Tadam, roulements de tambour, voici ma première LC ! Je me suis d'ailleurs fait un petit logo à partir d'une image amusante. Lecture commune organisée par Sandrine. En même temps, ce n'était pas trop difficile car, avec le partenariat Price Minister (merci à Oliver et à Price Minister !), nous étions plusieurs à avoir reçu ce gros roman et à le lire ensemble ! Price Minister demande une note, ce sera 18/20. |
Une place à prendre est un roman de J.K. Rowling paru en septembre 2012 aux éditions Grasset dans la collection Littérature étrangère (680 pages, 24 €, ISBN 978-2-246-80263-1). The casual vacancy (2012) est traduit de l'anglais par Pierre Demarty.
C'est tellement une « grosse » parution que l'éditeur a créé un site dédié : http://une-place-a-prendre.fr/.
J.K. Rowling est née le 31 juillet 1965 à Yate (Gloucestershire, Angleterre). Pas besoin d'en dire plus, tout le monde connaît la « maman » de Harry Potter !
Une fois n'est pas coutume, que nous dit l'éditeur sur la 4e de couverture ?
« Bienvenue à Pagford, petite bourgade en apparence idyllique. Un notable meurt. Sa place est à prendre...
Comédie de mœurs, tragédie teintée d'humour noir, satire féroce de nos hypocrisies sociales et intimes, ce premier roman pour adultes révèle sous un jour inattendu un écrivain prodige. »
Et c'est tout ! Et c'est tant mieux !
Et je suis bien embêtée de vous en dire plus car mieux vaut ne pas dévoiler des détails ou des choses importantes que le lecteur apprend durant sa lecture !
Pagford, quelle charmante bourgade au sud-ouest de l'Angleterre ! Profitez-en pour lire la description sur Le mardi sur son 31 # 32.
Pour leurs 19 ans de mariage, Barry Fairbrother invite son épouse, Mary, à dîner au restaurant du golf. Mais Mary est en colère car son époux à passer la journée à écrire un article pour la Gazette de Yarvil sur Krystal Weedon, une adolescente de 16 ans qui vit avec sa mère dans le quartier pauvre des Champs. À peine sorti de voiture, Barry tombe terrassé sur le parking. Samantha et Miles Mollison, des amis attablés au restaurant, accompagnent Mary à l'hôpital et y retrouvent une autre amie, Ruth Price, infirmière. Mais c'est trop tard. Anévrisme.
Le lendemain, tout le monde connaît la nouvelle, Barry étant au Conseil paroissial de Pagford, et tous ceux qui ont vu quelque chose, ou pas, racontent l'événement avec force détails.
« Bah merde alors […]. Il avait quoi, quarante ans ? » (page 23).
Certains qui haïssaient le notable savourent la nouvelle, d'autres sont sidérés. Mais en tout cas, une chose est sûre : il y a une place à prendre !
« Une vacance fortuite […]. C'est comme ça qu'on dit quand un siège se libère au Conseil suite à un décès. C'est le terme légal. » (page 54).
« […] tous deux se représentaient cette place à prendre non pas comme un espace vide, mais plutôt comme un chapeau de magicien, regorgeant de possibilités. » (page 59). Je précise que c'est la seule fois où le mois magicien apparaît et qu'il n'y a pas de magie dans ce roman !
De nombreuses personnes vivent à Pagford et l'auteur va présenter peu à peu les familles, adultes et enfants, notables, professeurs, commerçants... Tout cela m'a un peu fait penser à Twin Peaks. Je ne dis pas qu'Une place à prendre ressemble à Twin Peaks, non, il y a ni enquête policière ni fantastique. C'est dans la façon dont les personnages arrivent les uns après les autres, comment ils sont présentés au niveau social et ce qu'ils sont réellement, leurs relations bonnes ou mauvaises, sincères ou hypocrites, et l'implication des uns et des autres dans la vie de leur ville et... dans les commérages !
J.K. Rowling réussit l'exploit de caser presque tous les faits de société dans un seul roman, et tout est plausible et fluide : les relations parents-enfants, les conflits entre les adultes, les problèmes de couple, la sexualité, les hommes violents (*) tant au niveau physique que psychologique, la richesse et la pauvreté, l'amour et l'amitié, les adolescents, la délinquance, l'alcool, la drogue, les cas sociaux et l'argent dépensé (inutilement pensent certains) pour les aider, le racisme (la famille Jawanda, originaire de l'Inde, des Sikhs non pratiquants), l'homosexualité (Patricia qui a fui à Londres) et la haine générée par certains (la famille même parfois), la réussite qui rend si fière la famille, etc. En plus, le récit est vraiment ancré dans le monde moderne, messages sur le forum du Conseil, Facebook...
(*) Le pompon revient à Simon Price avec son « air brutal et dément » (page 194) qui est vraiment horrible avec son épouse, Ruth, et leurs deux fils, Andrew et Paul ! Le suivent de près Gavin Hugues odieux avec Kay Bawden (elle est un peu stupide et naïve aussi...) et Obbo qui pourvoit Terry Weedon en drogue même quand elle veut décrocher.
Il y a encore plusieurs personnes mais je ne peux parler de tous, à vous de les découvrir. Voici quand même quelques extraits pour vous faire une idée plus précise du ton du roman.
« Ouais, dit Fats. Baiser et mourir. C'est ça, non ? Baiser et mourir. C'est ça, la vie. » (page 247).
« Aucune considération pour sa veuve, sa famille. Tout ce qui compte pour eux, c'est de gagner, et ils sont prêts à sacrifier tout le reste ! » (page 384).
« Aucun d'entre eux n'était Barry. Il était l'incarnation vivante de ce qu'ils proposaient en théorie : l'arrachement à la pauvreté et l'accès à la richesse par le biais de l'éducation ; le rejet d'une vie placée sous le signe de l'impuissance et de la dépendance au profit d'une existence tout entière vouée au bien-être de la société. » (page 510).
J'ai appris deux mots ! Immarcescible page 404 (qui ne peut se flétrir) et volapük page 537 (langue construite comme l'espéranto).
Un petit détail : page 541 à la 2e ligne du chapitre 10, que signifie « Parminder quitta le Vieux Presbytère etonta Church Row pour aller [...] » ? Peut-être « et remonta » ?
Une place à prendre est une excellente comédie de mœurs qui m'a scotchée du début à la fin, et malheureusement le drame n'est jamais loin... J.K. Rowling garde son écriture ample et fluide, mais elle a su la rendre plus mature, plus aboutie, et j'applaudis. Vivement le prochain roman !
Ce roman entre dans les challenges 1 % de la rentrée littéraire 2012, ABC critiques 2012-2013 (lettre R) et God save the livre, Voisins voisines 2012 et Tour du monde en 8 ans, tous les trois pour l'Angleterre. | ||
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