Après une semaine de vacances bien méritée, les Plumes de l'été d'Asphodèle reprennent à la lettre V pour leur 22e édition. Voici la liste des mots en V : vasque – vicissitudes – vacance (au singulier) – victoire – verveine – viaduc – vernaculaire – volubile – véto (vétérinaire) – vagabond – vice – vibration – valser – vampire – véloce – vinaigrette – vaste – voler (au sens de voler comme un oiseau) – voluptueusement – verdure – victorieux (facultatif car il y a déjà victoire). Ils sont en couleur dans mon texte.
Assis sur ma terrasse, à la nuit tombée, je bois ma verveine et je regarde le vaste monde. J'observe les points brillants dans le ciel bleu sombre et j'ai l'impression que les étoiles valsent mais c'est ma vue qui s'embrouille et je ferais bien de remettre mes lunettes. En fait j'aperçois aussi au loin les arches de l'immense viaduc qui surplombe la vallée. Ce viaduc à l'architecture vernaculaire – romaine à vrai dire – est célèbre et, la journée, il y a beaucoup de touristes. Beaucoup trop et en toute saison... Heureusement j'habite loin de la cohue urbaine et je ne vois jamais personne, à part un vagabond perdu sur le sentier qui ne mène nulle part l'été dernier et j'ai préféré prendre la voiture pour le conduire en ville.
Depuis que mon épouse est partie, laissant ma vie de couple en vacance, je n'ai connu personne et je ne tiens pas à rencontrer quelqu'un. La verveine, c'est en souvenir d'elle : elle en buvait tous les soirs, ça me faisait rire et elle me disait « tu verras ! ». Elle me manque, c'est sûr, même si je suis un vieux bourru, mais l'affection indéfectible de mon chien me suffit.
Comme la nuit est douce, je dors à la belle étoile. Je m'étends voluptueusement dans un sac de couchage et je me laisse porter par les bruits des animaux nocturnes, les vampires (mais non, pas les vampires d'histoires fantastiques, les chauve-souris !), les chouettes, les hiboux, les rongeurs et la chaleur de mon chien contre mon flanc.
À l'aube, je me réveille un peu courbatu mais je préfère me dire que je suis frais et dispos, en bonne santé quoi ! Bien sûr, les vicissitudes de la vie m'ont appris à ne pas crier victoire trop vite et je sais que la maladie peut me retomber dessus mais je me sens bien, vraiment bien. Je fais ma toilette dans la vasque en pierre polie et me fais chauffer du café (mon seul vice !) que je bois sur la terrasse avec du pain que je fais moi-même.
La verdure est alourdie par des gouttelettes de rosée et brille de mille feux sous les premiers rayons de soleil. Les oiseaux commencent à chanter timidement mais j'entends distinctement les tsip tsip des pouillots véloces, des passereaux petits mais volubiles ! Un autre bruit attire mon attention, je lève la tête et vois un groupe voler en formation. C'est magnifique. Je ressens de bonnes vibrations, il va faire beau, ce sera une belle journée. Après le départ des oiseaux, je cueille trois tomates et me demande avec quelle vinaigrette je vais les manger : j'ai une préférence pour le vinaigre balsamique mais je n'en ai plus. Je profiterai de la visite chez le véto en fin de matinée pour acheter quelques produits à l'épicerie du village.
Je siffle le chien, nous avons le temps de faire une petite promenade avant notre rendez-vous.
* * *
Je relis mon texte et je me rends compte que j'ai utilisé pas mal d'autres mots en V qui n'étaient pas dans la liste : vue, voir, voiture, ville, vieux, vie, vite, vraiment, vinaigre, visite, village, vous ; ça en fait douze de plus, c'est bizarre.
Bon week-end !