Les exilés : une chronique iranienne est un roman d'Emmanuel Razavi paru aux éditions Mon petit éditeur en septembre 2010 (113 pages, 16 €, ISBN 978-2-7483-5639-7).
Je remercie Blog-o-Book de m'avoir envoyé ce livre. L'équipe de BoB fait un super boulot et propose chaque semaine des partenariats avec de grands éditeurs ou des « petits » éditeurs peu connus.
Le narrateur est grand reporter. Il est à Riyad avec « une délégation de journalistes qui suit le Président français » (page 11). Au nord-est de la capitale saoudienne, c'est l'Iran, le pays de ses ancêtres. Il pense alors avec nostalgie à son pays d'origine et à ses ancêtres, des Qâdjârs qui ont subi de plein fouet la révolution de 1979.
28 novembre 1943, ambassade de Russie à Téhéran. C'est la célèbre conférence entre Churchill, Staline et Roosevelt. Le Général de Gaulle n'a pas été invité. Parviz (le père de l'auteur) alors enfant, est à la réception avec son frère, Houchang, et ses parents, Youssef (un officier issu de l'aristocratie militaire) et Mandane.
Ahmad, 8 ans, est le fils de Koshkho Namiz, un professeur de mathématiques qui a quelques liens avec des communistes. Avec son père, il se contente de regarder la voiture passer dans la rue.
C'est ce soir-là que Youssef déclare à Joséphine, l'épouse française du cousin Amir : « Le jour où la guerre sera finie, j'enverrai mes enfants étudier en France pour qu'ils deviennent comme vous. Cultivés et fiers ! » (page 24).
1946, la guerre est finie en France. Parviz et Houchang qui ont 10 et 11 ans, débarquent à Montpellier et vont intégrer L'Enclos Saint-François. C'était pour un an mais ils vont y rester jusqu'au baccalauréat...
Fereidoon, le cadet, partira plus tard aux États-Unis.
Le quotidien de Parviz et Houchang est difficile, seuls, loin de leur famille et de leur pays (leurs habitudes, leur culture), obligés d'apprendre rapidement une langue qu'ils ne connaissent pas, et surtout dans un pays qui sort de la guerre donc en ruine et qui subit encore le rationnement. Le football, les copains et un couple bienveillant (Andrée et Robert Marès) vont les aider à supporter l'exil et ils vont réussir.
« Les enfants, vous êtes devenus un lien entre l'Occident et l'Orient. Quoi que vous décidiez de faire à présent, veillez à ne jamais l'oublier. Le monde est voué à changer dans les prochaines années. Votre pays devra alors faire des choix. Soyez de ceux qui lui permettront d'œuvrer dans le sens de la paix. » (Robert Marès page 70, mon passage préféré).
Ça, du changement, il y en a eu !
1978-1979. Parviz est à l'abri en France avec Marie-Josèphe (les parents de l'auteur) mais Houchang est en Iran où il travaille avec son père. Le vent a tourné... Les Occidentaux, les aristocrates et les intellectuels sont devenus des ennemis du peuple iranien. Ahmad est hostile à la famille Razavi alors que Youssef avait fait libéré son père des années auparavant... Youssef et Mandane (les grands-parents de l'auteur) pourront-il fuir aux États-Unis où vit leur fils Fereidoon ? Houchang et son épouse vont-ils s'exiler en France ?
Je n'ai pas été déçue car le livre est agréable à lire, simple et honnête, mais je n'ai rien appris de plus sur l'Iran que je ne savais déjà... Marjane Satrapi, Zoyâ Pirzâd, Naïri Nahapétian et d'autres sont déjà passés par là ! Toutefois, j'ai trouvé plaisant de lire l'histoire de cette famille, de voir que Parviz et Houchang ont réussi et se sont attachés au pays qui leur permet de vivre bien avec leur famille (il en est de même pour leur jeune frère aux États-Unis). Il y a à la fois la douceur et la douleur dans ce court roman, l'exil et la nouvelle terre. Les souvenirs, la nostalgie, et l'avenir des enfants nés dans un autre pays que celui de leurs ancêtres. Lisez-le si vous voulez découvrir l'Iran en toute simplicité ou l'histoire de deux familles iraniennes totalement différentes, les Razavi et les Namiz. Une chronique iranienne, tout simplement.
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