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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 12:31

SafariLitteraireCela fait déjà un bon mois que j'ai noté le lien vers le Safari littéraire créé par Tiphanya du blog Histoire de lectures... Le logo, très joli, a évidemment attiré mon attention.

Encore un challenge/défi, me direz-vous !

Mais il n'est pas du tout contraignant puisqu'il ne faut lire que deux livres en 2010 : un écrit par un auteur africain et un écrit par un auteur non-africain mais sur l'Afrique.

Sont autorisés les auteurs de l'Afrique subsaharienne, soit l'Afrique noire, et tout genre de documents : romans, nouvelles, biographies, essais, bandes dessinées.

 

Premier tour

Mon auteur africain sera le Sud-Africain Kgebetli Moele avec Chambre 207, son premier roman.

Mon auteur non-africain sera le Français Gilles Lorillard avec L'ombre du diable, un thriller qui se déroule en Tanzanie.

 

Deuxième tour ! 

Mon auteur africain est encore un Sud-Africain, Niq Mhlongo avec After tears, son deuxième roman.

Mon auteur non africain est une romancière anglo-australienne dont le roman se déroule en Tanzanie en 1968, Les amants de la terre sauvage, de Katherine Scholes.

 

Comme vous le voyez, je suis abonnée aux auteurs sud-africains et à la Tanzanie mais je vous assure que je n'ai pas fait exprès !

 

Je me suis rendue compte que j'avais sans le vouloir fait un troisième tour !

Mon auteur africain est Marguerite Abouet avec Aya de Yopougon (Côte d'Ivoire).

Mon auteur non-africain est Joseph Kessel avec Le lion (région du Kilimandjaro).

 

Précédentes lectures africaines

Afrique du Sud : Zulu, de Caryl Férey.

Botswana/Zimbabwe : 1 cobra, 2 souliers et beaucoup d'ennuis, d'Alexander McCall Smith, Vague à l'âme au Botswana, d'Alexander McCall Smith.

Éthiopie : Les amants de la mer Rouge, de Sulaiman Addonia (vit en Angleterre), Les belles choses que porte le ciel, de Dinaw Mengestu (vit aux États-Unis).

Mali : L'empreinte du renard, de Moussa Konaté, La malédiction du Lamantin, de Moussa Konaté.

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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 07:12

BellesChosesPoche.jpgLes belles choses que porte le ciel est un roman de Dinaw Mengestu paru aux éditions Albin Michel dans la collection Littérature étrangère en août 2007 (320 pages, 21,50 €, ISBN 978-2-226-17976-0). The beautiful things that heaven bears (2007) est traduit de l'américain par Anne Wicke.

Je l'ai reçu en poche (Livre de poche, octobre 2009, 283 pages, 6,50 €, ISBN 978-2-253-12581-5) et je remercie Suzanne et Chez les Filles pour cette très belle lecture.

 

Dinaw Mengestu est né en 1978 à Addis-Abeba (Éthiopie). Contrairement au héros de son roman qui se retrouve pratiquement seul à Washington, Dinaw Mengestu est venu aux États-Unis avec sa famille en 1980 (Chicago, Illinois). Diplômé des universités de Georgetown (anglais) et Columbia (littérature), il enseigne la littérature anglaise et écrit (ce roman, articles).

Les belles choses que porte le ciel a reçu le Prix du premier roman étranger 2007 et le Grand Prix des lectrices Elle 2008.

 

DinawMengestu.jpgSépha Stéphanos vient d'Éthiopie où sa mère et son frère vivent toujours. Il a dix-neuf ans lorsqu'il arrive aux États-Unis pour vivre chez un oncle, Berhane Sélassié, qui a vingt ans de plus que lui. C'était il y a dix-sept ans et, au lieu de continuer ses études, il a travaillé comme bagagiste au Capitol Hotel à Washington. Depuis 10 ans, il gère une petite épicerie à Logan Circle, « un quartier pauvre, noir, bon marché » (page 49), mais elle ne fonctionne plus très bien malgré ses efforts : « Mon épicerie n'a rien de spécial. Elle est étroite, miteuse […]. » (page 10), « cet horrible carrelage vert et le méchant éclairage fluorescent » (page 38).

Il a gardé ses deux amis, qui étaient bagagistes en même temps que lui : Kenneth et Joseph.

Kenneth, c'est Ken le Kenyan, « il a la peau sombre, le nez long et mince, [...] ses traits sont doux, presque délicats, […] un mètre quatre-vingts, […] soixante-cinq kilos. » Il est ingénieur. Il aime dire « Que Dieu bénisse l'Amérique ! Il n'y a qu'ici qu'on peut devenir gras comme un bouddha. » (page 9).

Joseph Kahangi, c'est Joe du Congo (République démocratique du Congo, anciennement le Zaïre), il est « petit et trapu comme une souche d'arbre. Il a un gros visage rond qui ressemble à un sablé au chocolat. » (page 13). Depuis huit ans, il est serveur dans un restaurant, le Colonial Grill, et il siffle tous les fonds de verre avant de les ramener en cuisine !

Se retrouvant régulièrement tous les trois au magasin, ils boivent un coup devant une vieille carte de l'Afrique, s'amusent à un jeu, l'un cite un dictateur et les deux autres doivent deviner le pays et l'année : « Lorsqu'il n'y aura plus de coups d'État, on pourra cesser notre jeu. » (page 16), jouent aux cartes ou aux échecs ou alors philosophent.

Un jour, Judith, une femme blanche, achète la maison à côté de celle de Stéphanos : « un bel édifice », « grosse demeure de brique hautes de quatre étages » (page 24) mais abandonnée depuis plus de dix ans, y fait faire des travaux et y emménage avec sa fille de 11 ans, Naomi « avec sa peau plus claire qu'une peau noire mais plus foncée qu'une peau blanche. » (page 31). Elles deviennent clientes de l'épicerie, invitent parfois Stéphanos. Puis d'autres nouvelles personnes viennent s'installer dans le quartier qui devient plus côté et les pauvres commencent à se faire expulser...

