Le ruban blanc (Das weiße Band – Eine deutsche Kindergeschichte) est un drame de Michael Haneke. Palme d'Or largement méritée au Festival de Cannes en mai 2009, le film est sorti dans les salles en octobre 2009. Il est en noir et blanc et dure 2 h 24.
Né le 23 mars 1942 à Munich (Allemagne), Michael Haneke est issu d'une famille mixte : sa mère est catholique et son père est protestant. Il a étudié la philosophie et la psychologie à Vienne et fut d'abord critique cinématographique avant de travailler pour la télévision allemande puis de réaliser des films.
Alors qu'il avait 31 ans, le narrateur avait un poste d'instituteur dans un petit village du nord de l'Allemagne. Devenu vieux, il raconte ce qu'il s'est passé dans ce village entre l'été 1913 et l'été 1914.
Tout d'abord, le médecin se blesse gravement lorsque son cheval trébuche sur un câble tendu (par qui ?). Ensuite, la femme d'un fermier meurt en tombant à travers le plancher de la scierie qu'elle nettoie. Après la Fête des Moissons, le fils aîné du veuf est puni car il a détruit en représailles un champ de choux-fleurs appartenant au baron qui fait vivre le village. Le jeune fils du baron, Sigi, est alors enlevé et torturé puis il en est de même pour Karli, le fils handicapé mental de la sage-femme, qui est la maîtresse du médecin. Pendant ce temps-là, les enfants (en particulier ceux du pasteur et ceux du régisseur du domaine) errent en groupe, mutiques et conspirateurs, espionnant tout et ne disant rien. C'est pourquoi l'enquête des policiers ne mènera à rien de précis. Mais l'instituteur observe de son côté et comprend des choses qu'il se voit forcer de taire... Heureusement, il pourra quitter le village à l'annonce de la première guerre mondiale car il est tombé amoureux d'Eva, une jeune fille d'un autre village.
J'avais lu dans bon nombre d'articles que ce film racontait comment une éducation catholique rigoriste avait formé les futurs nazis. Foutaises ! Le village a un pasteur, marié et père de plusieurs enfants. Pas l'ombre d'un catholique dans ce film, à part sûrement la gouvernante que la baronne ramène d'Italie mais elle n'apparaît que vers la fin et n'est pas un personnage important. Les habitants du village sont d'obédience protestante, sûrement luthériens. L'austérité et l'éducation rigide étaient de mise dans toute l'Europe en ce début de XXe siècle. Quant à la perversion, elle existe dès l'enfance, nos ancêtres le savaient même avant que Freud n'annonce que les enfants sont des pervers polymorphes. De plus, le nazisme est né en 1920 sur le terreau de la défaite de la guerre de 14-18. Peut-on affirmer catégoriquement que ces enfants des années 10 sont (tous) devenus les nazis des années 30 et 40 ?
En dehors ce cette polémique, ce film incroyablement beau est à voir absolument. J'ai aimé la voix off de l'instituteur qui raconte ses souvenirs, le noir et blanc grandiose, les paysages enneigés magnifiques et lumineux, les scènes présentées comme des tableaux et les jeux d'ombre. J'ai aussi apprécié que le réalisateur montre les gens tels qu'ils étaient en ce début de XXe siècle, sans faux-semblant, dans leur vie quotidienne, avec l'ennui, leur laideur, leur jalousie, leur frustration, leurs erreurs. Ce film est tout bonnement un chef-d'œuvre.