Pour ce 12e Lundis philo, Heide a choisi Jung et ses archétypes.
Carl Gustav Jung est né le 26 juillet 1875 à Kesswil (canton de Thurgovie, Suisse alémanique). Il est mort le 6 juin 1961 à Küsnacht (canton de Zurich, Suisse alémanique).
Alors que Freud est connu pour la psychanalyse et son étude de l'inconscient, Jung – médecin, psychiatre et psychologue – est un pionnier de la psychologie des profondeurs ou psychologie analytique.
D'abord collaborateur de Freud, il s'éloigne de la psychanalyse pour étudier la psyché (l'âme) et les rêves en s'inspirant de la sociologie, l'anthropologie, la philosophie, la mythologie et la religion.
Jung a – comme Freud – consacré sa vie à la pratique et à l'élaboration de théories. Il a développé les concepts de :
- synchronicité : occurrence de deux événements au moins qui n'ont pas de lien de cause à effet mais qui ont un sens pour la personne concernée ;
- inconscient collectif : imaginaire humain qui influence les représentations individuelles et collectives ;
- archétypes : processus psychique qui induit des comportements et des représentations similaires dans toutes les cultures et dans toutes les époques même si les formes symboliques sont différentes.
Ce sont ces archétypes, liés à l'inconscient collectif, que je vais un peu plus développer.
Alors, archétypes ? En grec ancien αρχέτυπον (arkhêtupon) signifie « modèle primitif » et en latin archetypum signifie « original » ou « modèle ».
Pour Jung, les archétypes apparaissent dans les rêves (donc sûrement issus des instincts), sont représentés dans les mythes (histoire, art, littérature...), deviennent des symboles quelles que soient la culture et l'époque dans lesquelles on vit et restent dans l'inconscient collectif en influençant l'imaginaire, les valeurs véhiculées par la société et la nature humaine (voire animale de l'humain).
Jung les appellent les « images primordiales ».
Le paradis, l'enfer, les héros, les monstres, le Soi sont par exemple des archétypes et sont devenus des symboles fondamentaux, universels.
Ce concept d'archétypes n'est pas nouveau puisque des philosophes comme Platon et des théologiens comme Saint-Augustin en ont parlé avant Jung, simplement ils n'avaient pas étudié les manifestations et théorisé comme Jung !
Durant ses travaux, Jung a distingué – de façon empiriste – deux catégories d'archétypes :
- les archétypes trans-personnels : les qualités émanant de la culture et du collectif ;
- les archétypes personnels prenant la forme de personnages : l'Animus (la tendance masculine), l'Anima (la tendance féminine), l'Ombre (ce qui est ignoré, inconnu de soi-même), la Persona (la personnalité, le « masque social ») qui modifient la vie et la perception de chacun.
Toutefois, Jung pense que l'archétype n'est pas héréditaire (héritage biologique) mais qu'il est comblé par les expériences de tout un chacun.
Des spécialistes des sciences humaines, des anthropologues et des scientifiques ont développé (ou développent encore) des idées semblables à celles de Jung : Darwin et les social instincts, Gotthilf Heinrich von Schubert et le langage universel des rêves, Richard Wolfgang Semon et sa notion de trace cérébrale (engramme), Henri Bergson et les facultés, Noam Chomsky et l'acquisition innée du langage, etc. mais d'autres critiquent – en commençant par Freud, dès 1919 – la théorie des archétypes.
Plus d'infos sur Jung sur http://www.cgjung.net/ et sur http://www.cgjungfrance.com/.
Et si vous vous intéressez aux symboles, je vous conseille l'ouvrage de référence : L'encyclopédie des symboles (La Pochotèque, décembre 2004, 818 pages) et l'ouvrage inspiré des travaux de Jung (abondamment illustré) : Le livre des symboles, réflexions sur des images archétypales (Taschen, novembre 2010, 810 pages).
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