 

Je connais peu la littérature éthiopienne (écrite au pays ou par la diaspora, je n'ai déjà lu que Les amants de la mer Rouge, de Sulaiman Addonia qui vit en Angleterre) mais quelle charmante lecture ! L'écriture est d'une grande finesse, le style est fluide, l'histoire est bouleversante. J'aime particulièrement lorsque Stéphanos lit Les frères Karamazov (de Dostoïevski) à Naomi pendant les vacances scolaires. En ce qui concerne le titre, Les belles choses que porte le ciel, il est inspiré de La divine comédie (de Dante) que Joseph affectionne. Je pourrais juste conclure ma note de lecture en disant Les belles choses que porte ce livre...

 

Quelques extraits

« Depuis le premier jour où j'ai ouvert l'épicerie, j'ai toujours eu un livre à portée de main, si bien que chaque heure, même lors des journées les plus calmes, a toujours été remplie d'au moins une autre voix que la mienne. […] Au fil des ans, j'ai lu environ un livre tous les deux jours […]. » (page 54).

« À la bibliothèque, je me mis à prendre les livres par quatre afin d'être sûr d'avoir largement de quoi lire pour la semaine. […] tout ce que j'attendais de la vie maintenant, c'était de pouvoir lire tranquillement, seul le plus longtemps possible dans la journée.  » (page 55).

« Les trains de cette ville ne cessent de m'étonner, même après tout ce temps passé ici. Il ne s'agit pas seulement de leur taille, mais de leur ordre, de l'impression que vous avez quand vous montez dedans, l'impression qu'une puissance supérieure régulatrice contrôle fermement l'ensemble. » (page 125).

« Le premier but du réfugié est de survivre et, une fois que c'est fait, ce but initial est vite remplacé par les ambitions générales de la vie. » (page 126).

« Un professeur d'histoire de mon collège universitaire de Virginie avait dit un jour qu'il n'y avait eu que trois vraies révolutions durant ces deux derniers siècles, la française, la chinoise et la russe. Tout le reste n'était que rébellions, insurrections, soulèvements, protestations ou grèves. » (page 129).

Parfois les personnages ne sont pas tendres entre eux ou envers leur pays :

Kenneth à Joseph : « Si ça te manque tellement, lui hurla-t-il un jour, pourquoi tu n'y retournes pas ? Comme ça t'auras plus besoin de dire sans arrêt 'C'est comme l'Afrique' et 'On dirait l'Afrique'. Mais tu veux pas y retourner. Tu préfères que ça te manque confortablement ici plutôt que la détester chaque jour sur place. » (page 128).

Stéphanos : « Le temps, la distance et la nostalgie ont convaincu ces femmes que là-bas, en Éthiopie, nous étions tous moraux et parfaits [...]. Avec nos petits boulots et nos minuscules appartements, il est impossible de ne pas regarder de temps en temps en arrière et de prétendre qu'il y eut jadis un monde meilleur, où les maris étaient fidèles, les enfants obéissants, la vie facile et merveilleuse. »

Kenneth à propos de son père : « Exactement. C'est tout. C'est tout ce qu'il a jamais été. Un pauvre homme illettré qui vivait dans un taudis. Et tu sais ce que ça fait de lui, en Afrique ? Rien du tout. Et c'est ça, l'Afrique en ce moment. Un continent plein d'illettrés qui meurent dans des taudis. Alors c'est quoi, ce qui devrait me manquer ? […] Depuis ma naissance, il n'y a eu que deux leaders, au Kenya. Le premier fut terrible et maintenant le deuxième, il est encore pire. Et c'est pour ça que je suis ici, dans ce pays. Pas de révolution. Pas de coup d'État. » (pages 231-232).

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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 23:45

Vague à l'âme au Botswana est le 3ème roman de la série l'Agence n° 1 des dames détectives d'Alexander McCall Smith, paru en avril 2004 (réédition juillet 2007) aux éditions 10/18 dans la collection Grands détectives (250 pages, 7 €, ISBN 978-2-264-04556-0). Morality for beautiful girls est traduit de l'anglais par Élisabeth Kern.

 

J'ai déjà lu un roman de cette série, un peu au hasard (le titre et la couverture m'avaient plu), pour le défi Littérature policière sur les 5 continents. C'était 1 cobra, 2 souliers et beaucoup d'ennuis, le 7ème de la série, et j'avais été charmée non seulement par le style de l'auteur mais aussi par les personnages et ce pays dont je ne connaissais rien, ou si peu, le Botswana. Évidemment j'ai eu envie de lire d'autres tomes, et même s'il vaut mieux les lire dans l'ordre chronologique, tant pis, j'ai choisi Vague à l'âme au Botswana à cause des lions sur la couverture ! Mais il existe une autre couverture (image à droite) que j'aime moins.

 

L'héroïne, Mma Precious Ramotswe est directrice de l'Agence n° 1 des dames détectives qu'elle a créée à Gabarone, et c'est la seule agence de détectives privées au Botswana. Elle est aidée par une secrétaire, travailleuse et efficace, Mma Makutsi.

Après avoir divorcée d'un trompettiste de jazz alcoolique, violent et égoïste, Mma Ramotswe a refusé les avances de Mr J.L.B. Matekoni mais au bout de 6 mois, se rendant compte que c'était un homme bien, elle a accepté de l'épouser. Les deux orphelins qu'il a recueillis par l'intermédiaire de Mma Potokwane, la directrice de la ferme des orphelins, vivent déjà à Zebra Drive, dans la maison de Mma Ramotswe, plus adaptée que celle du célibataire.

