Nu rouge est un roman de Frédéric Touchard à paraître aux éditions Arléa le 25 août 2011 dans la collection 1er mille (205 pages, 17 €, ISBN 978-2-869599437).
Si je peux lire des romans de la rentrée littéraire en avant-première, c'est grâce à l'opération de Libfly/Furet du Nord : je remercie donc Lucie de Libfly, le site Libfly (lien direct vers le livre), la librairie Le Furet du Nord et les éditeurs partenaires, ici les éditions Arléa.
Frédéric Touchard partage sa vie entre Paris et Lille. Il est documentariste (La fanfare ne perd pas le nord, La digue, etc.) et Nu rouge est son premier roman.
Afin de terminer son mémoire sur Édouard Pignon (1905-1993), sorti de la mine et devenu peintre, Camille se rend dans le Nord mais « elle ne peut mesurer la douleur de ceux qui luttèrent à genou, au fond de l'étroite galerie, saturée de poussières nocives, pour remonter à l'air libre le précieux minerai. » (page 13).
« Alors, on vient photographier la misère du Nord ? » (page 18) lui dit en souriant un jeune homme dans un café de Bully-les-Mines (commune où est né Édouard Pignon).
Le Nord, c'est la grisaille : est-ce que la couleur n'apparaît que sur les tableaux dans les musées ? Le Nord, c'est aussi les terrils stériles, les plaines minières, les mines, les usines et les filatures fermées, et... remplacées par des centres commerciaux !
« On fait connaissance et, quelques jours plus tard, on déambule avec l'être aimé dans les rayons d'un hypermarché. Voici le véritable visage de la modernité. » (page 113).
Camille va rencontrer Jean qui va la guider et... tomber amoureux d'elle.
Et elle va découvrir les revendications sociales du XXe siècle. « Je me trouve inutile. […] Inutile. Incapable de m'engager comme le firent tous ces gens-là. » (page 104).
Pas besoin de se demander longtemps ce que signifie le titre du livre, on l'apprend dès la première page du premier chapitre : « […] Édouard Pignon inventera les nus rouges – chairs incandescentes envahissant l'entière surface de la toile – et d'entre tous le plus solaire, le sommeil écarlate. » (page 11).
Le peintre a en effet quitté le Nord et les peintures urbaines, grises, pour vivre en Provence où il a peint des nus rouges. C'est en voyant Le sommeil écarlate dans un musée que Camille s'est prise de passion pour Édouard Pignon.
Bien sûr, cette histoire est intéressante mais je n'ai pas réussi à m'attacher à Camille, je l'ai trouvée distante, autoritaire... Peut-être parce que ce n'est pas elle la narratrice ? C'est Jean, 43 ans, qui raconte : Camille l'a rencontré au café L'Imaginaire à Lille (j'ai l'impression que les cafés ont une grande importance dans le Nord).
Je n'ai pas aimé les combats de coqs...
Mais j'ai fait une belle balade dans le Nord : Bully-les-Mines, Lille, Roubaix, la « campagne » voisine, Marly-les-Mines, Calais, et même Ostende (Belgique).
Il y a un écrivain cité avec Jules Verne (page 39). C'est Albert Robida, un auteur visionnaire du XIXe siècle (fantastique, science-fiction, anticipation, inventions) considéré comme plus audacieux encore que Jules Verne (ils sont contemporains). Je ne connaissais pas cet auteur (ou alors, je l'avais oublié...), eh bien, je le note et je souhaite découvrir son œuvre ! Un avant-goût sur le site de l'association des amis d'Albert Robida et sur le blog consacré à Albert Robida créé par Herveline de la librairie Soleil Vert.
Ce roman m'a donc moyennement plu mais il m'a fait découvrir un peintre, Édouard Pignon, et ses nus rouges, ainsi qu'un auteur, Albert Robida, et j'ai parcouru le Nord. Et puis comme c'est un premier roman, j'attendrai quand même le deuxième titre de cet auteur.
Et il y a cette interrogation : « Est-ce que l'art nous change ? […] Est-ce que l'art change le monde ? » (page 152). Pour l'instant, je n'ai pas de réponses à ces questions... Mais il faudrait y réfléchir !
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