Les cahiers ukrainiens [mémoires du temps de l'URSS] est un récit-témoignage d'Igort paru aux éditions Futuropolis en juin 2010 (176 pages, 22 €, ISBN 978-2-7548-0266-6). Cette bande dessinée est traduite de l'italien par Laurent Lombard.
Après la bande dessinée russe de Nicolaï Maslov, j'aurais bien aimé vous dire que celle-ci est ukrainienne mais en fait Igort est Italien (sa famille est quand même venue d'Ukraine).
Igor Tuveri alias Igort est né à Cagliari (Sardaigne, Italie) en 1958. Il a commencé sa carrière en 1980 et a publié dans des revues italiennes (Il Pinguino, Frigidaire, Linus, Alter) puis françaises (Métal Hurlant, L'Écho des Savanes). En 2000, il a fondé les éditions Coconino.
Chez Futuropolis : La balade de Hambone (tome 1 : janvier 2009, tome 2 : juin 2010). Chez d'autres éditeurs : Goodbye Baobab (Milano Libri, 1987), Nerboruto (Edizioni Becassine, 1987), La léthargie des sentiments (Albin Michel, 1988), Dulled feelings (Catalan Communications, 1990), L'enfer des désirs (Les Humanoïdes Associés, 1991), That's all folks (Granata Press, 1993), Cartoon aristocracy (Carbone, 1994), Perfetti i invisibli (Skirà, 1996), 5 est le numéro parfait (Casterman, 2002, Alph'art du meilleur album à Angoulême), Fats Waller (Casterman, 2004), Baobab (Vertige Graphic, 2005), L'alligator : dis-moi que tu ne veux pas mourir (Casterman, 2007).
Plus d'infos sur son site officiel, http://www.igort.com/.
« Au début pour moi, l'Ukraine était quelque chose d'indistinct, un nuage appartenant au firmament soviétique. Et puis j'ai commencé à la visiter et les noms exotiques que j'entendais chez moi depuis l'enfance, Kiev, Odessa, Poltava, Sébastopol, Leopoli, Yalta, sont devenus des paysages concrets. Je me demandais sincèrement comment était la vie pendant et après le communisme là-bas. » (page 7, planche ci-contre).
Pendant presque deux ans, Igor a voyagé en Ukraine et raconte sous forme d'anecdotes, de petites histoires, ce qu'il a vu, ce qu'il a appris de ses amis Andreï, Micha, Elena, Sacha et sa copine Serioja, et des Ukrainiens qu'il a rencontrés pendant son voyage (et qui ont bien voulu se souvenir et raconter).
J'ai l'impression que, selon l'histoire qui lui est léguée, Igort adopte un style différent. Par exemple, pour l'histoire de Serfima Andrejevna les planches sont en couleur alors que l'histoire des Koulaks est illustrée par des dessins en noir et blanc.
Fabrique de missiles soviétiques à Dniepropetrovsk (surnommée Rocket City), peur permanente, accidents nucléaires, famines (certaines provoquées), cannibalisme, soumission des populations, déportations et interdiction de circuler, génocide culturel, collectivisation, etc., et puis à l'heure actuelle pauvreté, terres à l'abandon, et radiations dues à Tchernobyl... Tout est abordé pour une découverte extrême de l'Ukraine.
L'histoire de Nikolaï Vassilievitch est celle qui m'a le plus émue, c'est aussi la plus longue (une quarantaine de pages). Celle de Maria Ivanovna est vraiment triste aussi. Mais à chaque fois, ces personnes ont travaillé dur et gardé espoir (même lorsqu'il n'y en avait plus).
Superbe bande dessinée imprimée sur du papier Munken pure de 130 g (ton beige pâle, genre parchemin).
Je ne connaissais pas cet auteur : j'ai été attirée par le titre, les couleurs de la couverture, l'envie d'en savoir plus sur l'Ukraine... J'ai bien envie de découvrir d'autres œuvres de cet excellent dessinateur qui est aussi musicien. En effet Igort étant aussi auteur, compositeur et interprète, vous pouvez écouter sa musique sur Igort & the Lo Ciceros (acoustique et expérimentale).
Puisque cette bande dessinée parle de l'époque soviétique, je la présente dans le cadre de Une année en Russie (qui continue en 2011) et pour les deux défis de bandes dessinées, le challenge BD de Mr Zombi et le challenge PAL sèches de Mo'.
Igor Tuveri étant un auteur, dessinateur, éditeur et musicien italien, je rajoute aussi cette lecture au Giro in Italia de Nane.