Mma Ramotswe est très occupée, comme d'habitude, mais là, elle doit penser au mariage, à l'éducation des enfants (Motholeli, la fille, 13 ans, est en fauteuil roulant et Puso, son frère de 7 ans est un petit terrible !), au déménagement de l'agence dans un bureau attenant au Tlokwend Road Speedy Motors, le garage de son futur époux.

Pendant ce temps, un enfant de 6 ou 7 ans, nu et sauvage, est découvert dans le bush, dans le delta de l'Okavango. Il ne parle pas, grogne, mord et sent comme les lions. Il est acheminé vers la ferme des orphelins.

Mais depuis deux semaines, Mr J.L.B. Matekoni ne se sent pas bien, il abandonne le garage, laissant ses deux apprentis pourtant incompétents et faignants faire tout le travail, il parle peu, mange peu, dort peu mais ne veut pas voir le Dr Moffat qui pense à une dépression.

Mma Ramotswe ne peut cependant pas s'occuper de lui car un important client (et l'agence n'avait pas reçu de client depuis plus d'une semaine) l'envoie enquêter dans la ferme familiale car « l'homme d'État » croit que l'épouse de son jeune frère veut l'empoisonner pour obtenir tous ses biens.

Heureusement que Rose, la gentille femme de ménage peut s'occuper des enfants, et que Mma Makutsi va s'occuper du garage et des apprentis, et bien sûr de l'agence : elle va d'ailleurs enquêter seule pour la première fois car un autre client, Mr Pulani, souhaite une enquête de moralité sur des jeunes filles sélectionnées pour l'élection de Miss Botswana.

 

Comme pour 1 cobra, 2 souliers et beaucoup d'ennuis, c'est très plaisant à lire, on boit du thé rouge avec Mma Ramotswe, et pourquoi pas en mangeant un bon gâteau car elle est de « constitution traditionnelle » et n'en a pas honte, on réfléchit sur l'utilité de l'existentialisme, on attend la pluie, on vit au rythme du Botswana, ce pays inconnu qui se donne au lecteur dans cette série charmante, fraîche et sincère.

 

Comme j'ai lu ce roman d'une traite, je n'ai pas relevé d'extraits sauf celui où Mma Ramotswe rencontre Mr Pilai dans la rue : « Mma Ramotswe ! s'exclama-t-il. Je vous en prie, laissez-moi vous regarder. On vient de me donner ces nouvelles lunettes et je vois clair pour la première fois depuis très longtemps. Oh, c'est merveilleux ! J'avais oublié ce que c'était que de bien voir. Et voilà que vous arrivez, Mma. Vous êtes très belle, très grosse. » (pages 133-134). C'est trop drôle, j'adore !

 

C'est sûr, je vais lire les autres tomes !

 

Puisque j'ai parlé du thé rouge/rooibos auparavant, je voudrais dire quelques mots sur le robinier : c'est un arbre qui revient souvent dans le roman mais je n'arrivais pas à me le représenter. Originaire d'Amérique du Sud, le Robinia a certainement été introduit en Afrique (en Europe, il l'a été en 1600 par le jardinier français Jean Robin). Le robinier est aussi appelé faux-acacia. Il porte de belles fleurs blanches ou roses dont le pollen fait un miel qui serait succulent (et que j'aimerais bien goûter !).

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 23:49

L'empreinte du renard est un roman policier du Malien Moussa Konaté paru chez Fayard noir en février 2006 (265 pages, 17 €, ISBN 978-2-213-62682-6).

 

J'ai tellement aimé La malédiction du Lamantin (qui se passe chez les Bozos) que j'ai voulu lire rapidement cette empreinte du renard (qui se passe chez les Dogons) et que je ne résiste pas à l'envie de vous poster cette note de lecture tout de suite !

 

Pigui, près de la falaise de Bandagaria, est un village Dogon. Alerté par sa jeune sœur Yalèmo, Yadgè doit se battre contre son meilleur ami Nèmègo qui a couché avec sa fiancée Yakoromo. Le jeune homme qui est en tort doit mourir pour réparer les honneurs qu'il a salis. De son côté, la mère de Yadgè a consulté Kodjo, le devin à tête de chat qui a lu dans les empreintes de renard : « [...] la paix quittera cette maison pour longtemps. À sa place, il y aura du sang, beaucoup de sang. Ce sang se répandra dans tout le village. Tout cela durera longtemps. » (page 33). Le lendemain matin, sur la table de pierre suspendue au-dessus du vide, le combat ne se passe comme prévu...

Bamako, capitale du Mali, le commissaire Habib Kéita et son jeune assistant Sosso Traoré de la Brigade criminelle sont appelés dans le bureau d'Issa, ami d'enfance de Habib, devenu conseiller du ministre de la sécurité intérieure. Ils sont envoyés à Pigui pour enquêter sur plusieurs morts.

Le quotidien de Bamako et de la brigade, la vie de famille du commissaire avec son épouse Haby, une institutrice, et leurs enfants. Beaucoup d'éclats de rire. Puis le déplacement à Pigui.

« Je crois qu'on va bien s'amuser au pays dogon, ironisa le commissaire sans transition. Avec un adolescent comme maire, des assassinats sans auteur et sans arme, le tout dans un environnement irrationnel, c'est du plaisir. » (page 65).

S'amuser ? La personne suspectée par les gendarmes sur place est Djènè Kansaye, l'oncle de Yadgè, mais Habib pense qu'il est innocent. L'enquête ne sera pas très longue (quelques jours) mais elle sera difficile et Sosso manquera se faire tuer deux fois par des serpents...

