Nagasaki est un court roman d'Éric Faye paru aux éditions Stock en août 2010 (112 pages, 13 €, ISBN 978-2-23406-166-8).
Éric Faye est né à Limoges en décembre 1963. Son premier livre est un essai sur Ismail Kadaré (1991) puis sont parus des nouvelles et des romans dont certains ont reçu des prix. C'est donc un auteur reconnu mais je n'avais encore jamais rien lu de lui !
Le narrateur est Kôbô Shimura, un météorologue de 56 ans. Un célibataire qui, après le travail, préfère rentrer chez lui plus tôt alors que ses collègues vont boire un coup ensemble.
Il vit seul, dans sa petite maison en face de la baie et du chantier naval. Mais ce soir-là, il se rend compte encore une fois – comme depuis plusieurs semaines – que quelqu'un s'est servi dans son frigo...
« A-t-on jamais vu un réfrigérateur hanté ? Ou qui se nourrit en prélevant une part de son contenu ? » (page 16).
Afin d'en avoir le cœur net, Shimura-san note les niveaux de la nourriture et installe une Webcam chez lui. Il surveille alors sa cuisine depuis son ordinateur à la station météo, piquant la curiosité de ses collègues. Il va enfin savoir si un humain ou un kami s'introduit chez lui pendant son absence !
« Sans bouger de mon siège, je suis un ninja invisible et immatériel qui épie son domicile. » (page 22).
Un matin, la caméra lui montre une inconnue dans sa cuisine et il appelle la police qui se rend chez lui.
Ce récit est un roman inspiré d'un fait divers ayant eu lieu au Japon en juillet 2008. J'ai bien aimé les thèmes abordés, une femme sans domicile dans un pays considéré comme riche, l'intimité, la solitude, le fait d'observer à travers un écran, la mémoire des lieux.
L'auteur cite Shûsaku Endô (1923-1996), un de mes auteurs japonais préférés (j'aimerais que paraisse une intégrale de ses textes !) et Edogawa Ranpo (1894-1965), le fondateur de la littérature policière japonaise (il existe d'ailleurs un prix littéraire qui porte son nom et qui récompense des auteurs japonais de romans policiers).
Nagasaki quant à lui a reçu le Grand Prix du Roman de l'Académie française 2010 et il mérite bien ce prix !
Car c'est un livre petit par la taille mais grand par l'écriture, intime et poétique. Un livre qu'il est bon d'avoir lu.
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