Mon frère italien est un roman de Giovanni Arpino paru aux éditions Belfond en septembre 2011 (220 pages, 16,50 €, ISBN 978-2-7144-5006-7). Il fratello italiano (1980) est traduit de l'italien par Nathalie Bauer.
Je remercie Abeline et les Chroniques de la rentrée littéraire de m'avoir envoyé ce roman que j'ai adoré !
Giovanni Arpino est né le 27 janvier 1927 à Pula en Croatie, de parents italiens. C'est donc un auteur italien : romancier, journaliste et scénariste. Un prix de littérature jeunesse décerné par la ville de Bra dans le Piémont porte son nom (il a passé sa jeunesse dans cette ville et s'y est marié). Il est mort le 10 décembre 1987 à Turin (Italie) après avoir écrit 24 romans entre 1952 et 1987 dont 8 sont pour l'instant traduits en français. Il a aussi écrit une pièce de théâtre, trois recueils de poésie, trois livres pour la jeunesse et quelques scénarios.
Années 70. Un mois d'août, à Turin.
Carlo Botero a 62 ans, il est veuf depuis 5 ans et il est instituteur à la retraite.
Il a une fille unique de 30 ans, Stella, mais il la voit peu, et n'apprécie pas sa façon de vivre.
Comme tous les matins, Carlo Botero se lève à 8 heures sous les yeux de son chat, Staline, un Siamois aux yeux bleus.
Mais ce matin, il perçoit « un signe malveillant, annonciateur de trouble. » (page 9).
Un passage rapide à la salle de bains mais « le signe invisible et malsain qui flottait dans l'air de cette journée ne s'évanouit pas pour autant. » (page 11).
Il continue sa journée comme d'habitude en caressant Staline et en lisant son journal, livré à 7 heures, devant son café et une cigarette mais « le pédoncule hostile, venimeux et invisible engendré dès le réveil vibra en lui et autour de lui. » (page 13).
Tout à coup, la sonnette. C'est Stella. Elle a un problème avec son ex-mari, Pepito Grieco Giuseppe, un Calabrais. Il lui fait peur. « Peur. Il peut me faire peur. Une sacrée peur. » (page 20).
« Tu es le seul à pouvoir me donner un coup de main. […] Tu peux. Tu tiens à moi. […] Tu connais les hommes. Tu as de l'expérience. » (page 26). « Je sais que tu vas t'en occuper. Ne dis rien. Je sais que tu vas t'en occuper. » (page 28). Et avant de partir, elle laisse une pochette sur la table, comme un cadeau, mais c'est... un revolver !
Carlo Botero n'accepte pas réellement la mission que Stella lui a donnée, elle est déjà partie. Il se résigne et entre dans l'aventure. Il arpente la ville à la recherche du truand. Il comprend qu'il ne retrouvera pas le Calabrais dans la journée mais plutôt la nuit. Or suite à une agression, il se fait voler l'arme...
Il va alors rencontrer Raffaele Cardoso, un retraité de 65 ans, qui est venu de Calabre pour retrouver sa fille, Jonia, avant d'aller rejoindre son fils et sa belle-fille en Allemagne.
J'avoue qu'au départ, ce roman m'a attirée par sa couverture mais, dès la première page, j'ai su qu'il allait me plaire ! J'ai même dit qu'il fallait absolument que Monsieur le lise, ce qu'il a fait. Et nous avons tous les deux adoré ce chef-d'œuvre de la littérature italienne encore inconnu en France avant sa traduction. Il aura fallu attendre plus de 30 ans...
Le quotidien de Carlo Botero est bousculé, non seulement par sa fille, mais aussi par Cardoso avec qui il devient ami malgré la différence de mentalité (Nord/Sud). Il redécouvre la ville, sa population, ses transformations et le lecteur en profite pour visiter ! Une Italie qui n'existe plus... Botero redécouvre aussi sa vie (avoir une activité, un but), l'amitié, et ce qu'il est capable de faire ou pas.
« Les enfants trahissent et les vieux paient, dit Botero, dégoûté, en soufflant de la fumée. Il en est peut-être toujours allé ainsi, mais jamais à ce point-là. Quand il n'y a plus de respect, tout empire. » (pages 78-79).
Bien que le roman soit sombre, j'ai trouvé beaucoup de charme et de chaleur dans ces deux retraités que presque tout oppose et qui vont faire route ensemble, des frères d'adversité, pour deux filles « indignes » qui les font souffrir.
« La chair italienne a engraissé l'univers. Sous la terre, c'est notre langue qui est la plus parlée. » (page 83).
Magistral roman que je place dans le challenge Giro in Italia et dans le 1 % de la rentrée littéraire.
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