 

J'ai beaucoup aimé cette enquête. Les Dogons sont vraiment différents des Bozos mais ils ont aussi leur propres traditions et leur justice. En fait ils se contre-fichent d'un pouvoir central qui ne les concerne pas et qui ne connaît rien à leurs ancêtres, leur honneur et à la vie qu'ils mènent. Malheureusement les jeunes se laissent séduire par l'argent et les sirènes du monde moderne, monde qu'ils ne connaissent pas et qu'ils ne comprennent pas mais qui les attirent pour leur perte.

 

Phrases intéressantes

Le commissaire Habib : « Quand j'étudiais en France, je ne dédaignais pas le bon vin rouge, d'autant plus que je vivais dans le Bordelais. Mais, une fois ici, j'ai dû me reconvertir à l'eau, pas toujours potable, du reste. » (page 110).

Le gendarme Ouologuem à Sosso : « Tu sais, on étouffe dans ce pays. Toutes ces coutumes, cette religion, ces contraintes, on en a marre. Nous, on est jeunes et on veut vivre. [...] Je ne cherche qu'une chose : être riche et foutre le camp. Pour les autres, c'est pareil. » (page 137).

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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 15:21

C'est grâce au défi Littérature policière sur les 5 continents que j'ai lu des notes de lecture sur L'empreinte du renard - Meurtres en pays Dogon et La malédiction du Lamantin de Moussa Konaté et que j'ai eu envie de découvrir ces romans policiers du Mali. Je vais sûrement regretter de ne pas les avoir lus dans l'ordre chronologique mais j'ai eu l'occasion de lire d'abord La malédiction du Lamantin et c'est lui que j'ai choisi pour le continent africain pour mon second tour du défi. Du même auteur L'assassin du Banconi, suivi de L'honneur des Kéita (Gallimard, 2002).

 

La malédiction du Lamantin est donc un roman policier de Moussa Konaté paru en mai 2009 dans la collection Fayard noir (213 pages, 15,90 €, ISBN 978-2-213-63514-9) et d'après ce que j'ai compris, c'est le troisième livre mettant en scène le commissaire Habib et à chaque enquête, il rend visite à une minorité différente du Mali et doit faire avec leurs superstitions.

 

Kokri, un village de pêcheurs Bozos, proche de Bamako, la nuit. Kouata, le chef du village hémiplégique, son épouse Nassoumba, le vieux thérapeute traditionnel Zarka et Mandjou le griot sont présents à une cérémonie : le devin Kalapo a interrogé le sable à trois reprises et le peuple Bozo doit demander pardon à Maa, le dieu Lamantin du fleuve Djoliba (fleuve Niger) pour ses erreurs. Mais Maa a refusé leurs offrandes : « [...] les eaux du fleuve furent violemment agitées par des vagues énormes qui rejetèrent le coq, puis ses plumes, puis les noix de cola sur la berge. » (page 16). Apété, témoin caché de la scène, est apostrophé par « un géant d'un noir foncé, taillé comme un haltérophile [...], et armé d'un énorme gourdin » (page 17) qui l'oblige à parcourir Kokri et Bamako en annonçant leur mort aux habitants.

Bamako, le lendemain. Le commissaire Habib Kéita est mécontent car sa précédente enquête, menée en pays Dogon (voilà, je le savais que j'aurais dû les lire dans l'ordre !) est close, le dossier est classé et les coupables courent toujours... C'est en compagnie de son jeune collaborateur, l'inspecteur Sosso Traoré, que le commissaire Habib surprend Apété annoncer la fin du monde. Plus tard, Zarka (qui était un ami de son défunt père) lui rend visite à la brigade criminelle et lui annonce aussi la fin du monde. Puis un violent orage, inhabituel en février, secoue le pays : « Si ce n'était pas l'annonce de la fin du monde, ça y ressemblait étrangement. » (page 29).

Le surlendemain, Habib et Sosso sont appelés à Kokrini car les corps de Kouata et de Nassoumba ont été découverts. Mais à cause des superstitions des Bozos qui se fichent des preuves et des empreintes, les policiers doivent laisser agir l'imam Lassine et le devin Kalapo avant de voir les corps... « Maintenant, les autorités vont faire leur travail. C'est la loi qui le veut. Ils nous ramèneront les corps sans tarder. » (page 33). « Dans quel monde vivons-nous ? s'étonna Habib une fois assis dans la voiture, à côté de Sosso. C'est à en devenir fou. » (page 34).

Le principal suspect est Sodjè, le fils que le chef Kouta a eu avec sa première épouse aujourd'hui décédée.

Comme ils s'en doutaient depuis le début, Habib et Sosso reçoivent des pressions afin d'arrêter l'enquête : « De quel droit des gens n'ayant aucun lien avec la police pouvaient-ils se donner l'autorité d'imposer au chef de la brigade criminelle d'abandonner une enquête ordonnée par le procureur de la République ? Était-ce la république ou la gérontocratie ? Certes, on pouvait comprendre l'attachement des personnes âgées aux traditions ancestrales, mais elles n'étaient ni élues ni nommées. À supposer qu'on leur cédât une fois, ne faudrait-il pas céder toujours ? Ne deviendraient-elles pas les vrais maîtres du pays, qu'elles gouverneraient strictement selon les traditions millénaires ? À quoi cela pourrait-il mener, sinon au chaos ? » (pages 108-109) et « Je ne comprends pas ce que tu veux dire. J'ai une enquête à mener sur un ou deux meurtres. J'en suis tout juste au début. Que les Bozos, puis à leur suite les autres ethnies m'intiment l'ordre d'arrêter mes investigations parce qu'ils ont une tout autre conception du crime, je peux comprendre, mais que toi, tu souhaites que je change de démarche, alors là, je reste perplexe. » (page 131).

Heureusement quelques-uns (qui ne sont pas des Bozos) acceptent de parler ce qui permet à l'enquête d'avancer un peu.

