Zéro heure à Phnom Penh : une enquête du détective Calvino est un roman de Christopher G. Moore paru en février 2012 aux éditions Ma dans la collection Pôle Noir (321 pages, 20 €, ISBN 978-2-822-40086-2). Zero hour in Phnom Penh (1999) est traduit de l'anglais par Pierre H. Richard.
Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce roman qui m'a bien plu.
Christopher G. Moore est né le 8 juillet 1952 au Canada. Il fut journaliste et il est depuis 1985 l'auteur de plus de vingt romans mais Zéro heure à Phnom Penh est le premier traduit en français. Son site officiel http://www.cgmoore.com/ et le site de la série des Vincent Calvino.
Ne pas confondre Christopher Moore, Américain né en 1957 dans l'Ohio (États-Unis) qui est un auteur de romans humoristiques et de fantasy !
« Plusieurs personnes à Bangkok avaient des blessures. Certaines cicatrisaient plus rapidement que d'autres qui, bien qu'invisibles, semblaient ne jamais vouloir guérir, laissant suppurer de la plaie amertume et regrets. » (page 13).
Ancien avocat de New York, Vincent Calvino est maintenant détective privé à Bangkok (Thaïlande).
Pendant son temps libre, il traîne au Lonesome Hawk Bar tenu par un Américain.
Calvino y est contacté par Patten : il faudrait interroger un gars de Montréal, Stuart Leblanc surnommé Le Gros qui « est dans le racket de bijoux » pour avoir des nouvelles de Mike Hatch actuellement à Phnom Penh (Cambodge). Une mission facile pour 5 000 dollars ! Mais Le Gros meurt empoisonné au champ de courses...
Calvino va alors partir à Phnom Penh sur les traces de Hatch. Il sera accompagné de son ami, le lieutenant colonel Pratt de la police thaïlandaise qui enquête sur un vol de bijoux non résolu. Ils vont collaborer avec le surintendant de la police des forces des Nations unies, Ravi Singh, dont les enquêtes portent essentiellement sur la prostitution, la contrebande d'armes et aussi le vol de bijoux.
C'était déjà glauque en Thaïlande, ça va être encore pire au Cambodge !
Où beaucoup agissent en toute impunité...
Y compris les anciens Khmers rouges...
Y compris les soldats pacificateurs de l'ONU... illégalement armés, qui se livrent à des trafics, rackets et à la prostitution avec des Cambodgiennes et des Vietnamiennes mineures...
Voici quelques extraits pour vous faire une idée de l'ambiance, moite, sordide.
« Ouais, je vois ! Un Occidental ne peut jamais comprendre. C'est la sagesse proverbiale des Occidentaux. Mais, dans mon livre à moi, ça ne se passe pas comme ça. Les criminels n'ont rien à faire de la culture. Ce sont des opportunistes. Ils vont s'emparer de tout ce qu'ils peuvent avant qu'on les arrête. Donc... La seule question, c'est de savoir qui contrôle ici. Àmoins que tout le monde ne mange au même râtelier... » (page 58).
« Calvino savait qu'il y avait toujours suffisamment de preuves pour boucler un besogneux mais jamais assez pour atteindre son maître. Le système fonctionne de cette façon. […] ». (page 119).
« Les mensonges n'avaient jamais cessé. Ils avaient juste changé de camp, à la recherche de nouvelles victimes. Le Cambodge était une terre hors la loi dotée d'une population aux abois, […]. L'admettre n'était pas la question. Il suffisait de le constater. » (pages 150-151).
« … une cité où, en 1975, on avait ramené le calendrier à l'Année Zéro en même temps qu'on vidait la ville de ses habitants pour remplir les campagnes de leurs cadavres. » (page 204).
Ce roman que je mets dans le challenge Dragon 2012 (Thaïlande, Cambodge) est vraiment bien mais il est d'une telle densité que j'ai mis une plombe à le lire : trois semaines ! J'étais fatiguée, je lisais peu et j'avais l'impression de ne pas avancer. Pourtant c'est un excellent polar hardboiled, un roman noir avec un détective solitaire, désabusé mais séduisant, un contexte historique et social intéressant (le Cambodge de l'après Pol Pot), et une psychologie des personnages très poussée. La couverture est superbe, digne des grands romans (et films) noirs de la grande époque américaine des années 20 à 50.
D'autres enquêtes de Vincent Calvino à paraître ?
commenter cet article …