Rébétiko (La mauvaise herbe) est une bande dessinée de David Prudhomme parue aux éditions Futuropolis en octobre 2009 (103 pages, 20 €, ISBN 978-2-7548-0191-1).
David Prudhomme est né en 1969 à Tours (Indre et Loire). Cet auteur, illustrateur, dessinateur a déjà reçu plusieurs prix, dont certains à Angoulême, pour Rébétiko ou La Marie en plastique.
Le blog de David Prudhomme : http://davidprudhomme.blogspot.com/
Le blog de la BD Rébétiko : http://bderebetiko.blogspot.com/
À l'heure où la Grèce en crise fait l'actualité pour son endettement et ses manifestations, il m'est paru évident que j'en sais peu sur ce pays ! Je me suis passionnée pour la Grèce Antique et sa mythologie, je connais un peu ce qui s'est déroulé durant la seconde guerre mondiale en Grèce, je connais des écrivains, des artistes et j'ai suivi quelques sports durant les Jeux Olympiques de 2004 à Athènes, mais qu'en est-il exactement de l'histoire de ce pays, de sa population, de sa culture contemporaine ?
Cette bande dessinée est donc la bienvenue pour découvrir déjà une petite partie de l'histoire de la Grèce au XXe siècle ! Elle raconte les rébètes, les musiciens de rébétiko, dans le Pirée des années 30.
Le rébétiko, surnommé le blues grec, est une musique populaire née dans les années 20 parmi les réfugiés grecs en provenance des îles et de Turquie. Il se danse les yeux fermés, en tournant de façon lancinante, en fait comme le font les derviches tourneurs. Il raconte l'exil, le déracinement, le haschich, la prison, le jeu, l'amour surtout s'il est malheureux, il critique aussi la politique, la police, la bourgeoisie.
Ces artistes-réfugiés mal acceptés par la population ont été censurés par le gouvernement, en particulier lorsque le général Métaxas a pris le pouvoir en 1936. « Il a décrété la loi martiale à la suite des grandes grèves communistes du 4 août. Il a pris le pouvoir, fait de ce pays une dictature. » (page 18).
Les dessins aux couleurs de miel montrent la chaleur et la douceur de vivre, mais les personnages sont sombres et ont des regards tristes, à cause de l'exil et du rejet qu'ils subissent.
Stavros : « Bon, il faut qu'on aille se mêler à la ruche... On n'y est pas les bienvenus mais... » (page 3). Planche présente sur le site de l'éditeur.
Les frères des rébètes sont leurs compagnons d'exil et leur bouzouki, long instrument en bois qu'il cachait dans la manche de leur veste.
Pour survivre, ils font du trafic de haschich et fument le narguilé, jouent la nuit et fréquentent des filles, boivent du raki... Ils errent et se débrouillent, font parfois de la prison, pendant que les honnêtes gens travaillent la journée, c'est sûr : ça dérange.
Un avenir pour eux aux États-Unis (concerts, enregistrements de disques) mais tous ne veulent pas rejoindre les émigrés d'Asie mineure sur ce continent lointain.
Bien que cette bande dessinée soit une fiction, l'auteur prévient dans l'épilogue que des musiciens ont réellement existé comme Markos Vamvakaris, le groupe de la Tétrade du Pirée...
Les sites relevés dans la bibliographie (page 104)
Radical movement for rebetiko dechiotification and bouzouki detetrachordization (site humoristique en anglais) : http://www.rebetiko.org/
Le blog d'Eleni Cohen, une spécialiste du rébétiko (Aix en Provence) : http://rebetikobiblio.blogspot.com/
Un site en grec et en anglais : http//rebetiko.gr
D'autres sites
Sur Tous aux Balkans : L'histoire du rébétiko et la page sur le Rébétiko
Tout le rébétiko sur Rebetiko.sealabs.net/ et sur Rebetiko.sealabs.net/wiki/ (en grec)
Des vidéos de rébétiko sur YouTube : http://www.youtube.com/results?search_query=rebetiko
Je veux tout simplement conclure en disant que j'ai beaucoup aimé cette bande dessinée, pleine de poésie et de nostalgie, et que j'y ai découvert des choses que je ne connaissais pas, c'est pourquoi je vous invite à la lire et à écouter quelques morceaux de rébétiko, en particulier les morceaux d'époque.
C'est la huitième bande dessinée que je présente dans le cadre du Challenge BD de Mr Zombi.