Lorsque Céline m'a contactée pour me proposer de recevoir Mon dernier round, du général Bigeard, j'ai hésité et puis je me suis dit : pourquoi pas ? Oui, pourquoi ne pas lire quelque chose de totalement différent de ce que je lis généralement ? Pourquoi ne pas lire le témoignage de cet homme de plus de 90 ans qui a vécu tellement de choses et qui a sûrement tant à dire. Je remercie donc Céline et les éditions du Rocher pour ce livre-document.
Contre toute attente, me voici donc à lire Mon dernier round, du général Marcel Bigeard, paru le 22 octobre 2009 aux éditions du Rocher dans la collection Document (273 pages, 19 €, ISBN 978-2-268-06673-8).
« 'Mon dernier round' c'est mon combat final » dit Bigeard ; c'est en tout cas, à 93 ans, son quinzième livre, dans lequel il « porte un regard sans concession sur la France d'aujourd'hui. Sa seule passion : La France. »
Une enfance pauvre mais pas malheureuse (il est né en 1916 à Toul), employé de banque dès l'âge de 14 ans, sa rencontre avec Gaby, sa soif d'apprendre, son service militaire en 1936 (il est antimilitariste), la deuxième guerre mondiale et son appel sous les drapeaux, etc. Jusqu'à la dénonciation des casseroles du XXè siècle qu'on trimballe avec fracas : consommation à outrance, pollution, énormes salaires de patrons qui coulent leur entreprise, argent facile avec malversations et détournements, criminels et trafiquants en liberté, affaires politiques et financières douteuses, drogues et dopage, attaques des pirates des mers et surtout intégrisme et terrorisme islamiste international qu'il analyse pays par pays (il y a d'ailleurs parfois des listes de lieux et de nombres de victimes un peu rébarbatives mais qui font froid dans le dos tant il y en a).
Ce qui m'a plu finalement dans le livre de ce baroudeur qui n'a « jamais eu recours à la torture » (page 113) c'est son honnêteté (ce n'est pas de la 'grande littérature' mais il écrit comme il parle), sa connaissance du XXè siècle, son respect des autres (même et surtout de l'ennemi), son amour pour les pays et les populations dont il parle (Algérie, Afghanistan, Iran...) car ce sont les civils (surtout femmes, enfants et vieillards mais aussi animaux) qui pâtissent des attentats terroristes, et sa simplicité même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il écrit (vente d'armement français...).
Je conclus en disant que je ne méprise pas l'armée et les militaires (j'ai même du respect pour les Casques bleus, ces soldats de la paix) mais, non, je ne me lèverai pas le 14 juillet pour regarder le défilé à la télévision !
Quelques extraits
« Quand le mauvais exemple est donné par les responsables d'en haut, comment enseigner aux jeunes le respect des valeurs ? » (page 16).
« Pour progresser dans l'entreprise et dans la société il faut le vouloir, et savoir se fixer un objectif. Mais il faut aussi savoir saisir sa chance. » (page 30).
« J'ai toujours été un homme fidèle. Fidèle à ma banque, fidèle à mes principes, fidèle à ma femme et fidèle à la France. » (page 31).
Et le 'mot' de la fin : « J'ai vu trop de morts pour aimer la guerre. » (page 71).