Et puis, on voit un peu la vie de famille du commissaire (il est marié et a deux enfants, un garçon et une fille), le quotidien à Bamako, les différences entre les ethnies (qui n'ont souvent pas le droit de se mélanger).

 

Un de mes passages préférés

« Écoute, mon cher, ne perdons pas de temps : tu as fauté et du dois payer. Ou c'est à moi que tu paies directement et ça te fera six mille francs, ou tu vas payer à la fourrière et ça te coûtera douze mille francs. Décide-toi vite et laisse-moi faire mon boulot. » « Ah, quel pays ! se désola le commissaire. Des agents de police qui rackettent au su et au vu de tous ! » (pages 21-22).

 

C'est un roman policier totalement dépaysant et agréable à lire (l'enquête ne se déroule qu'en quelques jours). J'ai tellement aimé que j'ai enchaîné avec L'empreinte du renard !

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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 11:30

Les naufragés de l'île Tromelin est un roman d'Irène Frain « basé sur des faits réels historiquement mis au jour par Max Guérout » publié par Michel Lafon en février 2009 (377 pages, 20 €, ISBN 978-2-7499-0990-5).

 

Une journée pluvieuse à Paris, Irène Frain, écrivain, rencontre Max Guérout, navigateur et archéologue, qui a découvert deux documents concernant le naufrage de L'Utile sur un îlot de corail, plus tard appelé l'île Tromelin (du nom de son « découvreur »). Une des copies est attribuée à Philippe-Jacob Herga dit Herga Le Jeune, le chirurgien de bord, l'autre à Hilarion du Buisson de Keraudic, écrivain lui aussi à bord du bateau.

 

L'île Tromelin (1 km²) se situe entre la pointe nord de Madagascar et le dangereux banc de Nazareth, bien plus au nord de l'île de France (Maurice) et de l'île Bourbon (Réunion).

 

Lors de son naufrage, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1761, L'Utile transportait le capitaine Jean de Lafargue, employé par la Compagnie des Indes, et ses cent quarante deux hommes d'équipage dont huit officiers, mais aussi une cargaison de « cent soixante esclaves achetés frauduleusement ». Après le naufrage, ces Noirs ont vécu « avec » les Blancs sur l'îlot puis y ont été abandonnés pendant 15 ans.

 

Le sujet est vraiment intéressant et, comme Irène Frain, je veux en savoir plus donc je me lance dans l'enquête.

 

La description de l'île fait froid dans le dos car c'est presque l'enfer sur cet îlot totalement inhospitalier, peuplé par quelques crustacés et des oiseaux se régalant des tortues qui viennent de naître.

 

Comme le capitaine Jean de Lafargue transporte des esclaves à son bord, il veut arriver vite. L'Utile navigue donc dans des eaux encore peu connues. Les esclaves sont relativement bien traités car ils ne doivent pas perdre de valeur. Mais à bord, les hommes sont en désaccord avec le capitaine sur la route à suivre.

 

Et puis, en pleine nuit, ce qui devait arriver... Irène Frain raconte « heure par heure, la catastrophe », apparemment peu après 22 heures, alors que le capitaine est en train de dormir. Heureusement Castellan, malgré sa peur, ne panique pas et lorsque le bateau se disloque, plusieurs hommes peuvent nager jusqu'à la plage de sable de ce « caillou aride perdu au cœur de l'océan » (page 113) qui n'apparaît pas encore sur les cartes (ou alors sur quelques-unes mais pas au bon endroit).

 

Ensuite c'est la vie sur cette île battue par le vent et les vagues, la survie laborieuse (la lecture aussi), les Blancs et les Noirs chacun de leur côté, l'idée de construire un bateau avec les restes de L'Utile et avec l'aide des esclaves, le départ sans les Noirs abandonnés à leur triste sort, la promesse de Castellan de revenir les chercher, etc.

 

Les différentes parties sont courtes (entre 20 et 50 pages) et devraient se lire vite mais il y a trop de descriptions, trop de détails dont on n'est même pas sûr qu'ils soient vrais et finalement on n'apprend rien de plus sur ce qu'ont vécu ces Noirs pendant 15 ans... Du coup on s'englue, on a le mal de mer et on sombre !

 

Je remercie quand même Suzanne de Chez les filles de m'avoir envoyé ce livre même s'il n'a pas été à la hauteur de ce que j'espérais.

 

Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, le site http://www.lesnaufragesdeliletromelin.fr/ propose des photos, des vidéos, les premières pages du roman et des informations sur Irène Frain et son voyage sur l'île.

 

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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 08:49

GrandeLibrairie

Émission diffusée sur France 5 le jeudi 19 mars et disponible sur le site de La grande librairie.

 

Dans le cadre de la Semaine de la Langue française, François Busnel est à Dakar pour parler de la littérature africaine, en particulier sénégalaise, en tout cas de la littérature francophone africaine, qui est jeune (moins de 100 ans). Il va retrouver de nombreux invités au cours de cette émission riche en rythmes africains.

 

Amadou Lamine Sall explique que la langue française est entrée en Afrique par le Sénégal et que le premier agrégé de grammaire africain fut Léopold Sédar Senghor, un Sénégalais. Il parle de la négritude, qui est l'ensemble des valeurs des civilisations noires. À partir des années 60, la nouvelle littérature s'est adressée au peuple noir et plus aux Blancs, elle est devenue une littérature nationale, une littérature d'expression française qui permet de communiquer avec le monde. Actuellement, il y a encore une nouvelle littérature avec des jeunes, beaucoup de poésie, la littérature en langues nationales étant très présente mais peu connue à l'extérieur. Il est un fervent défenseur de la francophonie qui est la sauvegarde de la langue française. Amadou Lamine Sall est un grand poète sénégalais. Plus d'informations sur son site.

