Une saison en enfer est un ouvrage rédigé par Arthur Rimbaud entre avril et août 1873, et publié en Belgique en octobre de la même année. Ce livre de 53 pages a une particularité : il est le seul que l'auteur ait publié lui-même. Mais, en colère contre ses amis parisiens qui l'ont rejeté, Rimbaud a brûlé plusieurs de ses exemplaires. Les cinq cents exemplaires de l'imprimeur ont été retrouvés en 1901 par Léon Losseau, un bibliophile : ils n'avaient pas été payés et étaient restés dans le magasin de l'imprimerie !
Arthur Rimbaud 1854-1891, poète et voyageur.
Pris de folie car il a failli mourir et condamné par le démon, l'auteur s'adresse à Satan : « […] je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné ».
Arthur Rimbaud est en colère. Contre tout, la nation, la patrie, l'Église, ses contemporains que ce soient les fils de nobles familles ou ceux qui travaillent, « tous ignobles », la médecine, la philosophie, la science, le progrès... Il honnit le Christ, Dieu, l'Évangile, les Droits de l'Homme, tout ! C'est son « sang païen » qui prend le dessus, ou alors l'alcool et la drogue ? « Les hallucinations sont innombrables », dit-il.
Il quitte l'Europe, cet Occident fourvoyé et corrompu. Il vogue vers d'autres contrées qui lui donneront ce que le Christ ne lui donne pas : « noblesse et liberté ». Mais il sent bien qu'il est maudit et qu'il porte en lui tous les vices, « colère, luxure […], mensonge, paresse ».
Il soupire, se lamente, réclame l'amour divin ; il n'en peut plus des déceptions ; il aspire à la pureté et à la sagesse ; il expie ; il sait « tous les élans et les désastres » de la folie, de ses rages, de ses débauches mais... il sait aussi qu'il est faible et ne fait qu'entrevoir le bonheur et le salut sans pouvoir les toucher.
« Farce continuelle... […] La vie est la farce à mener par tous. »
Il est pris de délire et fait cet horrible constat : « Je me crois en enfer, donc j'y suis. »
Mais sa poésie, en vers libre ou en prose, est superbe !
« J'inventai la couleur des voyelles ! – A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. »
« Mangez les cailloux qu'on brise,
Les vieilles pierres d'églises ;
Les galets des vieux déluges. »
« Elle est retrouvée !
– Quoi ? – L'éternité.
C'est la mer mêlée
Au soleil. »
« Ô saisons, ô châteaux !
Quelle âme est sans défaut ? »
« L'automne déjà ! – Mais pourquoi regretter un éternel soleil […]. »
Quel tourment ! Quels tourments ! Rimbaud mérite bien son surnom de « poète maudit » ! Et il n'avait que 19 ans lors de la rédaction de cette saison en enfer !
En fait, lorsqu'il écrit ces courts textes mystiques, Arthur Rimbaud est en pleine séparation avec Paul Verlaine qui veut retourner vers son épouse. Verlaine tire d'ailleurs sur Rimbaud et ira en prison. Rimbaud a du mal à retrouver la raison.
La lecture est un peu déroutante, mais il y a un tel rythme qu'on ne peut que continuer, comme pris dans un maelstrom. Car il y a des métaphores, de l'âme, du tragique, un brin d'espoir (l'aurore dans L'adieu) et c'est vraiment très beau.
Alors pure dérision ou sincère repentance, ce n'est pas à nous, pauvres lecteurs, d'en juger.
Si vous cherchez Une saison en enfer sur Internet, vous trouverez plusieurs sites où le télécharger librement ou le lire en ligne.
J'ai choisi Une saison en enfer, d'Arthur Rimbaud pour le challenge Lire sous la contrainte car la contrainte de cette 3e session est : « saisons, mois ». Je mets aussi ce livre dans le défi Cent pages.
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