 35).
« Jeune homme, il était promis à ce destin : créer un monde imaginaire, transplanter les caractères des êtres vivants dans des fantômes de son esprit. » (page 47).
Dans une lettre à Toinette alors qu'il est dans le Caucase avec son frère Nicolas : « Je ne sais si ce que j'écris paraîtra jamais dans le monde, mais c'est un travail qui m'amuse et dans lequel je persévère depuis trop longtemps pour l'abandonner. » (page 67).
« On peut écrire avec la tête ou avec le cœur. Lorsque je commence à écrire avec la tête, je m'arrête toujours et m'efforce de ne laisser parler que mon cœur. » (page 99).
« Si les hommes vivaient en frères, ils n'auraient besoin ni de gendarmes, ni de soldats, ni de tribunaux. » (page 221).
Alors, fantasque, colérique, obsédé sexuel, moraliste, prophète... ? Peu importe : c'était un sacré bonhomme ce Tolstoï ! Et en tout cas un exceptionnel, immense, génie de la littérature. D'ailleurs « À chacun son Tolstoï. » (page 9), n'est-ce pas ? Et pour moi, Tolstoï représente l'âme de la Russie.
Si vous avez le bonheur de pouvoir lire le russe, l'œuvre de Tolstoï est disponible en ligne sur http://az.lib.ru/t/tolstoj_lew_nikolaewich/ sinon une grande partie est en français sur http://fr.wikisource.org/wiki/Léon_Tolstoï.
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