 

Abasse Ndione est un écrivain de romans policiers, un genre nouveau au Sénégal. Son dernier roman raconte comment les pirogues des pêcheurs sont volées pour aller aux Canaries. Le titre Mbeke mi est le bruit de la pirogue sur l'océan, il symbolise la tentation de la migration, du départ vers un paradis imaginé (Occident, Europe). Dans ce roman, deux pêcheurs décident de devenir convoyeurs et l'auteur dénonce ce commerce. Il comprend ceux qui partent mais pense que leur place est dans leur pays, il dit « je suis le témoin de mon époque », mais ne se veut pas un porte-drapeau ou un écrivain engagé.

 

Cheikh Hamidou Kane a publié un seul livre, il y a une cinquantaine d'années, L'aventure ambiguë dans lequel il raconte d'un côté la foi (il est musulman) et de l'autre l'école. Après des études à la Sorbonne, il retourne au Sénégal en 1958 et il analyse ce phénomène d'attraction/répulsion. Attraction pour la langue française apprise à l'école, qui donne l'occasion de s'exprimer avec une langue de culture, de transmettre sa pensée aux autres mais répulsion aussi car c'est la langue de l'ancien colonisateur qui ignorait les cultures, les valeurs éthiques et religieuses. Il explique dans son livre les repères de l'école et de la mosquée car au Sénégal, l'islam est orthodoxe avec le respect et la tolérance, et il conclut « il est possible d'apprendre sans oublier ».

 

Jean-Christophe Rufin, membre de l'Académie française depuis juin 2008, réside à l'Ambassade de France (il y a eu de nombreux écrivains diplomates ou ambassadeurs). Son dernier roman, Un léopard sur le garot commence avec les premiers jours de son arrivée durant la saison des pluies. Direction la pointe la plus à l'ouest du continent africain. Le Sénégal va-t-il inspirer son prochain roman ? Non, il ne peut pas écrire directement sur le Sénégal, il a un devoir de réserve. Par contre, il s'intéresse à la littérature sénégalaise, celle qui se fait ici, pas celle des expatriés. Il pense que l'avenir de la francophonie dépend des Français, qu'il faut se donner les moyens de rester fidèles à cette tradition, de valoriser cette filière francophone jusqu'au bout. J'avais lu Le parfum d'Adam il y a bientôt deux ans.

 

Ken Bugul est une Sénégalaise qui vit au Bénin. Depuis une vingtaine d'années, elle publie des romans qui font scandale car elle dénonce les viols, l'inceste, l'excision... Ken Bugul est un pseudonyme qui signifie « personne n'en veut ». Son premier livre Le baobab bleu paru en 1982 a été bien accueilli car c'était un roman, pas un essai, mais elle a attiré l'attention sur le culte de la viriginité (le fait de vérifier étant déjà un viol). Dans Riwan, elle raconte pourquoi elle a accepté d'être l'épouse d'un homme polygame et comment de femme rejetée par la société, elle a pu avoir un nouveau statut. Elle défend la francophonie, car elle écrit « en français mais pas du français » car le rythme est différent (à cause de la manière dont elle a appris le français dans son village en tant qu'indigène).

 

François Busnel nous entraîne ensuite dans la Librairie des 4 vents, la plus grande de Dakar, qui existe depuis plus de 35 ans. La libraire, Mona Hachem est d'origine libanaise mais sa famille vit là depuis trois générations. Elle dit que « les gens sont assoiffés de littérature à Dakar ». Son coup de coeur est Tounka d'Abdoulaye Sadji paru chez Présence africaine (c'est l'histoire du peuple fondateur) mais il y a aussi L'enfant peul d'Hamadou Ampâté Bâ, les livres de Mariama Bâ et bien sûr ceux du maître, Léopold Sedar Senghor.

 

Ousmane Sow est un sculpteur de réputation internationale et plusieurs livres de rétrospective des ses sculptures sont parus. C'est un solitaire dont le premier contact avec l'Art a été la poésie (« Je suis un rêveur », dit-il). Il se dit intéressé par les choses qu'il comprend parce qu'il n'est pas un aventurier intellectuel. Je suis impressionnée devant ses sculptures monumentales et étonnée d'apprendre que certaines ont été détruites pour en faire d'autres et pour avoir de la place !

 

Devant un large point d'eau, François Busnel se demande si les canards de Central Park se rendent à Dakar... Référence à l'émission spéciale sur les écrivains de New York.

 

Direction ensuite l'île de Gorée, par où sont arrivés les Européens : les premiers colons étaient Portugais au 15è siècle puis ce fut les Hollandais au 16è et enfin les Français au 17è. Malheureusement, l'esclavage avait commencé bien avant l'arrivée des Européens... Car il y a eu deux traites : celle des Blancs et celle des Arabo-musulmans. Le livre de Tidiane N'Diaye (écrivain, anthropologue, spécialiste de l'histoire africaine) sur la traite des Noirs par les Arabes, intitulé Le génocide voilé est encore un tabou. Pourtant la traite occidentale a touché entre 9 et 11 millions de Noirs dont les descendants peuplent maintenant l'Amérique. Alors que la traite Arabo-musulmane a touché pendant 13 siècles plus de 17 millions de Noirs, qui ont été déportés, tués, et qui ont laissé très peu ou pas du tout de descendants à cause de la castration... L'Afrique a été victime de racisme, les Noirs traités en sous-hommes et le monde arabo-musulman a perpétré un véritable génocide par une « volonté manifeste de vouloir éliminer un peuple » mais l'auteur pense que ce sujet reste tabou à cause de la religion. Pour donner un exemple des très rares survivants, il cite les 2000 individus issus de peuples noirs en Irak, dont 90 % sont analphabètes et qui sont marginalisés et maltraités... Plus d'informations sur son site.

