Si Heide a choisi pour ce 11e Lundis philo, Jankélévitch et le thème de la musique, c'est parce que Jankélévitch est philosophe et musicologue.
Vladimir Jankélévitch est né le 31 août 1903 à Bourges (Cher) dans une famille russe qui avait fui les pogroms.
Son père, Samuel Jankélévitch, médecin et penseur, a traduit Sigmund Freud (1856-1939) en français, ainsi que les philosophes allemands Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) et Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (1775-1854), et a publié des articles sur la philosophie.
En 1922, Vladimir Jankélévitch est entré à l'École normale supérieure de Paris où il a étudié la philosophie et en est ressorti premier à l'agrégation en 1926. En 1927, il partit enseigner à l'Institut français de Prague et rédiger une thèse sur Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling. En 1933, il est revenu en France et a enseigné la philosophie (Caen, Lyon, Toulouse, Lille). En 1940, il est entré dans la clandestinité, a mis sa famille à l'abri à Toulouse et a rejoint la Résistance. C'est là qu'il a compris que la morale, c'est s'engager. Et s'engager, ce n'est pas penser à s'engager ou dire qu'on va s'engager, mais s'engager vraiment, même au péril de sa vie.
Dès 1947, il a repris l'enseignement, à Lille puis à Paris à la Sorbonne (philosophie morale et métaphysique) et ce jusqu'en 1979.
Il est mort le 6 juin 1985 à Paris.
Jankélévitch a développé la métaphysique du « je ne sais quoi » chère à Saint-Jean-de-la-Croix (1542-1591) et du « presque rien ». Henri Bergson (1859-1941) l'avait désigné comme héritier de sa pensée. Jankélévitch a d'ailleurs écrit son premier livre, en 1931, sur Henri Bergson. L'ouvrage Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien est paru en 1957.
Il a aussi réfléchi sur la morale, celle-ci devant être bienfaisante et traduite en actes. Philosophie première, introduction à une philosophie du presque est paru en 1954 et Le paradoxe de la morale en 1981.
Et, passionné par la musique, en particulier le piano, il a analysé la musique des XIXe et XXe siècles et a écrit plusieurs livres sur ses compositeurs préférés (Frédéric Chopin, Claude Debussy, Gabriel Fauré, Franz Liszt, Maurice Ravel, Nikolaï Rimski-Korsakov, Érik Satie).
Plus d'infos sur http://www.jankelevitch.fr/pages/accueil.html.
Rien à voir avec la musique, mais j'aime beaucoup cette citation de Jankélévitch qui rejoint « Trop de liberté tue la liberté » : « Si tout est permis, rien n'est permis » (L'ironie, 1979).
J'aurais pu lire La musique et l'ineffable ou La musique et les heures (parus au Seuil respectivement en 1961 et en 1988) dans lesquels Jankélévitch s'interroge, à l'instar de Gabriel Fauré, sur « qu'est-ce que la musique ? » mais je n'ai pas eu le temps et j'en suis désolée. Mais ce n'est que partie remise !
En écoutant la première vidéo ci-dessous, je me suis rendue compte que j'avais déjà dû voir et entendre Vladimir Jankélévitch à la télévision ! Alors je remercie Heide pour ce lundi philo qui m'a fait redécouvrir ce philosophe original. Il est possible d'écouter aussi les deux émissions consacrées à Vladimir Jankélévitch et présentée par Karine Le Bail sur le site de l'INA. Première émission : Le dit de la musique (6 minutes) et deuxième émission : Sous le signe des mots (58 minutes).