Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi est un roman de Mathias Malzieu paru aux éditions Flammarion dans la collection Tribal en mars 2012 (209 pages, 10,50 €, ISBN 978-2-0812-7932-2). Les 19 premières pages sont disponibles sur http://vitrine.edenlivres.fr/p/957?mid=87&l=fr.
Je remercie Brigitte et les éditions Flammarion de m'avoir envoyé ce livre sensible et bouleversant.
Un jour d'automne, Mathias et Lisa sont orphelins, leur maman est morte, il leur reste le vide, la douleur, les souvenirs et leur papa.
« Est-ce qu'il ne fait pas trop froid là-bas, […] ? Maintenant il fait tout le temps nuit sur toi. » (page 13, début du récit).
Après les nombreuses interrogations, c'est le temps du deuil, de l'analyse de situation, d'une façon toute poétique.
« 19 h 30, « c'est fini ». Dans l'horloge de ton cœur, la petite aiguille ne remontera plus jamais vers midi. » (page 15).
La maladie, l'hôpital, le « service après-vente de la mort », la peur, la douleur, le vide...
« Je n'ai pas réussi à tordre les horloges, je n'ai pas réussi la magie, ni l'amour ni la médecine ni rien. » (pages 18-19).
« Le silence est partout, épais comme une dalle. On quitte le bâtiment. » (page 19).
« Ce n'est pas vraiment du froid, c'est cette nouvelle chose : le vide. » (page 23).
Puis, malgré le vide, le questionnement des vies des vivants, faut-il faire semblant de vivre ou faut-il continuer à vivre ?
« Comment on va faire maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu'est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? » (page 27).
Sur le parking de l'hôpital de Valence, alors qu'il attend son père et sa sœur partis chercher des vêtements pour la défunte, et son oncle maternel qui doit arriver, le jeune homme triste et désemparé voit apparaître dans la nuit Giant Jack, Jack-le-Géant, qui soigne les gens « atteints de deuil ».
Mais ce géant plus que centenaire soigne avec des ombres et « c'est un traitement dangereux. Car les ombres, mon garçon, sont des portes ouvertes sur le pays des morts. » (page 42).
Le traitement, en plus des ombres ? Les livres !
« Les livres sont des accessoires non-accessoires pour se battre contre la nuit éternelle ». (page 44).
Et le rêve !
« Rêver maintenant ? – Maintenant ! C'est ta meilleure arme pour rester vraiment vivant. C'est d'ailleurs le cas pour tout le monde. » (page 82).
Mathias Malzieu a écrit ce roman en hommage à sa mère qu'il venait de perdre. C'est à elle qu'il s'adresse, comme une dernière lettre qu'il lui écrirait.
L'auteur y met tout son amour et tout son désespoir mais ce livre n'est pas plombant. Enfin, prévoyez les mouchoirs quand même !
Je crois que l'auteur a une fascination pour la mécanique, pour l'horlogerie, il en parle beaucoup, et comme dans La mécanique du cœur, il compare le corps à une mécanique, à un système compliqué d'horlogerie qui s'arrêterait comme une montre ou une horloge. Et si le corps est une horloge, on peut le remonter, le réparer, en changer une pièce, jusqu'au jour où ça s'arrête et qu'on ne puisse plus rien faire.
Beaucoup d'émotion dans ce livre, de la tristesse évidemment mais pas que. Il y a de l'amour, de la magie, même des rires, et des clins d'œil à Miss Acacia et à son ami Cyrz aussi.
Après la lecture de ce roman émouvant, je ne regarderai plus les ombres de la même façon !
En fait ce roman, qui vient de paraître dans la collection Tribal de Flammarion, était déjà paru aux éditions Flammarion en mars 2005 (plus réédition en octobre 2008). Tribal est une collection destinée aux ados et jeunes adultes donc... challenge Littérature jeunesse & young adults. Et il s'avère que c'est le premier roman de Mathias Malzieu, je le mets alors aussi dans le challenge Premier roman.
Un conseil : lisez les romans de Mathias Malzieu et écoutez Dionysos !
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