 

Tierno Monénembo, exilé depuis 35 ans en France, est l'auteur du roman Le roi de Kahel (prix Renaudot), « un récit romanesque mais d'une histoire vraie », celle d'un Français, Aimé Olivier de Sanderval qui décide de devenir roi d'une parcelle de terre. Le romancier voit ce héros comme une exception : « un colonialiste qui cherche à comprendre, romantique, solitaire, aventurier, qui veut bâtir le royaume de l'enfance ; influencé par les récits des aventuriers, il veut se bâtir son royaume à lui, c'est un original » et ce roman est un peu « une farce, burlesque, une parodie de la colonisation, une métaphore ironique de cette colonisation, une ambition de bâtir un monde à partir de ses propres idées, avec un colonisateur pas violent, qui ne ne veut pas conquérir, qui veut séduire, qui va battre monnaie... ». Tierno Monénembo cherche à déclencher « un rire sain » car plus de 50 ans après la décolonisation, il faut passer à autre chose, ne pas idéaliser et « porter un regard critique sur notre propre société ».

À la question « quel est le rôle d'un écrivain en Afrique », le romancier répond « le devoir de la folie : dire ce que les autres n'osent pas dire, fait ce que les autres ne peuvent pas faire ».

Alors un « renouveau des lettres africaines » ? Oui, « ce n'est plus une petite chose marginale, c'est en train de devenir une réalité mondiale ».

 

Très belle émission, enrichissante, chaleureuse, colorée et diversifiée dans laquelle on découvre des auteurs dont on avait seulement « entendu parler » et qui donne envie de lire plus la littérature africaine.

 

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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 08:02

Plusieurs participants ont choisi tout comme moi - pour le défi Littérature policière sur les 5 continents - Mma Ramotswe détective, le premier tome d'aventures qui se déroulent au Botswana. J'ai donc modifié mon choix tout en restant dans cette série que je voulais absolument découvrir. Et c'est la couverture, vraiment attirante, (ils sont mignons ces suricates) qui m'a décidée pour celui-ci.

 

1 cobra, 2 souliers et beaucoup d'ennuis, d'Alexander McCall Smith est le 7ème tome des aventures de Mma Ramotswe qui paraît chez 10/18, dans la collection grands détectives (n° 3975, janvier 2007, 255 pages, ISBN 978-2-264-04455-6). C'est Élisabeth Kern qui a traduit de l'anglais « Blue shoes and happiness » (2006).

 

AMcCallSmithAlexander McCall Smith est né le 24 août 1948 en Rhodésie (devenue le Zimbabwe) dans une famille écossaise. C'est pourquoi il étudia le droit à Édimbourg où plus tard il enseigna ainsi qu'au Botswana, pays dans lequel il situe les aventures de Mma Ramotswe. Éclectique, Alexander McCall Smith est non seulement écrivain mais aussi juriste et expert en droit médical et bioéthique, et musicien à ses heures perdues avec le Really Terrible Orchestra qu'il a fondé en 1995. Auteur prolifique, il a d'abord écrit des contes et des livres pour enfants (dès 1984) avant de créer les séries Mma Ramotswe (en 1998), Dr. von Igelfeld (en 2003) qui se déroule à Regensburg (Ratisbonne), Isabel Dalhousie (en 2004) et 44 Scotland Street (en 2005) qui se déroulent à Édimbourg. Plus d'informations sur son site officiel.

 

Mma Precious Ramotswe et son époux J.L.B. Matekoni (un garagiste calme, friand de gâteaux, de football et qui sort de dépression) vivent tranquilles dans leur maison de Zebra Drive avec deux enfants qu'ils ont adoptés à l'orphelinat de leur amie, Mma Potokwane. Il y a une fille, Motholeli, en fauteuil roulant, partie en weekend chez une amie, et un garçon, Puso, imprévisible mais qui s'assagit.

Mma Ramotswe gère l'agence n° 1 des dames détectives qu'elle a fondée il y a quelques années.

Son assistante Mma Grace Makutsi, jeune diplômée de l'Institut du Secrétariat du Botswana (et surnommée en cachette 97 sur 100), s'est trouvé un fiancé à l'Académie de danse et de mouvement où elle suit des cours. Phuti Radiphuti, fils d'un riche homme d'affaires, fermier et propriétaire d'un magasin de meubles, est un bon parti malgré un léger bégaiement.

 

Il fait beau et calme, c'est donc que tout va bien sauf qu'il y a toujours des problèmes... Il y a ceux liés à la Nature (comme la sécheresse ou le serpent dans le bureau) et ceux très courants qui pourraient être évités mais que les gens se créent eux-mêmes (comme une paire de chaussures inadaptée, un vol de nourriture, un chantage, ou la superstition encore présente). « Nous sommes des êtres humains [...] et les êtres humains ne peuvent pas faire autrement. [...] Nous ne pouvons pas nous empêcher de faire des choses qui nous attirent toutes sortes d'ennuis. » (page 10).

 

Par contre, Mma Ramotswe attire vraiment la sympathie. Elle est de « constitution traditionnelle » (c'est-à-dire bien en chair), bienveillante, observatrice, perspicace, pleine de bon sens et elle suit les principes de Clovis Andersen parus dans « Les principes de l'investigation privée » : « N'ouvrez pas la bouche, quoi qu'il arrive, mais en même temps, incitez les autres à faire exactement le contraire. » (page 19). Elle boit aussi des litres de thé rouge (*) car « La plupart des tourments pouvaient être apaisés en buvant du thé et en réfléchissant pendant ce temps. » (page 20).

