Pour cette 3e édition des Plumes (le premier atelier d'écriture de l'année), le thème choisi par Asphodèle est liberté et voici la liste des mots à utiliser : choix, devoir, se battre, crime, pingouin, amarres, divorce, étendard, vent, nuage, écrire, aspirer, s'envoler, s'évader, fraternité et trois mots en C : cascade, clameur, chuchotement.
Avait-elle eu le choix ?
Longtemps, elle s'était tu, elle pensait qu'être une femme battue, c'était un crime, un crime commis par elle bien entendu. C'était toujours une cascade de coups, pour un rien, un détail, pour un oui ou pour un non, et les crises de son mari étaient de plus en plus fréquentes, de plus en plus violentes.
Lorsqu'il a commencé à s'en prendre aux enfants, il a bien fallu qu'elle réagisse, elle a compris qu'elle devait se battre, pour eux, et pour elle aussi. Elle aspirait d'ailleurs à une autre vie, une vie de mère, tranquille, une vie de femme peut-être plus tard mais elle n'y pensait pas sérieusement. Elle s'est rappelée comme il ressemblait à un pingouin le jour de leur mariage et elle a ri, beaucoup, longtemps, un rire salvateur. Elle a balayé les premières années de bonheur et les années suivantes plus difficiles d'un coup de main en l'air comme on chasse une mouche et elle a décidé de porter haut l'étendard « femme battue demande le divorce ».
Elle a été surprise car elle n'a rencontré aucune fraternité auprès de sa famille, de ses copines, de ses collègues : ça jasait derrière son dos, elle entendait les chuchotements, elle voyait les regards posés sur elle, elle devinait l'incompréhension, la pitié, les critiques, les moqueries même. Tant pis pour eux, elle vivrait pour elle, oui, et une fois la tempête passée, elle larguerait les amarres, elle s'envolerait vers une nouvelle vie, et sa vie était à elle ; le vent apporterait d'autres nuages moins sombres, elle pourrait s'évader, voyager enfin, rencontrer d'autres gens, écrire les histoires qu'elle inventait le soir pour ses enfants, c'était sa liberté, sa nouvelle liberté gagnée à la force de son âme.
Elle entendit une clameur, elle sourit, elle n'avait pas peur de l'inconnu, une nouvelle vie commençait pour elle et ses enfants, et c'était sur ce bateau qui les emmenait loin, sur un autre continent.
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Quand j'ai écris ce texte, je l'ai fait en un seul bloc mais j'ai pensé que ça pouvait être trop oppressant pour les lecteurs alors j'ai séparé par quelques paragraphes, du coup le texte perd peut-être un peu en intensité, non ?
Asphodèle, j'espère que ton œil va mieux, j'ai voulu placer le mot liberté aussi dans le texte. Et je souhaite à tous mes lecteurs un bon week-end.