 

Honnête et peu intéressée par l'argent : « - Combien est-ce que... - Inutile de parler de ça maintenant [...]. Ce n'est pas aussi excessif que vous l'imaginez. En plus, nous faisons payer les gens en fonction de leurs possibilités. Nous ne prenons pas très cher. » (page 163), « Mma Ramotswe ne résout pas de crimes. Elle s'occupe de toutes petites choses. [...] Toutefois ces toutes petites choses sont très importantes pour les gens. » (page 65). Et c'est ce dont vous vous rendrez compte à la lecture de cette série dont je vais d'ailleurs lire les autres tomes tellement elle m'a plu !

 

Les titres de la série

The No.1 ladies' detective agency – Mma Ramotswe détective

Tears of the giraffe – Les larmes de la girafe

Morality for beautiful girls – Vague à l'âme au Botswana

The Kalahari typing school for men – Les mots perdus du Kalahari

The full cupboard of life – La vie comme elle va

In the company of cheerful ladies – En charmante compagnie

Blue shoes and happiness – 1 cobra, 2 souliers et beaucoup d'ennuis

The good husband of Zebra Drive – Le bon mari de Zebra Drive

The miracle at Speedy Motors – Miracle à Speedy Motors

Tea time for the traditionally built (pas encore paru en français)

 

(*) Quelques mots sur le « thé rouge » que boit Mma Ramotswe

Je crois qu'il s'agit du rooibos, qui en fait n'est pas du thé mais l'infusion d'une plante qui pousse en Afrique du Sud et dont le nom signifie 'buisson rougeâtre' en afrikaans. Plus d'informations (en anglais) sur le site officiel du South African Rooibos Council.

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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 05:56

Zulu, de Caryl Férey est paru dans la Série Noire de Gallimard en avril 2008 (393 pages, ISBN 978-2-07-012092-5, 19,50 €).

 

Caryl Férey, né en 1967 dans le Calvados, est l'auteur de thrillers et de romans pour la jeunesse. En 2005, il a reçu le Prix SNCF du Polar et le Prix Sang d'Encre pour Utu.

 

Ali Neuman est un Zoulou qui a vu son père (Oscar) et son frère de 15 ans (Andy) tués sous ses yeux quand il était enfant. Élevé par sa mère (Josephina) devenue presque aveugle, il est chef de la police criminelle de Cape Town. Avec ses amis inspecteurs, Brian Epkeen et Dan Fletcher, il va devoir enquêter sur plusieurs affaires qui sont liées : agressions, viols, crimes, trafic de drogue, gangs d'enfants des rues ou d'immigrés du Nigeria et de Zambie, inoculations du virus du sida pour utilisation de cobayes humains.

L'Afrique du Sud, première démocratie d'Afrique, qui a été choisie pour organiser la 19ème Coupe du Monde de Football en 2010, détient le record de viols et de crimes...

 

Un très bon thriller à ne pas mettre entre toutes les mains tant il est violent et réaliste.

 

C'est la première fois que je lis un thriller se déroulant en Afrique du Sud et je me suis dit que l'auteur y a certainement vécu car ce roman est vraiment très bien documenté. Du même auteur dans un autre registre, mais dans le même style, j'ai lu Haka, un thriller en Nouvelle-Zélande avec un policier Maori.

 

[Répertorié sur Blog-O-Book.] PS juin 2009 : Grand Prix des lectrices de Elle : Prix du Policier.

 

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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 00:36

Le mari de la guenon, de John Collier est un roman anglais écrit en 1930, paru en 1991 aux éditions Julliard et republié en 2008 aux éditions Robert Laffont dans la collection Pavillons Poche dans une traduction de Odette Micheli (ISBN 978-2-221-11024-9).

 

Pensez-vous qu'un chimpanzé intelligent et qui comprenne le langage des humains existe ? C'est ce qu'imagine John Collier dans His monkey wife. L'anthropologue à qui elle appartenait l'ayant cédée à Alfred Fatigay, Émilie, une jeune chimpanzé qui avait déjà abandonné la « vie forestière » pour découvrir la civilisation, va encore évoluer. En effet, Fatigay est professeur à Boboma, un village du Congo et emmène souvent Émilie avec lui en classe. Celle-ci comprend non seulement le sens des mots mais elle commence à lire le contenu de la bibliothèque du professeur. Cependant, le jour où elle s'installe avec les élèves pour apprendre à écrire, elle est la risée de la classe : « ...ils s'étaient tous mis à hurler de joie. [...] Voyons, voyons, Émilie ! Si tu deviens aussi intelligente que cela, il faudra que je te vende pour qu'on t'exhibe dans un cirque ! » page 24) et juge bon de se consacrer à ses lectures secrètes. Elle découvre la littérature romanesque : « C'était la littérature sous ses aspects les plus variés, qui lui faisait apparaître un avenir extraordinairement riche, non pas seulement en couleurs et en sensations, mais riche en possibilités nouvelles. » (page 22) et « Le monde qui s'étalait ensuite devant elle était illuminé par Tennyson et Bernard Shaw, la poésie du XIXe et Michael Arien, et pis qu'eux tous réunis, par l'amour. » (page 23) mais aussi les lettres que s'échangent Amy – restée en Angleterre – et Fatigay et réalise que si son maître veut rentrer à Londres, c'est pour épouser cette femme qu'elle jalouse déjà. La vie à Londres ne sera pas de tout repos et Amy sera encore pire que ce qu'Émily craignait.

 

John Collier est né à Londres le 3 mai 1901. Élevé par un oncle écrivain, son rêve était de devenir poète. Il a écrit des romans, des nouvelles et des scénarios pour Hollywood. Il était d'ailleurs marié à une actrice, Shirley Palmer. Il est mort le 6 avril 1980 à Los Angeles.

 

Le mari de la guenon est un roman drôle et sensible (de Émilie et de Amy, qui est l'animal, qui est l'humain ?) et aussi une belle chronique de la vie au début du XXe siècle.

 

[Cet article est le 200ème posté].

 

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